Droit naturel,

nature féminine

et égalité des sexes

Eleni Varikas

« Ce que nous nommons liberté, c'est l'irréductibilité de l'ordre culturel à l'ordre naturel. »

Sartre, Questions de méthode.

» ... There is a soul on earth, Twin- born, the same, the counterpart of thine ;

As strange, as proud, as lonely from its birth

With power as vast. Harold that soul is mine ! »

Frances Wright (1795-1852).

« Bien que l'indépendance nationale soit ternie par la servilité des individus ; bien que la liberté et l'égalité n'aient été proclamées que pour céder leur place à un essor monstrueux du commerce d'esclaves ; bien que si souvent l'Amérique libre, tout comme le Romain, ne se sente libre que pour satisfaire ses appétits et son indolence par la misère de ses semblables, ce n'est pourtant pas en vain que cette déclaration fut faite : c Tous les hommes sont nés libres et égaux » *.

Ce passage remarquablement lucide de Margaret Fuller, féministe fouriériste et républicaine, illustre la double dynamique du droit naturel à là fois comme idéal abstrait utilisé par les vainqueurs de l'histoire, et comme vision d'« en bas », perçue sur un mode utopique concret, comme apprentissage de ce qu'Ernst Bloch appelle la « marche debout » 2. En effet, nulle part ailleurs cette double dynamique n'est aussi évidente que dans l'histoire des luttes pour l'égalité des sexes et l'émancipation féminine qui, au-delà des frontières géographiques

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