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Notes sur les incises en discours rapporté direct dans Céline

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Année 1994 60 pp. 26-29
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NOTE SUR LES INCISES EN DISCOURS RAPPORTÉ DIRECT DANS CÉLINE

Mario BASTIDE

1. Incises et inversion

Les grammaires ne traitent généralement de l'incise en discours direct rapporté qu'à propos de l'inversion du sujet.

Pour traiter de l'inversion dans l'incise (1), où elle s'impose, il convient de la distinguer de l'incidente, où elle n'a pas lieu, ce que toutes les grammaires ne font pas avec netteté.

La Grammaire d'aujourd'hui®, qui se présente sous la forme d'un « guide alphabétique de linguistique française », indique à l'article « incise » que la plus fréquente est du type « dit-il », « ajouta-t-il », « ricana-t-il », etc. Elle permet de rapporter un dialogue. On remarquera l'inversion du sujet. Quand l'incise est une proposition, on peut parler d'incidente. Mais il n'y as pas d'entrée « incidente ». Grevisse ne fait pas cette distinction (Bon Usage, Duculot, 1980, 256).

C'est La Grammaire Larousse du français contemporain (3), désormais G.LF.C, qui est la plus nette. Elle distingue la proposition incise « qui suspend le cours d'une phrase ou est rejetée à la fin » et qui « marque qu'on rapporte les paroles ou la pensée de quelqu'un » de la proposition incidente « qui s'intègre dans la phrase dans laquelle elle s'insère » et « souligne une considération accessoire ». Elle précise que cette seconde proposition n'est pas une incise et qu'elle « répond toujours à l'ordre S.V. ».

Des incidentes comme « semble-t-il », en face de « il me semble », si elles nuancent l'affirmation de la G.L.F.M. ne l'infirment en rien. « Semble-t-il » est une forme figée,

1. Pour cette question de l'inversion, on se reportera à l'article d'Irène Tamba-Mecz : Un fantasme terminologique : l'inversion du sujet grammatical. », paru dans L'Information grammaticale, numéro 23, d'octobre 1984. Irène Tamba constate que « l'inversion renvoie à un ordre canonique que l'on bouleverse. Parler d'inversion du sujet, c'est non seulement dire que le sujet est post-posé au verbe, mais aussi que cet ordre est anormal par rapport à l'ordre inverse régulier : sujet suivi du verbe ou sujet précédant le verbe ».

2. La Grammaire d'aujourd'hui, de M. Arrivé, F. Gadet, M. Galmiche, Flammarion 1986, signale à l'article «ordre des mots» un autre cas important d'inversion, celui qu'entraîne l'utilisation du sujet impersonnel « U », qui affecte alors le sujet dit « réel » : « un accident est arrivé » -* « il est arrivé un accident ». Il s'agit là d'une transformation qui prête à discussion.

3. Grammaire Larousse du français contemporain. J.-C Chevalier, Cl. Blanche-Benveniste, M. Arrivé, J. Peytard. Larousse, 1964.

alors que dans « il me semble » il y a une prise en compte du jugement.

2. Survol diachronique

L'inversion dans les incises est une habitude qui vient de l'ancien français :

- Donez le moi, fet la pucele • Volontiers, dit il, dameisele.

Chrestien de Troyes. Le Chevalier de la charrette (Vers 1389/ 90)

Notre exemple montre qu'elle affecte le nom comme le pronom. Elle pourrait trouver son origine dans un ordre primitif CVS, celui des énoncés du type ce fait II (cf. les exemples dans Molière - 3), où le démonstratif accentué avait une valeur phorique portant sur ce qui vient d'être dit (anaphore) ou va être dit (cataphore) (4>. L'incise n'entraînait qu'exceptionnellement l'omission du sujet : Renaît s'estut, n'ala avant :

- Passez, seignor, dit, va avant I

Renart. I, vers 3005/6

On trouve même, mais c'est loin d'être la règle générale, l'inversion du sujet quand le système énonciatif précède les paroles rapportées :

Dient plusors : - ço est li definement

Chanson de Roland. Vers 143. Dist Hersant: - Je ne me puis taire Renart. I, vers 2699

Cette inversion du sujet, plus fréquente en ancien français qu'en français moderne, (C'est pour L. Foulet « le grand fait qui domine la construction médiévale ») serait due à des influences germaniques.

On a gardé l'habitude d'inverser le sujet de la proposition incise en français moderne, qu'elle soit proprement incise ou rejetée après les paroles rapportées. Mais on ne l'inverse jamais quand la proposition les précède :

- C'est lui, dirent-ils, qui nous a trahi.

- C'est lui qui nous a trahi, dirent-ils.

- Ils dirent : - C'est lui qui nous a trahi.

4. Sur ce point voir, L. Foulet. Petite syntaxe de l'ancien français, Champion, 1963. - 486 à 488. Brunot et Bruneau. Grammaire historique de la langue française, Masson, 1933, §445 et G.F.C.M. (op. dt.) §617. Il nous reste sur ce en français moderne.

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L'Information grammaticale n° 60, janvier 1994

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