MELANGES ET DOCUMENTS
Jean-Michel VALADE*
LA LUTTE CONTRE LE PHYLLOXERA DANS LE VIGNOBLE CORRÉZIEN
Au milieu du XLXe siècle, un véritable vignoble existe bel et bien en Corrèze. Localisé dans le Bas-Pays de Brive et, au-delà, sur les pentes bien exposées de quelques autres communes limitrophes, notamment dans la région d'Argentat et de Saint-Chamant, il s'étend sur 17 000 ha environ. C'est beaucoup, d'autant que plusieurs milliers d'exploitations agricoles sont concernées (carte 1).
Originale en Limousin, la culture de la vigne prend donc ici sa pleine dimension. Non seulement elle marque les paysages ruraux par l'ordonnancement de ses parcelles - quelquefois plantées en terrasses - et par la présence d'un habitat spécifique - maisons vigneronnes, cabanes de vigne -, mais elle constitue l'un des piliers de l'activité économique du pays. Les superficies consacrées à la vigne atteignent fréquemment, en maints endroits, plus de la moitié de la surface agricole utile des propriétés, et le vin a donné naissance à de petits courants d'échanges régionaux.
* Lycée Georges-Cabanis, 19100 Brive.
1876 : l'arrivée du phylloxéra en Corrèze
Même si l'oïdium perturbe quelque peu, vers 1851-1861, la bonne marche du vignoble corrézien, l'optimisme reprend vite le dessus. Les informations selon lesquelles un puceron détruirait les vignes du Languedoc paraissent bien curieuses, mais ne réussissent pas à altérer la confiance des vignerons du Bas- Pays. Plus d'une décennie s'écoule entre l'apparition du phylloxéra dans le Gard, en 1863, et son arrivée en Corrèze.
En mai 1876, sur le finage de la commune de Meyssac, plus particulièrement à Puybetou, nom désignant un ensemble de parcelles, d'une quinzaine d'hectares environ, situé aux confins des communes de Branceilles et de Saint- Julien-Maumont, quelques ceps commencent à dépérir. Les plants concernés sont le bordelais, le pied de perdrix et le morillon. Bien sûr, l'affaire inquiète. Surveillant avec attention l'évolution des symptômes, les propriétaires
