, . , LE DIALOGUE DE MARIVAUX AVEC SES LECTEURS

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Une des principales caractéristiques et, à mon avis, la plus originale de l'œuvre narrative de Marivaux — depuis la publication des Effets surprenants de la Sympathie jusqu'à la dernière partie de la Vie de Marianne — , c'est le singulier rapport que l'écrivain a établi avec ses lecteurs. Le récit des faits et gestes des personnages est souvent interrompu par des réflexions ou des discussions qui, maintes fois, ne sont que des digressions. Dans ces discussions l'auteur dialogue tantôt avec l'ami ou la dame à qui il prétend adresser son récit, tantôt avec ses lecteurs ou ses critiques. Les réflexions auxquelles s'abandonne Marivaux tiennent elles aussi, à mon avis, du dialogue ; leur structure même le révèle. En effet, ces réflexions sont présentées . par touches successives, permettant à l'écrivain de mieux préciser sa pensée, comme s'il avait devant lui un interlocuteur. Il suffit de citer la réflexion que fait Marianne au sujet de l'ingratitude et de la reconnaissance (Ve partie), ou bien celle que lui suggère la vue de son coffre après son enlèvement (VIe partie).

Par dialogue, je n'entends pas ce qui relève du style dialogué, ni la « méthode de recherche et d'exposition de la vérité, comme forme d'animation et de dramatisation des idées » (1), mais le véritable dialogue. Je laisserai

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