RÉFLEXIONS SUR LE DÉVELOPPEMENT DE L'ÉDUCATION PERMANENTE

I. — Introduction.

Notre objet n'est pas ici de présenter une étude exhaustive de la problématique de l'éducation des adultes et encore moins de l'éducation permanente (1). Les quelques réflexions que nous livrons n'ont d'autre objectif que de sensibiliser à la complexité d'une question dont l'importance est généralement reconnue, mais à laquelle on apporte trop souvent actuellement des réponses dépassées.

Nous présenterons un certain nombre d'hypothèses sur ce que pourrait être le développement de l'éducation permanente en France, à partir d'expériences et de recherches vécues au C.U. C.E.S. (Centre universitaire de coopération économique et sociale) et à l'I.N.F.A. (Institut national pour la formation des adultes).

Pour ne pas allonger cette note, nous nous contenterons d'exposer nos idées actuelles sans faire l'historique de révolution qui y a conduit. Mais, de ce fait, nous proposons une photographie instantanée, une « coupe

géologique », ce qui présente au moins deux inconvénients : d'une part, le texte perd en clarté, d'autre part, il paraît contenir des vérités définitives. Nous voudrions insister sur le caractère évolutif des idées que nous développons ici. Elles sont surtout des hypothèses, différentes de celles que nous formulions il y a seulement un an et certainement très différentes de celles que nous proposerons dans un an.

Depuis un certain temps, les problèmes éducatifs sont l'objet d'une préoccupation générale. La presse commence elle-même à évoquer le problème de l'éducation des adultes en le liant étroitement aux questions économiques. Quelques expressions, hier encore peu utilisées, sont devenues familières :

— Promotion Sociale, Promotion Culturelle, Promotion Individuelle, Collective, Promotion de la Femme, Conversions partielles ou entières, internes ou externes, Recyclage des Cadres, des Médecins, des Professeurs, etc.. Réforme du Primaire, du Secondaire, du Supérieur, Réforme des Grandes Ecoles, de la Formation Professionnelle des adultes, Création des Maisons de la Culture, d'un Statut d'Animateur Culturel, Loi sur la Formation Professionnelle.

Le changement social, dont la nécessité est de moins en moins contestée dans le monde actuel, pose l'un des plus grands problèmes des temps modernes. Le système éducatif dans son ensemble n'échappe évidemment pas à une série de questions et de mises en cause et ce n'est pas un hasard si le récent colloque de Caen a réussi à capter l'intérêt du grand public. Nous assistons actuellement, dans ce domaine, à deux faits qu'il faut distinguer avant d'en souligner la profonde interdépendance :

— L'éducation des adultes est en train de s'imposer comme une nécessité économique et sociale de premier ordre ; son importance éclate en même temps que sa spécificité. Alors que certains doivent encore combattre pour obtenir le droit des adultes à l'éducation en même temps que pour en obtenir les moyens, cette lutte nécessaire apparaît déjà comme un combat d'arrière-garde : le droit est devenu nécessité, et la nécessité a déjà fait loi.

Face à ces impératifs de plus en plus reconnus, mais qui prendront dans un proche avenir des proportions que l'on sous-estime encore, le grand danger est incontestablement de formuler des réponses qui, sur tous les plans (celui des institutions, celui des méthodes, celui des contenus...) seraient déjà en retard sur les besoins et les possibilités réelles.

— L'éducation permanente sera la conséquence directe et nécessaire du système naissant de l'éducation des adultes. Bien trop souvent, le terme « éducation permanente » est utilisé comme synonyme de celui d'édu-

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