Jean-Pierre Montreuil Université du Texas à Austin
INVENTAIRES ET CONTRAINTES CONSONANTIQUES
Introduction
Les postulats de la phonologie generative contemporaine ont subi ces dix dernières années une réinterprétation radicale des relations entre input et output. La remise en question de la nature même de l'input affecte directement la manière dont il faut concevoir les inventaires phonémiques. C'est cette nouvelle conception de ce qu'est un inventaire que cet article se propose d'explorer, à partir d'un examen (partiel) des propriétés du système consonantique français.
Considérons les 17 consonnes du français de référence x, telles qu'elles peuvent se représenter de façon traditionnelle par des traits distinctifs, dont certains sont primordiaux et d'autres redondants. Par souci de simplification, je limite ici à sept les traits considérés, qui sont abrégés dans le tableau (1) de la façon suivante : CONT(inue), COR(onale), DOR(sale), LAB(iale), LAR(yngale), NAS(ale), SON(ante) ; (pour PAL(alatale) comme articulation marquée des coronales, voir section 3). On peut considérer l'information contenue en (1), où seuls les traits non- redondants sont indiqués, comme représentant un inventaire sous-spécifié, dans la mesure où elle permet des lectures du type : /p/ est la labiale par excellence, /z/ est la fricative voisée par excellence, etc.
(1)
1. Dans les limites de cet article, je ne prendrai en considération ni les semi-consonnes, ni le coup de glotte, dont le caractère phonémique porte à controverse.
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