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Les géographes et la société de l'information. Des effets pervers d'un champ réputé a-géographique / Geographers and information society. The pervers effects of a field reputed to be non-geographical

[article]

Année 2000 75-1 pp. 7-9
Fait partie d'un numéro thématique : Espaces ruraux et technologie de l'information
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'EOCARREFOUR VOL 75 1/2000

Henry BAKIS Université de Montpellier III

Emmanuel EVENO Université de Toulouse 2 - Le Mirail

Vingt cinq ans de géographie des télécommunications en France et dans le monde

1 - Journaliste/essayiste américaine, senior editor au magazine The Economist, auteur d'un ouvrage au titre évocateur, The Death of Distance, Harvard Business School Press, 1997. 2 - VIRILIO P., 1984, L'espace critique, Ed. Bourgeois. 3 - BRUNN S., LEINBACH T. (eds.), 1991, Collapsing Space and Time : Geographic Aspects of Communication and Information, London, Harper Collins Academic. 4 - MITCHELL W. J., 1995, City of Bits, Space, Place, and the Infobahn, The MIT Press. 5 - CHESNEAUX J., 1996, Habiter le temps, Bayard Editions. 6 -GUILLAUME M., 1996, Société commutative : l'avènement de l'homme spectral, in Territoires éclatés, le rôle des technologie de communication, Revue Quaderni, n°30, automne, p. 81-92. 7 - Cette revue internationale est la seule revue de géographie publiée en France sans interruption depuis 14 ans sous les auspices de l'UGI. Elle fut d'abord publiée grâce au soutien du Centre National d'Etudes des Télécommunications (1987-1996). Depuis, c'est une revue de l'Université Montpellier III (Groupe d'Etude Réseaux et Territoires, GEMS/ UMR ESPACE) éditée par l'Association Netcom. Pour plus d'information (notamment tous les sommaires depuis 1987), visiter le site de NETCOM: http://alor.umv- montp3.fr/netcomjabs/ 8 - En témoignent divers ouvrages collectifs (Brunn et Leinbacht, 1991, Robins, 1992, Bakis, Abler et Roche, 1993, Roche et Bakis, 1997). Parmi les travaux individuels, il faut d'abord citer ceux de Manuel Castells (1996) ou de Gabriel Dupuy sur les réseaux. En

Les géographes et la société de l'information. Des effets pervers d'un champ réputé a-géographique

L'un des discours les plus médiatisés sur les rôles ou les effets des Techniques d'Information et de Communication "est celui qui postule la disparition des distances. Dans ce registre d'inspiration, on retrouve côte à côte : la littérature de science- fiction (notamment dans la mouvance "cyber- punk" avec des auteurs comme William Gibbson) ; les essais journalistiques (Ignacio Ramonet, Frances Cainrcross1...) ; les ouvrages d'experts tels que ceux d'Albert Bressand et Catherine Distler (Le prochain monde ; La planète relationnelle) ; Nicholas Negroponte {L'homme numérique) ou Bill Gates (La route du futur) ; des essais ou travaux scientifiques tels que ceux de Paul Virilio (L'espace critique)2, Stanley Brunn et Thomas Leinbach (Collapsing Space and Time)3 ; William J. Mitchell (The City of Bits)4 ; Jean Chesneaux (Habiter le temps)5, Marc Guillaume (Société commutative)6...

Au-delà de la disparition de la "distance", ce que l'on semble pronostiquer implicitement, c'est bien aussi la disparition des Géographes en tant qu'espèce professionnelle dès lors que l'on considère le géographe comme le spécialiste de la distance. Privé de sa matière première, de son objet principal sinon exclusif, il n'aurait plus comme perspective que de scruter les modes de résistances, les inerties territoriales... de compter et de mesurer formes et organisations spatiales archaïques.... dans l'attente de l'explosion de la bombe épistémologique qui devrait le reléguer au rang de témoin d'un savoir devenu parfaitement obsolète.

De telles perspectives, au-delà de leurs dimensions dramatiques au sein d'une discipline et d'un corps professionnel, auraient sans doute dû susciter des réactions plus vigoureuses qu'elles ne l'ont été, de la part des géographes. En fait, on constate, et ceci au niveau de la communauté scientifique mondiale, une quasi absence des géographes sur les objets d'études que constituent les dynamiques socio-spatiales des TIC.

C'est regrettable. Car les quelques travaux dont on dispose contredisent dans leur grande majorité les thèses catastrophistes de l'effondrement des distances. Ils convergent au moins en un constat : la distance - ou les distances -, non seulement ne disparaissent pas mais ne sauraient disparaître. Dans une large mesure, le postulat de la fin de la géographie rejoint le discours eschatologique, il est un récit des temps post-modernes qui peut fort bien cohabiter avec une réflexion scientifique mais qui ne devrait pas s'y substituer.

Nous nous proposons ici de faire un point rapide sur la place qu'occupe aujourd'hui la géographie face à l'objet constitué par l'appellation générique de "société d'information" (appellation que nous ne chercherons pas davantage à préciser sinon en

la considérant comme l'objet le plus englobant). Nous nous intéresserons ici à deux indicateurs :

- le premier est celui du travail de fond d'un certain nombre de géographes au travers des Commissions de travail (UGI - Union géographique internationale - , CNFG - Comité national français de géographie) et des revues...

- le second est celui de la structuration de la recherche sur les relations entre "société de l'information" et "espace". Nous nous intéresserons à l'affichage des équipes de recherche et laboratoires.

Le nouveau champ d'études géographiques consacré aux TIC s'intéresse à l'un des aspects les plus dynamiques de la vie économique et sociale contemporaine. Il n'est de jour où la presse écrite ou audio-visuelle n'aborde le sujet. Les géographes français qui se sont très tôt penchés sur ce thème disposent de la revue Netcom, qui a réuni une vaste matière bibliographique depuis 1987 et de quelques numéros spéciaux de revues7.

Ce numéro de la Revue de Géographie de Lyon - aujourd'hui Géocarrefour- arrive à son heure, sur un thème, les espaces ruraux, qui n'avait jamais fait l'objet d'un tel traitement. Il prend la suite d'une démarche relativement rare : les grandes revues de géographie françaises ont consacré peu de numéros à la thématique des réseaux de communication. On peut citer la Revue Géographique de l'Est (1985, et 1995), le Bulletin de l'Association de Géographes français (1993 et 1998), les Annales de géographie (1995). C'est peu, mais cela révèle un intérêt croissant (Bakis et Dupuy 1995). Le mouvement, lancé en 1975 (L'espace géographique), 1980 (Annales de Géographie) et en 1985 (Revue Géographique de l'Est} par trois articles spécifiquement consacrés à la géographie des communications (Bakis, 1975 ; 1980 ; Verlaque, 1985), venait de loin cependant (Bakis, 1982). La recherche internationale est dynamique depuis le début des années 19908. La place manque pour citer ici les nombreux géographes des télécommunications ; beaucoup s'exprimeront lors du prochain colloque de la Commission UGI qui aura pour thème "Le Geo- cyberespace : l'espace géographique du XXIe s"9.

Le questionnement des dernières années reste valide : comment les divers courants de la recherche géographique pourraient-ils ignorer le rôle spécifique et nouveau des infrastructures de télécommunications dans l'organisation des territoires, quelles que soient les thématiques choisies : étude des systèmes de transport, géographie des espaces ruraux, urbains, industriels, touristiques... géopolitique, géogra-

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