COMMUNICATION
UN MÉTROPOLITE ÉGYPTIEN BÂTISSEUR À LALIBÂLA (ETHIOPIE)
ENTRE 1205 ET 1210*, PAR CLAUDE LEPAGE, CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE
Le site extraordinaire de Lalibâla, en Ethiopie, est classé au patrimoine mondial de l'humanité1, mais aucune étude n'a encore ni confirmé sa date, ni percé son mystère. Cette communication voudrait apporter un premier éclairage sur la nature du site et son histoire.
Nous procéderons en quatre étapes :
1. Le repérage de dispositifs hydrauliques ;
2. La distinction d'églises et de résidences ;
3. La reconnaissance d'éléments défensifs dans cette cité a priori purement religieuse ;
4. Enfin, à partir d'un texte arabe chrétien, nous serons conduits à attribuer la réalisation d'une partie des monuments à un ecclésiastique égyptien.
Jusqu'ici le site a été considéré comme l'œuvre d'un roi épo- nyme Lalibâla2 qui régna entre 1190 et 1225 - ces deux dates restant très approximatives3.
Cette attribution du site au souverain Lalibâla repose sur une tradition, forte, et des manuscrits du récit de sa vie, son gadfi,
* Certains documents et observations publiés ici (croquis de Jean Gire et photographies de Jacques Mercier) ont été réalisés dans le cadre du projet européen « Lalibela ». Ils devaient être présentés en priorité dans le livre Les églises monolithes de Lalibela et leurs trésors. L'impression de ce livre étant bloquée pour une durée indéterminée et nous trouvant en conséquence dans l'impossibilité de renvoyer à cet ouvrage, il nous a paru nécessaire de les intégrer dans le texte de la présente communication. Je remercie très vivement Jacques Mercier de sa collaboration patiente, inspiratrice et généreuse.
1. Il a été classé par l'UNESCO : http ://whc.unesco.org/sites/fr/18.htm.
2. Jacques Mercier et moi distinguons désormais deux graphies : 1. Le site de Lalibâla avec un à bref à l'avant dernière syllabe ; 2. Le nom du souverain éponyme Lalibâla avec un a long à la même syllabe — en nous fondant sur la graphie du nom de ce roi dans les inscriptions contemporaines de ce souverain, gravées sur les meubles liturgiques de bois appelés tabot, conservés dans les églises de ce site.
3. Notre date de fin du règne 1225 est fragilement fondée sur une notice d'un manuscrit plus tardif, le Kabra Nagast.
4. Une première version de ce gadl a été publiée par J. Perruchon, Vie de Lalibâla, roi d'Ethiopie, Paris, 1892 (trad. du ms. BL Or. 718, écrit pour la femme du roi Egwalâ S'eyon)
