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Système pénal et marché du travail aux États-Unis

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Fait partie d'un numéro thématique : De l’État social à l’État pénal
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Bruce Western, Katherine Beckett et David Harding

SYSTÈME PÉNAL ET MARCHÉ DU TRAVAIL AUX ÉTATS-UNIS

e fait le plus frappant qui ressort de la comparaison internationale des performances économiques des années 1990 est sans doute l'opposition entre le taux de chômage, à la fois fort et persistant des pays européens, et le taux de chômage traditionnellement peu élevé des États-Unis. À cette différence s'ajoute le contraste entre deux contextes institutionnels : en Europe, les politiques sociales et les modes d'échanges industriels assurent une protection sociale étendue contre les caprices du marché.

Aux États-Unis, une politique concertée de déréglementation du marché a pratiquement éradiqué toute représentation syndicale et réduit comme peau de chagrin le déjà mince filet de protection sociale. Ces faits forment le socle idéologique sur lequel s'appuient deux nouvelles orthodoxies dans le débat sur l'emploi. Selon la première, les États-Unis offriraient le modèle de marchés libres sur lesquels le jeu pur et parfait de l'offre et de la demande produit salaires et emplois. La seconde veut que l'efficacité du marché concurrentiel génère des capacités d'emploi sans précédent depuis l'âge d'or du début des années I960.

Cet article offre une analyse critique de ces deux orthodoxies. Nous arguons que la politique pénale aux États-Unis a progressivement supplanté la politique sociale comme une des réponses du gouvernement à la pauvreté persistante et à l'inégalité croissante. Cette hypothèse est corroborée par l'augmentation croissante du taux d'incarcération aux États-Unis : on compte aujourd'hui 1,7 million d'adultes dans les prisons américaines. L'incarcération de masse masque un fort volant de chômage en soustrayant des statistiques du chômage une masse importante d'adultes en âge de travailler. Ainsi, le faible taux de chômage américain des

années 1990 est en partie un résultat et un artefact du taux élevé d'incarcération. Loin de constituer, comme on voudrait nous le faire croire, l'exemple même de la dérégulation, le marché américain est en fait modelé par une intervention étatique à la fois forte et coerci- tive, via le système pénal. Tandis que les forts taux d'incarcération contribuent à cacher l'ampleur véritable du chômage, l'allongement des peines de prison contribue, lui, à augmenter le risque pour les anciens détenus de se retrouver durablement sans emploi une fois sortis de prison. La régulation du marché du travail américain par le système pénal est ainsi génératrice d'une inefficience économique considérable.

La régulation du marché du travail américain

C'est un lieu commun que de dire que les relations industrielles et la politique sociale américaine sont faibles comparées à celles des pays européens. La faiblesse des États-Unis par rapport à l'Europe dans ce domaine est illustrée par les statistiques sur la syndicali- sation et la négociation collective. Le taux de travailleurs syndiqués est nettement plus faible aux États- Unis que dans la plupart des autres pays de l'OCDE. Le poids du syndicalisme dans le secteur privé a décru régulièrement depuis le milieu des années 1950 et le taux de syndicalisation a fortement chuté dans les années 1980 (M. Goldfield, 1987). Bien que l'influence des syndicats en Europe ait diminué dans la période récente (B. Western, 1997), la négociation collective y est cependant souvent étendue aux entreprises où les

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