SUZANNE GOZLAN
QUELQUES DÉCORS ORNEMENTAUX DE LA MOSAÏQUE AFRICAINE
Les nombreux pavements en mosaïque découverts depuis un siècle dans l'ancienne province romaine d'Afrique ont montré l'originalité de sa production. Des trouvailles récentes et des corpus en cours de parution permettent de l'apprécier plus finement. On connaît les influences subies, les emprunts faits particulièrement à l'Italie au cours du IIe siècle ; et l'engouement des ateliers byzacéniens pour le style fleuri hadrianéen, dont ils se sont emparé en le transformant. D'un autre côté, on commence à mesurer mieux la diffusion du répertoire africain au Bas-Empire. On peut essayer d'observer, à l'intérieur même de l'Africa, quand et où ont été essayées de nouvelles formules dans le décor ornemental, et par quels cheminements elles ont gagné l'ensemble de la province. Nous présenterons ici deux motifs de bordure et deux décors de champ, qui paraissent spécifiquement africains, dans la mesure où ils sont apparus en Afrique, s'y sont développés et n'ont apparemment pas été - ou très peu - exportés.
La ligne de fuseaux couchés
Le Musée du Bardo conseve dans ses réserves un fragment de pavement inédit montrant deux bordures adjacentes1. Il provient d'Acholla, où il a été découvert, en même temps que la plupart des mosaïques de ce site, entre 1947 et 1953. Sa localisation précise est inconnue2.
1 Nous adressons nos remerciements à Madame S. Ben Mansour qui nous a fait connaître ce document.
2 Trois pavements lacunaires semblent avoir été reconnus à proximité les uns des autres et avoir appartenu au même édifice. Deux d'entre eux ont été déposés et transportés au Musée du Bardo où ils sont conservés dans les réserves. Il s'agit de cette double bordure, et de deux panneaux appartenant à une mosaïque des Sai-
MEFRA - 102 - 1990 - 2, p. 983-1029.
