Bulletin de la SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 1994 / TOME 91 , n° 1
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FOURS DU DÉBUT DU PREMIER AGE DU FER
A MARAINVILLE-SUR-MADON « SOUS LE CHEMIN DE NAVIOT » (VOSGES)
Laurent OLIVIER
Deux fours, du début du Premier Age du Fer, ont été observés en 1986, à l'occasion de la fouille extensive du tumulus à tombe à char de Marainville-sur-Madon « Sous le Chemin de Naviot » (Vosges ; Olivier L., 1988) (1). Ces structures de combustion, qui appartiennent à un type particulier, se caractérisent par des plans allongés, atteignant 4,40 m de longueur, pour une largeur de 0,60 à 0,80 m. Les parois sont lutées et ont
(1) La fouille a été réalisée en coopération avec Walter Reinhard, Conservateur au Staat- liches Konservatoramt fur das Saarland (Saar- brucken ; République Fédérale d'Allemagne). L'équipe était composée, pour la partie française, de J.-C. Brénon, P. Buzzi, X. Rament, J.- M. Fortin, P. Gheller, A. Hérique, O. Lhote, С Machin, L. Mule, S. Poliakow et B. Triboulot, et, pour la partie allemande, d'A. Hepp, V. Heyd, F. Liedel, С Link, С. Louis, В. Neu- fang, S. Rick, A. Schuster, С. Uhl et R. Wack.
été cuites à haute température, par places jusqu'à vitrification. Le comblement est constitué de fragments de parois et de blocs de calcaire, rubéfiés en place par la chaleur. Des structures analogues, découvertes en Bade-Wurtemberg et en Suisse, confirment l'attribution chronologique générale à la fin du Bronze final — début du Premier Age du Fer et montrent que les fours de type Marainville correspondent à une forme spécifique, qui doit être individualisée des fours de « type polynésien ».
Le site de « sous le chemin de Naviot » ; Localisation, périodisation
Les structures archéologiques du Premier Age du Fer (Lambert, I Nord : ax = 884,200 ; ay = 1 085,120 ; ait. = 255 m ; site n° 88 286 002) sont implantées sur une terrasse de la rive gauche du Madon, affluent de la Moselle. L'emplacement, orienté au sud-est, est situé en contrebas d'un plateau calcaire et domine d'une quinzaine de mètres le cours de la rivière, qui s'écoule à environ 200 m à l'est. Le contexte géologique est constitué par des formations de Do- lomie moellon, caractérisées en surface par des marnes brunâtres, et reposant sur une strate de Marnes bariolées et de Grès à roseaux du Keuper moyen.
Une première phase d'occupation se rattache à un habitat de la fin de la période rubanée. Un ensemble de six maisons a été reconnu et était associé à un petit groupe de sépultures (2). Un tesson isolé, à décor pastillé clouté, pourrait appartenir à une séquence épiroessen, non encore observée sur le site.
(2) Après 1986, la fouille des structures néolithiques a été réalisée en coopération avec une équipe dirigée par V. Blouet, I.T.A. au Service Régional d'Archéologie de Lorraine (Metz). (3) Déterminations H. Richard, Laboratoire de Chrono-Écologie du Quaternaire (Besançon).
L'abandon de l'habitat est suivi d'une importante érosion, marquée par le lessivage du sol humique néolithique et le rabotage d'un substrat constitué de placages limoneux, aujourd'hui disparu. Au cours des Ages des Métaux, un paléosol (C1), d'une puissance conservée de 0,20 M, se reforme sur les niveaux dénudés. Il est scellé par la masse du tumulus à tombe à char, dont la construction est attribuable à la transition Hallstatt ancien — Hallstatt récent. L'étude palynologique du sol ancien du tertre et du paléosol (3) indique, malgré une mauvaise conservation générale des pollens, un environnement fortement rudéralisé, et dominé par des prairies utilisées pour l'élevage. Des champs de céréales devaient exister à proximité. Postérieurement à l'Age du Fer, ces niveaux protohistoriques ont été détruits, à la périphérie du monument funéraire, par l'érosion agraire.
Quelques éléments signalent une occupation discrète au cours du Bronze final. Le comblement d'un petit fossé rectiligne, au nord-ouest du tumulus (ST 214) a livré quelques tessons roulés qui pourraient appartenir à la séquence На А2-В1. Au sud-est, le remplissage d'une fosse d'inhumation de La Tène ancienne (Tombe 1) contenait une épingle en bronze, à tête tronconique soulignée de nervures transversales, attribuable au Bronze final I ou II. Ces artefacts doivent se rattacher à un habitat situé à proximité.
Les vestiges du Premier Age du Fer appartiennent à trois catégories de structures distinctes :
— Une première série est partiellement scellée par la masse du tumulus et est associée au paléosol protohistorique, là où il est conservé. Les structures appartenant à ce premier ensemble sont liées entre elles par des caractères stratigraphiques communs : en particulier, elles sont
(4) Elle est caractérisée, en particulier, par des pâtes fines noirâtres, feuilletées, et à dégraissant fin, de type végétal ou chamotte.
