L’OTAN après la guerre froide

Une nouvelle jeunesse ? par Jean-Marie Guéhenno

insi, l’OTAN aura attendu cinquante ans pour faire la guerre. Cette première expérience marque-t-elle une rupture dans son histoire, ou est-elle seulement un épisode après tout banal pour une alliance militaire ? Stratèges et politologues ne se posent pas cette question dans les mêmes termes, ce qui n’a rien pour surprendre : depuis un demi-siècle, les premiers dissertent sur les hauts et les bas de la relation transatlantique, tandis que les seconds ne veulent voir dans les combinaisons interétatiques qu’une façade dissimulant des réalités plus essentielles. Cette fois, les uns se demandent si le «nouveau concept stratégique » , adopté par le sommet de l’Organisation en avril 1999, avant même la fin des opérations militaires au Kosovo, a été ou non définitivement consacré par celles-ci ; les autres, si l’irruption de la guerre a conféré à une alliance jusqu’alors perçue d’abord comme un instrument diplomatique la dimension d’une communauté politique. Bref, chacun reste si enfermé dans sa logique qu’il ne cherche même pas à contredire l’autre1. a D’ailleurs