Anatolia Antiqua X (2002), p. 155-175.
Patrick MONSIEUR et Paul DE PAEPE
AMPHORES DE COS ET AMPHORES ITALIQUES
A PESSINONTE : CROISER LES DONNEES ARCHEOLOGIQUES ET PETROGRAPHIQUES
1. Introduction : amphores à Pessinonte
La recherche sur les amphores grecques et romaines a été entamée depuis 1999. Les premiers résultats étaient encourageants. L'identification d'une bonne partie des amphores découvertes à Pessinonte, montre qu'elles proviennent de différentes régions du bassin méditerranéen, et qu'elles sont présentes à différentes époques de l'histoire du sanctuaire et de la ville de Cybèle. Le contenu de la plupart des amphores, quelle que soit l'époque ou l'origine, était du vin. A l'heure actuelle, la plus ancienne amphore découverte à Pessinonte est représentée par un menu fragment de lèvre d'une amphore à vin de Chios, datant au moins du dernier quart du Ve siècle av. J.-C, et provenant des niveaux les plus anciens du secteur B, au Nord du théâtre-escalier. La majorité des amphores, grecques et italiques, date des époques hellénistique et républicaine. Les amphores de l'époque impériale sont rares. Leur nombre s'accroît durant l'antiquité tardive et le haut moyen-âge, du IVe au VIIe siècles. Chose remarquable : l'épigraphie amphorique à Pessinonte, estampilles, graffiti et tituli picti, est extrêmement rare pour toutes les époques. La pièce la plus remarquable est une estampille d'une amphore à vin de Thasos, au nom de Kadmos, datant du milieu du IIIe siècle av. J.-C. (Monsieur, 2001).
Déjà durant plusieurs campagnes, quelques catégories de céramique ont fait l'objet d'analyses pétrographiques et chimiques. Ainsi des poteries
phrygiennes, quelques fragments de vaisselle de table et de cuisine d'époque hellénistique, des terres cuites architecturales, et surtout toute une collection de pithoi ont été examinés (De Paepe & Vermeulen, 1999 ; Devos, De Paepe & Vermeulen, 2000). Maintenant les amphores sont l'objet d'analyses pétrographiques et chimiques. Plusieurs raisons justifient ces analyses. L'état très fragmentaire de beaucoup d'entre elles rend leur identification difficile. Les tessons de paroi sont aussi étudiés, puisqu'ils sont parfois les seuls témoins d'amphores qui ne sont pas présentes en fragments diagnostiques. De plus, les tessons de paroi doivent être repris dans le comptage des fragments d'amphores. Les analyses peuvent donc aider à détecter l'origine de certaines productions amphoriques ou du moins fournir des données pour former des groupes. Leurs résultats jouent un rôle prépondérant pour la classification (et le comptage qui doit en suivre) des amphores et contribuent ainsi à l'étude des importations de denrées, et plus particulièrement du vin, à Pessinonte.
Suivant des objectifs précis, l'échantillonnage a été réalisé sur les amphores grecques et italiques des époques hellénistique et républicaine, conservées dans le dépôt du musée de Ballihisar. Le prélèvement des échantillons, 67 au total, a eu lieu sur des fragments de lèvres, d'anses, de parois et de pieds. Le but était de vérifier la diversité d'origines supposées, de distinguer des imitations, voire d'identifier éventuellement des ateliers. Dans un premier temps, nous avons étudié 34 échantillons dont l'origine de Cos et d'Italie antique était soit
*) Universiteit Gent, Vakgroep Archéologie en Oude Geschiedenis van Europa, Blandijnberg 2, 9000 Gent (België / Belgique). **) Universiteit Gent, Vakgroep Géologie en Bodemkunde, Laboratorium voor Minéralogie, Petrologie en Micropedologie, Krijgslaan 281 , 9000 Gent (België / Belgique).