Marie Rafaneau-Boj

1939 – Les premiers camps français L’internement des réfugiés espagnols de la Retirada

L’internement des Espagnols qui, à la chute de la Catalogne en 1939, ont cherché refuge en France, n’a rien de fortuit. Depuis le début des années 30, le climat social qui n’a cessé de se détériorer, a conduit les gouvernements successifs à prendre des mesures de plus en plus répressives. À l’instar de l’Europe, la France connaît une situation sociopolitique tendue, caractérisée par une récession économique, une montée du chômage et de la xénophobie, et un climat insurrectionnel. Dans un contexte de veille de guerre qui connaît tour à tour des tensions internationales de plus en plus fortes et l’affirmation des totalitarismes, la France persiste dans une politique du court terme qui, vis-à-vis de la guerre civile espagnole, a conduit à la «non-intervention » . À l’aube de l’année 1938, la menace d’une guerre que l’on sait inévitable, se précise. Le 11 mars 1938, l’invasion de l’Autriche par le IIIe Reich (l’Anschluss) est entérinée, de fait, par les démocraties, et précède de quelques mois l’agonie de la République espagnole. En France, le climat social continue de se dégrader. La réaction se déchaîne. En avril, le Front populaire moribond voit le retour d’Edouard Daladier à la présidence du conseil. Le gouvernement qui s’installe va marquer un nouveau tournant dans la politique d’immigration. Renforçant les mesures coercitives déjà prises, tout un arsenal législatif répressif, destiné à contrôler, surveiller et enfermer, est mis en place. Progressivement, la terre d’asile est redevenue inaccessible.

L’exode

Mise en place d’une politique sécuritaire

La politique d’accueil des réfugiés élaborée au début de la guerre civile par le premier gouvernement Blum aura été éphémère. Quelques mois auront suffi pour qu’une vision plus pragmatique se fasse jour et que des mesures plus restrictives commencent à se mettre en place (instructions aux préfets pour 107