ELEMENTS D'ARCHITECTURE NAVALE DANS LES LETTRES GRECQUES
Les fouilles sous-marines, de plus en plus nombreuses, nous informent chaque jour un peu mieux au sujet de l'aspect matériel de la construction navale antique, c'est-à-dire de la structure des coques, des modes d'assemblage de leurs divers éléments, de la nature des bois employés et des outils utilisés par les charpentiers. Malheureusement, l'archéologie reste à peu près muette, du moins jusqu'ici, au sujet de l'aspect de l'architecture navale, c'est-à-dire des méthodes de du navire et des instruments qui pouvaient éventuellement aider l'architecte ou le constructeur dans son travail de conception*.
La question : «pourquoi le navire est- il construit de telle ou de telle façon?» est cependant au moins aussi intéressante que la question : «comment est-il construit?», sinon plus, ce qui justifie la recherche, dans les lettres grecques, d'une réponse que les épaves n'ont pu fournir. Pareille recherche a été tentée récemment dans les lettres latines, qui nous ont légué un texte particulièrement digne d'attention, celui des vers 915-917 du Miles Gloriosus de Plaute :
ubi probus est architectus bene lineatam si semel carinam conlocavit facile est navem faceré, ...
La difficulté réside dans le double sens possible de lineare carinam, qui peut signifier soit «aligner une quille», soit «dessiner une coque». Le premier sens a été adopté par M. Hammond, qui traduit bene lineatam par «laid down along a straight line, rather than well designed»1. Le fait
* M. le Professeur Paul Faure, de l'Université de Clermont-Ferrand, a bien voulu lire le manuscrit de cet article et me faire bénéficier de ses judicieuses observations ·. qu'il me soit permis de lui exprimer ma gratitude.
1 M. Hammond, A. M. Mack et W. Moskalew, T. Macci Plauti, Miles Gloriosus, Cambridge (Mass.) - Londres, 1963, p. 916.