LES TSA KHMU
Par le Chef de Bataillon Henri ROUX de l'Infanterie coloniale. En collaboration avec M. TRAN-VÁN-CHU Secrétaire des Résidences du Tonkin.
Les Tsa Khmu appartiennent à une des plus importantes parmi les nombreuses tribus montagnardes disséminées dans le 4e Territoire militaire (Lai- chàu) et qui font de ce pays, comme du 5e, celui de Phongsaly, son voisin de l'Ouest, une mosaïque de races. Ils se partagent, avec lesTày Noirs et les Méo» la majeure partie des terres de la région de I>iên-biên-phtL Les Méo y ont pris pour eux les grandes montagnes de l'Est et le petit massif calcaire du Chom- chic-chom-chang au Sud-Ouest. Les Tày Noirs, les plus anciens occupants du pays, sans doute, sont cantonnés dans la splendide plaine de B-iên-biên-phû, malheureusement aux trois quarts inculte. Les Khmu sont surtout groupés à' l'Ouest et au Nord-Ouest de la délégation, dans le pays appelé Mtrcrng Sen.
Khmu. est le nom qu'ils se donnent entre eux. Dans le territoire, ils sont dénommés par les Tày Tsa Mwang Sen, du nom du pays qu'ils habitent. Au- Laos, ils sont appelés Kha Khmu (Kha est la forme laotienne du tày Tsa, et ces deux mots correspondent aux expressions annamites Moi ou Ngurœi ritng, qui signifient: sauvage, homme des bois). Les Laotiens leur donnent aussi parfois le nom plus général de F и Ting « hommes d'en haut». Pour les Laotiens, le Pyu Ting est tout ce qui vit entre la plaine et la grande montagne réservée au redoutable Méo, c'est-à-dire entre 100 et 4000 mètres environ d'altitude.
Le Nord du 4e Territoire est habité par un grand nombre de races montagnardes, d'ailleurs très clairsemées et qui sont enchevêtrées — à larges mailles — les unes dans les autres. Chacune possède, en plus du kouan-houa, qui est leur truchement commun, son idiome propre. Quelques-unes, les Tsa P'o par exemple (pi. XI, в), sont représentées parfois par un seul village de quelques misérables huttes. Ces tristes débris, infiniment plus primitifs que les Moi mêmes du Sud-Annam» n'installent pas leurs villages sur une crête, ou au. flanc d'un éperon bien dégagé, à la manière des fiers Méo, mais semblent, au contraire, avoir cherché à se protéger contre une extermination, malgré tout à peu près réalisée, en dissimulant leurs minuscules habitations au fond,
