L'olfaction :
développement de la fonction
et fonctions au cours
du développement
Benoist Schaal1
On assiste actuellement au bourgeonnement des études sur le sens olfactif chez l'homme. Pour n'évoquer que des parutions francophones récentes ou à venir, on peut mentionner divers ouvrages ou livraisons de périodiques consacrés à l'odorat dans les champs de la psychologie (Revue internationale de psychopathologie, 1996; Psychologie française, 1996; Intellectica, à paraître), de la biologie (Médecine/sciences, 1994; Société zoologique de France, 1995), de l'anthropologie (Meurgues et Aubaile-Sallenave, 1987; Boccara et Rey-Ullman, à paraître), de la géographie et de l'histoire (Pitte et Delau, à paraître), et enfin, de la pédagogie {Office pour la naissance et l'enfance, 1988)2.
Ces ouvrages soulignent que, dans toutes les cultures, y compris les plus « désodorisantes », les grands domaines de l'activité humaine font l'objet d'une permanente attention olfactive. Ils présentent l'analyse du vécu des odeurs, comme une fenêtre ouvrant sur de nombreuses facettes du fonctionnement psychobiologique individuel (physico-chimie des odeurs et processus moléculaires de la sensibilité; communication interindividuelle et régulations endocriniennes; hédonisme, émotions et personnalité; cognition, mémoire, et langage) et du fonctionnement social et culturel (sélection des aliments et transformations culinaires ; techniques du corps et cosméti-
1. Laboratoire de comportement animal, cnrs ura 1291, Station de physiologie de la reproduction, inra, 37380 Nouzilly, France.
2. En parallèle de la production écrite sur l'olfaction, les sens chimiques sont introduits dans les pratiques éducatives. Ainsi, même si l'odorat n'est pas inscrit au programme des apprentissages scolaires, il constitue une cible de plus en plus fréquente des activités d'éveil sensoriel dans les structures préscolaires (cf. Gordon-Pomarès, 1995, par exemple) et scolaires (cf. Puisais et Pierre, 1987 ; Puisais, 1995, par exemple). Ce renouveau de l'intérêt pour les sens chimiques est aussi attesté par la multiplication des jeux olfactifs (Lenoir, Nathan).
ENFANCE, n° 1/1997, p. 5 à 20
