DÉBATS ACTUELS SUR LA RÉVOLUTION EN FRANCE *

L'année du bicentenaire en France a été plus marquée par des discussions que par des clameurs d'unanimité. Et ces débats ont été complexes parce qu'ils se sont trouvés au croisement des controverses politiques ordinaires avec les discussions savantes de l'histoire. La politique et l'historiographie ont été mêlées. Il ne sera pas inutile pourtant de les exposer séparément, au nom de l'utilité pédagogique qu'offre toujours l'usage, même artificiel, de l'analyse.

En politique, les Français ont révélé des penchants opposés et profonds, héritage d'une division originelle ; c'est de façon quasi instinctive que, en fonction de la culture reçue, les uns se sont trouvés favorables au souvenir de la Révolution (ah ! la Liberté, la Bastille abattue, les Droits de l'Homme...) et les autres hostiles (ah ! la guillotine, la Terreur...).

En histoire, la dizaine d'années qui va de 1789 à 1799 a entrecroisé des phénomènes politiques, sociaux, culturels d'une rare densité et d'une rare complexité. Il n'est pas surprenant que, pour établir tel bilan avec précision, pour proposer explications et interprétations, des historiens de qualité et de bonne foi aient pu aboutir à des conclusions bien diverses. Bien entendu il s'est toujours trouvé, et en 1989 encore, des porte-parole politiques pour puiser des arguments polémiques dans les écrits des historiens les plus proches de leur camp respectif.

Avec la politique et l'histoire, la liste des rubriques n'est pourtant pas close puisque le bicentenaire lui-même a été l'objet de controverses sur son programme et son déroulement. Voyons cela successivement.