Liliane Tasmowski-De Ryck Université d'Antwerpen-UIA
L'IMPARFAIT AVEC ET SANS RUPTURE*
0. Si les formes temporelles sont comptées parmi les éléments qui dans un énoncé renvoient d'une manière ou de l'autre à l'instance d'énonciation, le problème du sens et celui de la référence sont à distinguer. Dans les études qui leur sont consacrées, l'accent est en train de se déplacer du premier au second aspect. Sans aucunement prétendre à l'exhaustivité, nous rappelons ici quelques approches spécifiques de l'IMP(arfait) en tenant compte de cette évolution.
1° La situation décrite à l'IMP est simultanée à un centre distinct du moi-ici-maintenant (Damourette et Pichon 191 1-1940 : t.5), plus particulièrement, simultanée à l'axe dépassé du moi-ici-maintenant (Klum 1961) ;
2° La situation décrite à l'IMP est considérée sans ses bornes de début et de fin (Sten 1952). Pour Vet (1980), l'extension de la proposition complexe à laquelle une phrase à l'IMP donne lieu, relativement à son modèle d'interprétation, n'est déterminée que pour un moment rx. Celui-ci est un moment de l'intervalle de temps I pendant lequel la situation décrite est censée se réaliser dans un monde w2, et il est antérieur à un autre moment coïncidant, lui, avec le moment s de la parole dans le monde actuel wi. La vérité de la proposition complexe n'est ainsi assertée que pour une partie de la durée de la situation décrite ;
3° L'IMP est un temps de récit par opposition au commentaire. Il marque la non-antériorité et la non-postériorité des situations décrites par rapport à un centre quelconque. Sa spécificité n'est pas temporelle : il s'agit avant tout d'une attitude de locution par laquelle les faits sont présentés en arrière-plan, contrairement à ce qui se passe avec le P(assé) S(imple) (Weinrich 1973) ;
4° L'IMP signale que la situation décrite est à considérer comme un état dans le passé (Kamp 1981). Ou encore, l'IMP a pour fonction de
*. Dans l'élaboration de ce texte, j'ai bénéficié de remarques de J.C. Anscombre, F. Nef, R. Martin, J. Stéfanini, C. Vet et M. Wilmet. Je remercie aussi particulièrement les étudiants en philologie romane de l'Université d'Anvers-UIA ayant participé aux cours sur les temps, P. Verluyten, qui a discuté de certains exemples avec moi, et D. Baetens, qui m'a aidée pour les notions logiques.
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