DU MÔTAB DE DUSARÈS AU TRÔNE D'ASTARTE
PAR
Ernest Will
Les temples de la Syrie et de la Phénicie romaines se distinguent de leurs semblables occidentaux par une particularité fondamentale bien connue, l'existence d'un adyton, d'un saint des saints, si l'on veut. Sur ce point la recherche, après les études d'A. Alt, de P. Collart et de l'auteur de ces lignes, était arrivée à une sorte de vérité commune ; il reste toujours légitime aujourd'hui de distinguer trois types d'adyton : l'adyton- chambre, l'adyton-édicule et l'adyton-abside, les deux premiers représentant des formules anciennes et le troisième une solution spécifiquement romaine. Le plus illustre représentant de la première catégorie est le temple de Bel de Palmyre ; contrairement à ce que suggère un «Guide» récent du site1, l'adyton ne doit là rien à la qubba des nomades, mais le temple reproduit un vieux plan mésopotamien dans lequel l'adyton constitue comme une pièce annexe de la cella, séparée, surélevée et susceptible d'être fermée, ne serait-ce que par un voile ; c'est une véritable chambre annexe à laquelle le terme grec de «thalamos», retenu dans la publication du Temple, convient parfaitement2. Le deuxième type, celui de l'adyton-édicule, est toujours visible dans le petit temple de Baalbek marqué par sa plate-forme surélevée précédée d'un escalier monumental et qui porte une sorte de chapelle à colonnes et fronton ; l'idole divine se trouvait là isolée, d'une autre manière qu'à Palmyre, du reste de la cella.
Un point obscur dans ce tableau, somme toute clair, était celui du grand temple de Pétra, édifice qui remonte encore au rr siècle av. J.-C.3. Le plan de ce temple (fig. 1), un
1. J. Starcky-M. Gawlikowski, Palmyre, Maison- 1959), p. 136, et dans Seyrig- Amy -Will, Le temple de neuve, Paris 1986, p. 119. Bel, p. 164.
2. Sur le problème de l'adyton, P. Coupel, P. Vicari, 3. P. Parr, Syria 45, 1968, pp. 19-20, sur le problème Le sanctuaire de Baalshamin, I, Topographie et architec- de la chronologie et pp. 1-3 sur les recherches antérieures lure, p. 132; E. Will, Études d'archéol. Class., II (Nancy à cette étude; cf. encore n. suivante.
