LES ENTREPRISES MINIERES EN VENÉTIE AU XVe SIÈCLE
M. Philippe Braunstein
Ancien membre de l'Ecole
Les mines, plus que toute autre activité productrice, ont leur folklore; l'espoir de fortune s'y nourrit de légendes. C'est ainsi que jusqu'à une époque récente, des prospecteurs ont tenté d'arracher aux Alpes vénitiennes les « trésors » que la tradition leur attribuait depuis le XVe siècle x. Le Vicaire général Filippo de Zorzi, dans une relation de 1594 sur les antiques mines d'argent de Schio, près de Vicence, — « les plus riches qu'on ait jamais découvertes » — , se refusait à expliquer l'abandon des travaux par l'épuisement des filons 2. Deux générations suffisent pour créer 1'« âge d'or».
La réalité est plus modeste, semble-t-il; la République de Venise n'a pas vu surgir un nouveau Schwaz sur son territoire; on le saurait. Une activité minière très ancienne, attestée pour certains sites depuis le XIIe siècle; des gisements découverts, abandonnés, repris; des échecs,
1 Cf. Rivista del Servizio Minerario nel 1913, p. 191: cinq permis ont été accordés en 1912 dans les provinces d'Udine et de Belluno, sur le site de mines abandonnées; les travaux n'ont pas abouti.
2 La relation a été intégralement publiée par Foucard, Notizie sull'industria mineraria nella Venezia sotto il dominio della Repubblica, Appendice alla Rivista del Servizio minerario nel 1913, Rome, 1915; nous en extrayons ces quelques lignes (p. 30): « Si potrebbe attribuire la causa di questa di- struttione a quello che comunemente se dice, cioè che si siano smarriti gli filoni d'argento, ma. . . son di parere diverso ». Le Vicaire général fait alors état de ses observations personnelles, et déclare notamment: « Quello che è più di ogni altro inditio che sia vera la mia opinione. . . è che sopra quelli monti si veggono grandi fumosità azzurre e ardenti, che pareno appunto candele accese. . . ». Van Gogh n'aurait pas récusé ce ciel « ardent ».
