Application du test de Goodenough à des écoliers africains de 7 à 14 ans

par C. BARDET, F. MOREIGNE et J. SÉNÉCAL

De tous temps les pédagogues ont cherché à éclairer la psychologie du développement des enfants par l'étude de leurs dessins spontanés. C'est là, en effet, un mode d'expression privilégié, parce qu'extrêmement libre. L'enfant devant une feuille de papier peut créer à sa guise, dire ce qu'il sent, aime, pense et voit sans le truchement du mot, matériau qu'il manie difficilement.

Mais nous connaissons surtout les études faites au point de vue caractériel et l'utilisation des dessins pour l'investigation de la personnalité et des problèmes affectifs (les dessins de l'arbre, de la maison, d'une famille sont les plus couramment utilisés).

Dès 1885 des psychologues ont tenté d'exploiter systématiquement des dessins d'enfants, ayant l'intuition que la nature et le contenu des dessins dépendent surtout du développement intellectuel.

Nous ne citerons que quelques études qui ont permis à F. Goodenough d'établir les bases de son test.

Lamprecht, puis Claparède entreprirent une étude des étapes du développement de l'enfant en essayant d'établir une relation entre le niveau des dessins et l'aptitude intellectuelle générale indiquée par les résultats scolaires.

Kerchensteiner étudie pendant deux ans plus de 100.000 dessins. Il tente un classement selon trois grandes catégories :

a) Les dessins purement schématiques (stade idéoplastique) — l'enfant dessine des lignes absolument incohérentes mais il leur donne un nom précis ;

b) Les dessins suivent l'apparence visuelle (stade physicoplastique) ;

c) Le stade auquel l'enfant essaie de donner les trois dimensions.

Luquet nous a laissé une étude particulièrement précieuse parce qu'unique. Pendant plus de cinq ans il a conservé les moindres dessins de sa fille. Nous avons ainsi une étude longitudinale du développement, la seule ayant été faite sur un si long laps de temps.

Rouma, enfin, dont l'étude est très sérieuse car il applique en même temps de nombreuses méthodes : dessins libres, imposés, études faites sur des enfants normaux, arriérés de milieux sociaux très différents.

Mais tous les classements faits par ces différents auteurs restent sommaires et grossiers, ils ont procédé par tâtonnements, analyses, mais aucun résultat n'est traité par la méthode statistique.