A PROPOS D'UNE PLAQUETTE TROUVEE A MARI
(AO. 18 962)
PAR
MARIE-THÉRÈSE BARRELET
Pendant la campagne de fouilles qu'il fit à Mari en 1935-1936 M. André Parrot trouva, au sud du temple d'Ishtar, une petite plaquette demeurée inédite qu'il a bien voulu nous permettre d'étudier et de publier. Nous l'en remercions très vivement.
Cette plaquette porte pour la Mission le numéro M. 1027 et dans les collections du Musée du Louvre est inventoriée AO. 18 962. Elle est en coquille, de forme rectangulaire, et mesure 0 m. 031 sur 0 m. 021. Son décor incisé garde les traces très nettes d'une pâte rouge qui devait le rehausser. Les plaquettes de ce genre sont bien connues en Mésopotamie et l'on sait depuis les fouilles d'Ur qu'elles pouvaient servir à l'ornementation de harpes, de jeux. Le style libre, souple, raffiné, des motifs qui y sont gravés est très homogène. Retrouvées à Lagash, Adab, Kish, Ur, Eshnunna, Mari, et ailleurs, ces plaquettes l'ont été dans des niveaux appartenant à la première moitié du IIIe millénaire avant Jésus-Christ.
Le décor de AO. 18 962 représente (fig. 1) une femme debout de profil à droite. Elle est coiffée de deux cornes réunies par leur base et formant ainsi un croissant (1) au milieu duquel nous discernons un motif végétal com-
I1) La coiffure à « deux pointes » portée par la « prêtresse » du vase d'Uruk ne représente- t-elle vraiment pas une première étape de la tiare à cornes ? A. Moortgat (Vorderasiatische Rollsiegel, p. 87, n° 31) y pense en décrivant un cylindre de l'époque d'Uruk. On retrouve nettement les deux pointes, ou plutôt les deux cornes sur un autre cylindre d'Uruk (E. Hein- rich, Kleinfunde aus den Archaischen Tem-
pelschichten in Uruk, pi. 18 a, W 147789) ainsi que sur un relief en pierre trouvé à Tello (A. Parrot, Tello, pi. 17 c). A. Parrot met en doute' cette interprétation (Ziggurats et Tour de Babel, p. 124 et note 149). Cependant sur une jarre récemment trouvée à Mari (1951-1952) on voit un personnage qui porte bien sur la tête deux cornes représentées seules.