LES NORMANDS ET LE COMMERCE DU SEL

Les liens avec Noirmoutier (1506-1547)

Claude BOUHIER

Cet article se situe dans le prolongement des travaux de Michel Mollat sur le commerce maritime normand à la fin du Moyen Age (1). En cinq pages, ex¬ trêmement denses, il y montre que, au Moyen Age et au XVIe siècle encore, les transactions commerciales portant sur le sel sont innombrables. Il lui manquait toutefois d'avoir connu et consulté des documents des zones de production saunière, d'avoir pu les rapprocher de ceux dont il disposait pour les lieux de consommation, en Normandie.

Les comptes que nous présentons ici, s'ils ont quelques inconvénients, ont des mérites certains. Avant tout ils donnent la dimension du commerce de sel en un point donné. Sur une période de quarante et un ans mais avec seulement trente et une années et demie de comptes subsistants, on dénombre en tout 6 659 mouvements de navires parmi lesquels 820 mouvements de navires normands (12,3 96) qui embarquent 19,4 % de la production exportée. Ces chiffres font du Noirmoutier du seizième siècle, siège d'amirauté, un port de l'importance de Fécamp, mais son trafic est probablement inférieur à celui de ses concurrents de la «Baie », Bouin et Bourgneuf, les seuls cités dans les documents normands (2).

Ces comptes sont presque inédits (3). Ils se présentent sous une forme en général assez soignée. Ils correspondent à la perception des droits seigneuriaux et ecclésiastiques à la sortie du sel de l'île. Le scribe noirmoutrin notait de la façon suivante (4) :

«Le 12e jour de juigri (1506) coustuma Guillaume Petel de Cancalle le nombre de neuf charges de sel au pris de 60 sols la charge. Marchant Jehan Goullart.

Toute dixme 54s. dixme partie 23s. 7d. ob. grant coustume 9s. petite coustume 7d.

Chaque notice apportait donc neuf renseignements différents, d'intérêt inégal pour notre propos. Trente-cinq noms propres seulement donnés par les notices offrent des difficultés de lecture, plus souvent des difficultés de compré¬ hension, inhérentes à ce type de document où on écrivait sous la dictée, rarement en recopiant un document écrit. Les noms étrangers sont naturelement

ETUDES NORMANDES 2-1988

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