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A Mégara Hyblaea : le corps géomètre*

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Jesper Svenbro*
Affiliation:
E.P.H.E., V, esection

Extract

Le lecteur des Voyages de Gulliver se souviendra peut-être du séjour accompli par le héros dans l'île des Laputiens, ce peuple qui cultive la science de la géométrie jusque dans la découpe des viandes apportées à table. En effet, lisons-nous, Gulliver se voit servir une épaule de mouton découpée en triangle équilatéral, un morceau de bœuf découpé en rhomboïde et un pudding en forme d'un cycloïde — pour ne rien dire des façons multiples du pain. Et, avec l'attention propre à l'ethnographe, Gulliver note ensuite les instruments divers grâce auxquels cette découpe fort exacte s'effectue dans la cuisine du roi. Seulement, l'application de la géométrie ne se fait pas avec le même soin dans tous les domaines de la vie laputienne et, à la sortie de la cuisine royale, Gulliver constate, avec quelque irritation, que les maisons des Laputiens sont toutes de construction maladroite : dans les appartements, il n'y a pas un seul angle droit.

Pour qui s'est occupé quelque peu du partage des viandes chez les anciens Grecs, le récit de Jonathan Swift n'est certainement pas sans rappeler Yisomoiria — « géométrique » ou « arithmétique » — pratiquée dans la découpe sacrificielle, dès Homère jusqu'à Plutarque, dont le dernier nous a livré un précieux Propos de table à ce sujet.

Type
Les Croisements
Copyright
Copyright © Copyright © École des hautes études en sciences sociales Paris 1983

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Footnotes

*

Ces pages s'inscrivent dans une recherche sur la métaphore du corps et de la découpe dans la pensée grecque. Au cours de leur rédaction, j'ai profité des observations et des suggestions d'Emanuele Greco et d'Alain Schnapp. Qu'ils en soient ici vivement remerciés.

References

1. PLUtarque, Propos de table, II, 10, 642/-644 d (isomoiria, « répartition Égale » : 644 b).

2. Autour de 1970, Roland Martin semble avoir envisagé le plan de Mégara Hyblaea de trois façons différentes, tout en répétant que celui-ci est basé sur la rue comme principe directeur, non pas sur le lot, comme les plans hippodaméens : L Dans Problèmes de la terre, M. L Fint.EY Éd., Paris- La Haye, 1973 (volume résultant d'un colloque tenu en 1969), il parle de la« diversité » des plans Établis sur grands axes comme le plan de Mégara Hyblaea (p. 107) ; dans le même volume, Georges Vallet Écrit que les deux groupes de rues à Mégara Hyblaea « sont loin d'être parallèles entre eux puisque l'angle qu'ils forment est de 21 grades » (p. 87). 2. Dans un article de 1972, paru dans Kokalos, 18-19, 1972-1973, Martin considère « comme réglé le problème relatif à l'implantation des plans urbains dans les villes colonies sous la forme d'un réseau régulier, basé sur un système de rues parallèles et perpendiculaires » et n'hésite pas à citer l'exemple du plan de Mégara Hyblaea, comme si ses rues Étaient « parallèles et perpendiculaires », formant un système orthogonal (p. 349). 3.- Dans la deuxième Édition de L'Urbanisme dans la Grèce antique, Paris, 1974, Martin semble chercher une position « intermédiaire » au sujet de Mégara Hyblaea : « Un tracé, non pas strictement orthogonal, mais déjà systématique et organisé, s'ordonnance sur quelques grands axes […] que complètent des axes secondaires […] » (p. 311).

3. Voir R. Martin, Comptes rendus de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1977, pp. 533-534 ; Delvoye, Ch., L'Antiquité classique, 46, 1977, pp. 697699;Google Scholar Asheri, D., Athenaeum, 56, 1978, pp. 399402;Google Scholar Brunel, P., Revue de Philologie, 52, 1978, pp. 354357;Google Scholar Holloway, R. R., American Journal of Archaeology, 82, 1978, pp. 560562.Google Scholar

4. Politique, II, 5, 1267 b 22-23. Nous reviendrons à ce passage (infra, p. 957).

5. Distribuzioni di terre nell'antica Grecia, Turin, 1966.

6. « Osservazioni sulle origini dell'urbanistica Ippodamea », Rivista storica italiana, 87, 1975, pp. 11 et 10 respectivement (” incarnare sulla terra le regole formali dell'eguaglianza » et « il contingente coloniario […] si trasformava in polis carne ed ossa »).

7. Geschichte der sozialen Frage und des Sozialismus in der antiken Welt2, I, Munich, 1912, p. 527.

8. PLUtarque, Propos de table, II, 10, 6 4 2 /

9. lbid.

10. Ibid., 643 / Cf. 644 c.

11. lbid., 644 a-b.

12. Ibid., 643 c. En réalité, l'égalité « géométrique » présentée par Hagias est d'ordre diététique (cf. Aristote, éthique à Nicomaque, II, 6, 7, I 106 b 1 -5) : à celui qui a le ventre le plus grand, la plus grande quantité de nourriture. C'est probablement par ironie que Plutarque attribue cette position à Hagias, l'adversaire de l'égalité « arithmétique » défendue par Lamprias (qui a les sympathies de Plutarque).

13. Pour l'opposition entre l'égalité «arithmétique” et «géométrique», cf. F. D. Harvey, « Two kinds of equality », Classica et Mediaevalia, 26, 1965, pp. 101-146, avec les références aux auteurs anciens. Pour le géras royal, voir par exemple Od., 4, 65-66 ; pour le géras du brave, on peut lire le passage du Chant VII de \Iliade où Agamemnon invite les héros au festin après le duel entre Hector et Ajax. Un taureau est sacrifié et préparé. On mange de façon Égalitaire (v. 320). Pourtant, Ajax se voit honorer d'une part d'honneur, géras, car il a remporté une « victoire » (v. 312) et s'est donc distingué des autres. Le géras exprime — kat’ axian, comme le dirait Aristote — sa valeur particulière à ce moment. Pour géras!moira, voir Od., 11, 534.

14. Robert, L., Le Sanctuaire de Sinuri, Paris, 1945, pp. 4950.Google Scholar

15. Pour Aristote, le mélange des deux types d'égalité donne la meilleure constitution (Politique, V, 1, 1302 a 8-9).

16. Cf. M. DéTienne, « Pratiques culinaires et esprit de sacrifice», dans M. DéTienne, J.-P. Vernant et alii, La cuisine du sacrifice en pays grec, Paris, 1979, pp. 23-24.

17. Sokolowski, F., Lois sacrées des cités grecques, Paris, 1969 Google Scholar, n° 151 A (= Lscg, 151 A), avec références ; L. Gernet, « Sur le symbolisme politique : le Foyer commun » [1952], Anthropologie de la Grèce antique, Paris, 1968, p. 393 ; S. M. Sherwin-White, Ancient Cos. A Historical Study from theDorian Seulement to theImpérialPeriod(Hypomnemata, 51), Gôttingen, 1978, pp. 293-294.

18. Voir Puttkammer, F., Quo modo Graeci victimarum carnes distribuerint, thèse, Kônigsberg, 1912, pp. 4849.Google Scholar

19. Cf. par exemple Lscg, 33 B, lignes 15-16. La distinction entre les deux temps du partage — « hiérarchique »et” civique »— est bien mise en lumière par Pauline Schmitt-Pantel dans une Étude encore inédite, « La liturgie de Vhestiasis » (section consacrée à « Hestiasis et Panathénées »). Cf. supra, n. 15.

20. Lscg, 151 A, ligne 54 kephdlaion. Pour le statut de la cervelle, cf. Delcourt, M., « Tydée et Mélanippe », Studi e Materiali di Storia délie Religioni, 37, 1966, pp. 169180.Google Scholar

21. Pindare, Olympiques, 7, 35-37 ; cf. A. B. Cook, Zeus, III, Cambridge, 1940, pp. 605 ss, en particulier p. 669. C'est Héphaistos, patron des forgerons, qui casse le crâne de Zeus. Pour Athéna Makhanis, déesse des artisans à Cos, voir Lscg, 151 B, lignes 21-22, et cf. Pausanias, VIII, 36, 5. Sous le nom d'Athéna Polias, elle reçoit un sacrifice immédiatement après le sacrifice à Zeus Polieus.

22. Mouvements des animaux (= M.A.), 10, 703 a 29-30.

23. M. Vegetti, Il coltello e lo stilo, Milan, 1979, p. 32 et n. 17, etc. ; J.-L. Durand, « Bêtes grecques », dans M. DéTienne, J.-P. Vernant et alii, op. cit., pp. 148-150.

24. Platon, Politique, 287 c. On a l'impression que la division « par membres » s'oppose à la dichotomie.

25. Platon, Phèdre, 265 e.

26. Aristote, M.A., 10, 703 a 30-6 2.

27. Alcméon, fr. 24 B 4 Diels-Kranz, cité infra, n. 56. Pour Aristote, eunomiu signifie soit simplement le « bon » respect des lois en place, soit la « bonne » mise en place des lois à respecter (Politique, IV, 6, 3, 1294 a 4-7). La deuxième signification est en principe celle de leunomië solonienne (Solon, fr. 4, 32 et 36, 18-20 West ; cf. PLUtarque, Solon, 5), opposée, il est vrai, à \” isomoirië(” répartition Égale » des terres : fr. 34, 9 West) mais pas obligatoirement à \'isonomië(mot post-solonien, semble-t-il, dont notre premier témoin est Alcméon), car Solon voit dans l'égalité une garantie contre la guerre civile (isôtës slàsin ou poiei : Solon chez PLUtarque, Moralia, 484 b).

28. AlcméON, fr. 24 A 10 Diels-Kranz. Cf. pourtant Vegetti, op. cit., p. 28 et n. 12.

29. AlcméON, fr. 24 B 4 Diels-Kranz. Cf. L. Mackinney, « The Concept of Isonomia in Greek Medicine », dans Isonomia, J. MAU et E. G. Schmidt Éds, Berlin, 1964, pp. 79-88.

30. Hâma tanantia kineitai : cf. Solon, fr. 36, 22-27 West, où Solon, placé au milieu des forces opposées, refuse de privilégier les uns aux dépens des autres — afin de sauvegarder la cité entière.

31. MA., 9, 702 b 12-16.

32. HéRodote, III, 142.

33. MA., 10, 703 a 14.

34. P.A., 7, 670 a 22-26. Cf. S. BYL, « Notes sur la place du cœur et la valorisation de la lataÔTnç dans la biologie d'Aristote », Revue des Études grecques, 37, 1968, p. 470. Cf. aussi Platon, Timëe, 70 a, où la tête est l'acropole qui loge la raison.

35. Cf. L. Gernet, art. cit.

36. Hésychios, s,v. hestïas khoros. Cf. A. BÀ'ckstrôm, « Ieroskopia », Zurnal ministerstva narodnago prosvëscenija, 26, 1910, pp. 167-168 ; J. Defradas, « La divination en Grèce », dans Lu divination, A. Caquot et M. Leibovici Éds, I, Paris, 1968, p. 173 ; J.-L. Durand et F. Lissarrague, « Les entrailles de la Cité », Hephaistos, 1, 1979, p. 105.

37. Galien, Sur l'usage des parties du corps humain, W, \-2(MedicorumGraecorum Opéra, III, pp. 266-269, C. G. Kuhn Éd.).

38. Voir les références données supra, n. 36. Pour le sens sacrificiel de trâpeza, kanoùn et màkhalra, je renvoie simplement à l'Index de M. Détienne, J.-P. Vernant et alii, op. cit.

39. Voir par exemple Pallottino, M., Etruscologia1, Milan, 1955, pp. 212 Google Scholar ss et tab. xxviil

40. HéRodote, V, 49.

41. Od., 9, 291.

42. Strabon, II, I, 30, C 83. Je remercie Christian Jacob de m'avoir signalé ce passage.

43. Politique, II, 5, I, 1267 b 22-23. Pour katatémneln, cf. HéRodote, IV, 26.

44. Dans Politique, VII, 10, 4-5, 1330 b 22-33, Aristote dit que le meilleur plan est celui qui combine le système hippodaméen et le système irrégulier du passé. Cf. supra, Notes 15 et 19, et Politique, IV, 6, 1294 a 22-24.

45. Politique, VII, 10, 4, 1330 b 24.

46. HéSychios, S. V. Hippodâmou némësis. Cf. A. Burns, « Hippodamus and the Planned City », Historia, 25, 1976, pp. 417-418 : sur deux bornes, retrouvées précisément au Pirée, on lit némein et némësis pour la division en zones du territoire urbain (/. G., I2, 893 et 894). Pour l'emploi sacrificiel de némein, cf. B. Borecky, Survivaisofsome tribalideas in classicalGreek, Prague, 1965, p. 77(/. C , I2, 188), etc.

47. Anecdota Graeca, I, p. 266, L Bekker Éd.

48. Od., 6, 10. Cf. D. Asheri, art. cité (supra, n. 6), p. 9.

49. Od., 3, 66. A Pylos, il y a neuf groupes de 500 hommes qui sacrifient sous leur roi Nestor (voir scholies à Od., 3,7); dans le Catalogue des Vaisseaux, Nestor commande 90 navires, chacun de

50 hommes (Il., 2, 602). Dans les deux cas, la somme totale est de 4 500 hommes, divisés par 9 et par 90, division qui rappelle les « Neuvièmes » (enâtai) à Cos. Nestor est-il l'ancêtre des « Nestorides » mentionnés dans le règlement du sacrifice à Zeus Polieus ?

50. Od., I l , 184-186, etc.

51. Vegetti, op. cit., p. 32.

52. Denys D'Haucarnasse, VI, 86 (” D'une certaine façon, une cité ressemble au corps humain… ») ;Tite-Live, II, 32, 9-12. Voir W. NestlE,« Die Fabel des Menenius Agrippa », Klio, 21, 1926-1927, pp. 350-360 (cf. aussi Esope, fable 159, E. Chambry Éd.). Chez Vitruve, c'est aussi le corps humain et non pas celui de l'animal qui sert de référence : De architecture!, 1,2,4,111,1,1-9; IV, 1, 3-8 (cf. aussi PLUtarque, Moralia, 559 a). Pour les métaphores médicales en théorie politique, voir J. DE RomilLY, « Alcibiade et le mélange entre jeunes et vieux : politique et médecine », Wiener Studien, 10, 1976, pp. 93-105.

53. Vegetti, op. cit., p. 32.

54. Cf. Iversen, E., « The Egyptian origin of the archaic Greek canon », Mitteilungen des Deutschen Archdologischen Instituts (Kairo), 15, 1957, pp. 134147.Google Scholar

55. Polyclete, fr. 40 A 3 Diels-Kranz : « […] la santé du corps réside dans la summetriu du Chaud et du Froid, du Sec et de l'Humide […], tandis que la beauté […] réside dans la summetria des membres. » Avant Polyclète, Pythagoras de Rhégion, contemporain d'Alcméon, s'est Également intéressé à la summetria sculpturale : voir DiogÈNE LAËRCE, Viii, 47. Cf. aussi Aristote, Politique, III, 8, 4-5, 1284/7 3-10.

56. L'équivalence des deux termes apparaît clairement dans Alcméon, fr. 24 B 4 Diels-Kranz (cf. aussi la citation de Polyclète dans la note précédente) : « […] la santé dépend de Visonomia des forces, à savoir de l'Humide, du Sec, du Froid, du Chaud, de l'Amer, du Doux, etc., tandis que la monarkhia parmi ces Éléments produit la maladie […]. La santé est le mélange proportionnel (sûmmetros kràsis) des qualités. » Telle est toujours la position d'Aristote : voir Phvsique, VII, 3, 246 b 4-6.

57. Phèdre, 264 c, passage auquel Hermogène fait référence dans Péri ideàn (Rhetores Graeci, IV, p. 297, H. Rabe Éd.) : c'est surtout dans les scholies à Hermogène que s'est développée cette comparaison (voir en premier lieu les références données dans l'apparat critique de la p. 205 des Rhetores Graeci, XIV, H. Rabe Éd.). Pour le passage du Phèdre, voirC. M. J. Sicking, « Organische Komposition und Verwandtes », Mnemosyne, 16, 1963, pp. 225-242.

58. AristoxÈNE DE Tarente, éléments rythmiques, II, 4, Westphal-Saran Éd. (hôsper gàr ta sôma…). Cf. PLUtarque, De la musique, 23, 1139 c et 34, 1143

59. Schol. B à Héphaistion, Manuel, 3 (” Sur les pieds »), Scriptores Metrici Graeci, I, R. Westphal Éd., p. 130, 19-26.

60. Ibid., 1 (” Sur le vers dactylique » [ = l'hexamètrel), pp. 168-169 ; cf. Tractatus Graeci de re metrica inediti, W. J. W. Koster Éd., Paris, 1922, pp. 70-76.

61. Pour diairesisUi diérèse »)et tomë(” césure »), voir par exemple Aristide Quintiuen, Sur la musique, I, 24 (p. 47, 23, R. P. Winnington-Ingram Éd.) ; pour kôlon (” membre »), par exemple Isaac TzetzÈS, « Sur les mètres pindariques », dans Anecdota Graeca (Par.), I, p. 62, I -2, J. A. Cramer Éd.

62. Longin, Prolégomènes au Manuel d'Héphaistion, 10 (Scriptores Metrici Graeci, I, pp. 88-89, R. Westphal Éd.).

63. Poétique, 7, 1451 a 3-6 ; 23, 1459 a 17-21.

64. Cf. ce commentaire au premier paragraphe de la Poétique d'Aristote : « Appliquant à la poétique la méthode de classification du naturaliste (” suivant l'ordre naturel ”, 47 a 12), Aristote, traitant l'art poétique comme genre, y distinguera des espèces (eidè)#x0022;#x0020;(Aristote, La Poétique, R. Dupont-ROC et J. Laiiot Éds, Paris, 1980, p. 143). Pour une Étude détaillée, voir B. R. Rees, « Aristotle's Approach to Pœtry », Greece and Rome, 28, 1981, pp. 23-39.

65. Même méthode pour la classification des constitutions : Politique, IV, 3, 9-11, 1290 b 25-38. Cf. P. Accattino, « Il problema di un metodo biologico nella Politica di Aristotele », Atti délia Accademia délie Scienze di Torino. IL Classe di scienze morali, storiche e filologiche, 112, 1978, pp. 169-195.

66. En revanche, l'histoire (historia) devient un « tout » à travers la seule analogie du corps : Polybe, I, 3, 3-4 ; Diodore, XX, 1, 5.

67. Voir Ruong, L, Samerna, Stockholm, 1969, p. 86.Google Scholar

68. Servier, J., Les Portes de l'année, Paris, 1962, p. 102.Google Scholar

69. Ibid., pp. 84-85.

70. Telle est la formule de Thucydide (VII, 77, 7) qui figure en exergue chez Vallet-Villard- Auberson. La formule d'Alcée est légèrement différente : « Les cités ne sont ni les matériaux de construction — pierre ou bois — ni le savoir-faire des constructeurs, mais là où il y a des hommes qui savent se sauver la vie, il y a à la fois murs et cités »(fr. 426 L.-P. ; cf. fr. 326 L.-P., etc., etTHéoGNis, 667-682 West).

71. Voir Pausanias, IV, 27, 5-7 (fondation de Messène par Épaminondas), cité par R. Martin, L'Urbanisme de la Grèce antique2, Paris, 1974, p. 41. Cf. aussi Vitruve, De architectura, I, 4, 9.

72. Voir par exemple Von Gerkan, A., Griechische Stàdteanlagen, Berlin-Leipzig, 1924, p. 95.CrossRefGoogle Scholar

73. Op. cit., I, pp. 407-408.

74. Ibid., p. 408.

75. Ibid., p. 412.

76. Ibid., p. 406 : Pwtawue, Questions grecques, 17,295 b ; Strabon, VIII, 6, 22, C 380 ; IX, 1, 10, C394.

77. Le seul plan d'une ville à rappeler celui de Mégara Hyblaea semble être celui de Pompéi, dont le nom serait formé à partir de pompe (osque) ou de pempàs (grec), faisant référence à une agglomération de cinq villages. Je remercie Bruno d'Agostino de m'avoir fait cette observation (voir Enciclopedia dell'Arte Antica, s. v. « Pompei », p. 309).

78. PLUtarque, Sur l'Ede Delphes, 8,388 a. La khùra qui se produit lorsqu'on divise un nombre pair en deux, c'est un lieu inoccupé, un no man's land, un espace qui rappelle le méson délimité par les « lignes (géphurai) du combat » chez Homère, à savoir le champ de bataille entre deux armées (//., 4, 371, etc. ; pour le méson « stratégique », voir //., 3, 69, 90, 266, 341 ; 4, 79, 444 ; 6, 120 ; 18, 264 ; 20, 159). A ce méson vide, lieu de la lutte à mort, s'oppose le méson politique, lieu d'une lutte désarmée au cœur de la cité (pour le méson politique, voir J.-P. Vernant, Les origines de la pensée grecque ‘, Paris, 1975, p. 127, et alii). Pour le nombre cinq, cf. aussi PLUtarque, Sur la disparition des oracles, 35, 429 b-d.

79. Pour la Table pythagoricienne des oppositions, voir Aristote, Métaphysique, I, 5, 6, 986 a 24-27 (” impair/pair…, immobile/mobile…, bon/mauvais… »).

80. TimothéE DE Gaza, pp. 8, 27-29, Haupt Éd. (Hermès 3, 1869, pp. 1-30).

81. Voir M. DéTienne et J. Svenbro, « Les loups au festin ou la Cité impossible», dans M. DéTienne, J.-P. Vernant et alii, op. cit., pp. 215-237. Pour la dichotomie, cf. supra, n. 24 ; pour le refus de la dichotomie chez Aristote, voir D. M. Balme, « Aristotle, “ P. A. “ L 2-3 : Argument and Text », Proceedings of the Cambridge Philological Society, 16, 1970, pp. 12-21.

82. Cf. J.-L. Durand, « Bêtes grecques », dans M. DéTienne, J.-P. Vernant et alii, op. cit., p. 157.