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Une «géographie humaine préhistorique»

[note critique]

Année 1960 374 p. 411
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1. René-Louis Nougier, Géographie humaine et préhistorique, Paris, Gallimard, 1959, coll. Géographie humaine, n° 31, 231 p., XVI pi. 2. L. R. Nougier et R. Robert, Rouffignac — « Origines s Studi e Materiali pub. a cura dell' Istituto Italiano di Preistoria e Protostoria, Florence, 1959, t. I, 5 graph., 53 pi.

Que la Préhistoire doive être conçue comme une géographie de l'industrie et de l'habitat, voilà ce dont témoigne avec éclat cet ouvrage d'un de nos spécialistes les plus notables. Le plan adopté et l'équilibre des chapitres traduisent sans doute la maigreur de nos connaissances pour le Paléolithique ancien, mais aussi la prédilection de l'auteur pour le Paléolithique récent et le Néolithique de l'Europe occidentale. Le géographe ne manquera pas de regretter que la préhistoire antérieure au Wurm ne se voit attribuer guère plus d'une vingtaine de pages. La présentation des connaissances acquises en Afrique et en Asie est fort sommaire. La confrontation avec les données morphologiques, géologiques et paléontologiques ne trouve pas dès lors la place nécessaire pour que puisse être discutée avec toutes les nuances nécessaires la valeur relative de ces témoignages souvent discordants. Suivant une inclination bien naturelle, le préhistorien a tendance à accorder une confiance exagérée aux essais de paléogéographie tentés par les stratigraphes (qui, de leur côté, demandent à la succession des industries humaines une chronologie trop rigoureuse) : l'aveugle et le paralytique paraissent ignorer leurs infirmités réciproques. C'est seulement à partir du Paléolithique supérieur que le tableau prend de l'ampleur et de la précision. La vie et la répartition des grands chasseurs des grottes ornées fait l'objet d'un chapitre substantiel et des premières tentatives de cartographie. Presque en même temps M. Nougier vient d'ailleur d'en donner l'illustration en publiant la série des gravures de la grotte de Roufïignac où, à la suite de Tours brun, l'homme a griffé les parois pour représenter des hordes de mammouths2. Après la décadence du Mésolithique, vient la révolution néolithique qui ne se marque pas seulement par la découverte de l'agriculture et de l'élevage, mais aussi par l'exploitation des premières mines (pour l'extraction du silex). Ici la densité des témoignages archéologiques devient telle qu'on peut tenter les premières cartes de la densité de population. L'auteur s'attaque au problème du paysage agraire néolithique, avec de nombreux exemples empruntés surtout à la France, qui ne manqueront pas de faire méditer longuement le géographe. On peut seulement regretter que le paysage végétal contemporain soit à peine évoqué, malgré les données apportées par la palynologie, spécialement en Allemagne, données d'ailleurs en désaccord avec celles de la pédologie ; peut-être des contradictions aussi pénibles étaient-elles difficiles à introduire dans un ouvrage de vulgarisation. P. Birot.