Couverture fascicule

Couleur du sang et de la vendange dans l’hymnographie arménienne

[article]

doc-ctrl/global/pdfdoc-ctrl/global/pdf
doc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/resetdoc-ctrl/global/reset
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
Page 29

1. Žamanakakic ʻ Hayoc ʻ lezvi bac ʻ atrakan baṙaran (Dictionnaire explicatif de la langue arménienne contemporaine), Érévan (Académie), 4 vol., 1969-1980, t. 1, p. 338 (s. v. bosor), [ en arménien]. 2. H. Ačaṙyan, Hayeren armatakan baṙaran (Dictionnaire étymologique de l’arménien), 4 vol., Érévan (Université), 1971-1979, t. 1, p. 473 (s. v. bosor), [ en arménien].

COMMUNICATION

COULEUR DU SANG ET DE LA VENDANGE DANS L’HYMNOGRAPHIE ARMÉNIENNE, PAR M. JEAN-PIERRE MAHÉ, MEMBRE DE L’ACADÉMIE

En arménien contemporain l’adjectif bosor «rouge écarlate » n’apparaît guère dans la conversation courante. C’est un terme exclusivement poétique. «Le ciel fumait rougeoyant (bosor) de flammes » , écrit le poète lyrique Avetik ʻ Isahakyan (1875-1957) ; «Moscou se mit à ondoyer d’une houle éclatante, comme un drapeau écarlate (bosor) » , déclare le chantre de la Révolution d’Octobre, Ełiše Č ʻ arenc ʻ (1897-1937) 1. Le simple adjectif «rouge » (karmir) aurait pris, dans ce dernier exemple, une résonance administrative : combien d’usines et de collectivités en tous genres ont été décorées de «l’Ordre du Drapeau rouge » ! Bosor induit une tonalité plus flamboyante, auréolée d’une mystérieuse sacralité. Tout se passe comme si l’étymologie du vocable2, aujourd’hui oubliée de la plupart des locuteurs, conservait néanmoins dans l’inconscient collectif la mémoire de ses origines religieuses. En effet, bosor est issu de l’interprétation – d’ailleurs grammaticalement insoutenable – d’un seul passage de la version arménienne d’Isaïe (Is 63, 1-6), dont s’est délectée l’exégèse patristique. Comme l’a noté Voltaire dans son Discours sur les miracles, le premier miracle de la Bible est de faire que les mots signifient autre chose que ce qu’ils disent – du moins littéralement. Imaginons la scène d’une tragédie grecque. Un valeureux héros, sortant du champ de bataille, accourt vers la cité pour annoncer luimême sa victoire. Face à lui, un choeur d’habitants incrédules s’interroge sur cette présentation peu protocolaire, l’expression noble et farouche du vainqueur, le sang et la poussière qui souillent ses vêtements.

doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw