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« Celui-là ». Politique du sujet poétique : Les Châtiments de Hugo

[article]

Année 1976 24 pp. 83-98
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Jean-Marie Gleize, Université de Provence, et Guy Rosa, Paris VIL

« CELUI-LA » Politique du sujet poétique : les « Châtiments » de Hugo

« Ne vous attendez pas à ce que ce livre soit aussi impersonnel que Napoléon le Petit ; il n'y a pas de poésie lyrique sans le moi. « Cet avertissement constitue le premier commentaire des Châtiments. Hugo l'adresse à Hetzel dans sa lettre du 21 décembre 1852 '. Premier commentaire en date, il pose aussi immédiatement la question première, celle du « moi » dans son rapport avec le type de discours dans lequel ce sujet s'implique. Il pose cette question et semble, d'emblée, lui apporter une réponse : les Châtiments sont catalogués comme « poésie lyrique », étiquette qui, même pour Hugo, désigne une poésie du moi 2.

Pourtant l'acuité de ce propos est sans doute davantage du côté de la question que du côté de la réponse. Derrière cette injonction sans appel et cette définition péremptoire, et par l'intermédiaire d'une comparaison qui juxtapose deux textes pour les distinguer, se profilent quelques incertitudes : Napoléon le Petit n'est pas plus absolument impersonnel que les Châtiments ne sont entièrement personnels, et si, poème lyrique, ils exigent la présence du moi, celui-ci n'est peut-être pas exactement, ou seulement, celui de l'auteur.

Par delà Hetzel, Hugo nous interpelle et nous invite à poser en priorité cette question au texte et à sa genèse entendue comme production idéologique d'un moi poétique.

D'une certaine manière les Châtiments apparaissent comme le type même du texte qui dit, très fort et très clair, d'où il vient, qui le prononce. Et ce sujet-auteur, sujet de renonciation et de la dénonciation, tout le monde le connaît, son nom est garant de l'efficacité du livre ; recueil « interdit », les Châtiments ne sauraient être un livre anonyme. Le nom de Victor Hugo fait publicité en ce sens que ce qu'il dit et ce qu'il écrit, est essentiellement public. Par ailleurs, comme la « massue », ou le « fouet », ou la « torche » (qui sont dans le recueil les attributs du poète-vengeur 3), il « tient » son discours et le dédie violemment. En fait celui-ci n'est possible que parce qu'il y a quelque part un « je » qui l'énonce ; ce serait cependant une erreur de croire que ce « je » est donné au départ, le texte le construit, et toute la question est bien de

1. Victor Hugo, Œuvres complètes, Club Français du Livre, tome VIII, p. 1040.

2. Hugo pose l'équation « poésie lyrique égale poésie du moi » ; la formule est simple et convenue, mais il suflît de connaître Hugo pour savoir que ce moi poétique n'a jamais désigné pour lui rien qui aille de soi. Pour la constitution progressive et difficile de ce sujet lyrique, on se reportera à l'important article de P. Albouy : Hugo ou le Je éclaté, Romantisme n° 1-2, pp. 53-64. Si Hugo a besoin d'affirmer si fort l'implication réciproque du moi et de l'écriture poétique, c'est que ce moi va faire puissamment retour après une période où il s'était volontairement effacé. Mais c'est un tout autre « moi » qui va surgir maintenant. Il s'agit précisément de mesurer quelle dimension nouvelle il acquiert de l'écriture exilée.

3. Pour ces attributs, voir par exemple les poèmes II, 6, II, 7, I, II.

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