Aperçu – Blessures chez les enfants et les jeunes canadiens : analyse reposant sur les données de l’Enquête canadienne sur la santé des enfants et des jeunes de 2019

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Chinchin Wang, M. Sc.; Stephanie Toigo, M. Sc.; Sarah Zutrauen, M. Sc.; Steven R. McFaull, M. Sc.; Wendy Thompson, M. Sc.

https://doi.org/10.24095/hpcdp.43.2.05f

Rattachement des auteurs

Agence de la santé publique du Canada, Ottawa (Ontario), Canada

Correspondance

Stephanie Toigo, Surveillance des blessures, Centre de surveillance et de recherche appliquée, Agence de la santé publique du Canada, 785, avenue Carling, Ottawa (Ontario)  K1A 0K9; courriel : stephanie.toigo@phac-aspc.gc.ca

Citation proposée

Wang C, Toigo S, Zutrauen S, McFaull SR, Thompson W. Blessures chez les enfants et les jeunes canadiens : analyse reposant sur les données de l’Enquête canadienne sur la santé des enfants et des jeunes de 2019. Promotion de la santé et prévention des maladies chroniques au Canada. 2023;43(2):105-110. https://doi.org/10.24095/hpcdp.43.2.05f

Résumé

Cet article fournit un aperçu des profils de blessures subies par les enfants et les jeunes canadiens de 1 à 17 ans. Les données autodéclarées tirées de l’Enquête canadienne sur la santé des enfants et des jeunes (ECSEJ) de 2019 ont servi à calculer les estimations du pourcentage d’enfants et de jeunes canadiens qui ont subi un traumatisme crânien ou une commotion cérébrale, une fracture ou une fêlure ou encore une coupure ou une perforation grave au cours des 12 derniers mois, en général et selon le sexe et le groupe d’âge. Les traumatismes crâniens et les commotions cérébrales (4,0 %) sont les blessures les plus fréquemment déclarées, mais les moins susceptibles d’être évaluées par un professionnel de la santé. Les blessures ont lieu le plus souvent lors de la pratique d’un sport, d’une activité physique ou d’un jeu.

Mots-clés : enfants, jeunes, blessures non intentionnelles, traumatismes crâniens, commotions cérébrales, fractures, perforations

Points saillants

  • Dans l’ensemble, les traumatismes crâniens ou les commotions cérébrales ont constitué les blessures les plus fréquemment déclarées (4,0 %) parmi les types de blessures recensées.
  • Les blessures les plus fréquentes étaient les coupures et les perforations graves chez les jeunes enfants de 1 à 4 ans, les fractures chez les 10 à 14 ans, et les traumatismes crâniens et commotions cérébrales chez les jeunes de 15 à 17 ans.
  • Les activités les plus courantes auxquelles s’adonnaient les enfants et les jeunes au moment de la blessure étaient le jeu, le sport ou l’activité physique.
  • La majorité des blessures autodéclarées ont mené à la consultation d’un professionnel de la santé.

Introduction

Les blessures chez les enfants constituent un important problème de santé publique au Canada. Les blessures non intentionnelles sont la principale cause de décès, de morbidité et d’années potentielles de vie perdues chez les enfants et les jeunes canadiensNote de bas de page 1Note de bas de page 2Note de bas de page 3Note de bas de page 4Note de bas de page 5. Au cours de l’exercice 2018-2019, on a recensé 20 626 hospitalisations pour blessure chez les jeunes jusqu’à 19 ans au Canada (à l’exclusion du Québec) et, dans 77 % des cas, ces blessures étaient non intentionnellesNote de bas de page 6. Les hospitalisations pour blessure ne tiennent compte que des blessures les plus graves, mais les blessures moins graves peuvent aussi avoir une incidence sur la qualité de vie et le développementNote de bas de page 6Note de bas de page 7.

La majorité des blessures non intentionnelles subies par les enfants et les jeunes sont évitablesNote de bas de page 2Note de bas de page 8. Pour orienter les efforts de prévention, il est nécessaire de bien comprendre les profils des blessures autodéclarées, notamment les types de blessures et les activités à l’origine de celles-ci. Cet article offre un aperçu à l’échelle nationale des blessures autodéclarées et des blessures ayant mené à la consultation d’un professionnel de la santé sur une période d’un an à l’aide des données tirées de l’Enquête canadienne sur la santé des enfants et des jeunes (ECSEJ) de 2019. L’ECSEJ de 2019 portait sur les blessures graves et moins graves subies par les enfants et les jeunes, contrairement aux données relatives aux hospitalisations ou aux visites aux services d’urgence, qui généralement ne tiennent compte que des blessures graves. Elle a permis de recueillir des données auprès d’un vaste échantillon d’enfants et de jeunes de 1 à 17 ans, englobant ainsi une tranche d’âge plus large de jeunes comparativement à d’autres enquêtes nationales comme l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC).

Méthodologie

Source des données et population à l’étude

Cette étude se fonde sur les données tirées de l’ECSEJ de 2019, une enquête transversale à participation volontaire menée par Statistique Canada. L’ECSEJ de 2019 a porté sur un échantillon national de la population canadienne de 1 à 17 ans vivant dans les dix provinces et dans les trois territoires. Les personnes vivant dans une réserve des Premières Nations ou dans tout autre établissement autochtone, celles placées dans des foyers d’accueil ou dans des établissements institutionnels ont été exclues de l’enquête. La base d’échantillonnage de l’ECSEJ repose sur les données du programme de l’Allocation canadienne pour enfants, qui englobe 98 % des Canadiens de 1 à 17 ans dans les provinces et 96 % dans les territoires. La collecte de données a eu lieu de février à août 2019. Les données utilisées dans cette étude ont été recueillies au moyen de questionnaires administrés à la personne la mieux renseignée au sujet de l’enfant ou du jeune sélectionné, généralement un parent. Au total, 92 172 personnes ont été choisies pour participer à l’ECSEJ de 2019, et le taux de réponse global a été de 52 %Note de bas de page 9. L’échantillon formé pour cette étude est composé des 39 951 enfants et jeunes pour lesquels on disposait de données sur les blessures (43 % de l’échantillon total).

Variables

Type de blessure

Dans le cadre de l’ECSEJ de 2019, on a demandé à la personne la mieux renseignée si l’enfant avait subi, au cours des 12 derniers mois, 1) un traumatisme crânien ou une commotion cérébrale, 2) une fracture ou une fêlure ou 3) une coupure ou une perforation sévère (choix de réponse : oui/non). Puisque ce sont les seules catégories utilisées dans l’enquête, cette étude présente des résultats basés uniquement sur ces trois catégories de blessures.

Blessures ayant mené à la consultation d’un professionnel de la santé

Pour chaque type de blessure déclarée, on a demandé à la personne la mieux renseignée si un professionnel de la santé avait été consulté pour la blessure en question (choix de réponse : oui/non). Dans le cas où la personne blessée avait subi de multiples blessures d’un même type, on a demandé si elle avait consulté un professionnel de la santé pour la blessure la plus grave.

Activité pratiquée lors de la blessure

Pour chaque type de blessure déclarée, on a demandé à la personne la mieux renseignée ce que faisait l’enfant au moment où il s’est blessé. Les réponses ont été classées comme suit : 1) faire du vélo, 2) sport ou activité physique autre que du vélo, 3) conducteur ou passager d’un véhicule motorisé hors route ou sur route, 4) en jouant ou 5) autre activité, par exemple tâches ménagères, travaux d’entretien extérieurs, travail rémunéré ou non rémunéré. Bien que ces activités ne s’excluent pas mutuellement, la personne la mieux renseignée ne pouvait sélectionner qu’une seule activité.

Analyse statistique

Des statistiques descriptives ont servi à calculer des pourcentages pondérés et des intervalles de confiance (IC) à 95 % pour les enfants ayant subi chaque type de blessure au cours des 12 derniers mois en général, et après stratification par groupe d’âge (1 à 4 ans, 5 à 9 ans, 10 à 14 ans, 15 à 17 ans) et selon le sexe (masculin, féminin). Les poids d’échantillonnage de l’enquête ont été fournis par Statistique Canada afin de générer des estimations représentatives à l’échelle nationale, et les intervalles de confiance à 95 % ont été estimés par la méthode bootstrap. Les analyses ont été réalisées à l’aide du logiciel SAS EG, version 9.4 (SAS Institute Inc., Cary, Caroline du Nord, États-Unis).

Résultats

Les pourcentages de blessures autodéclarées chez les enfants et les jeunes sont présentés dans le tableau 1. Parmi les types de blessures recensées chez les enfants et les jeunes, ce sont les traumatismes crâniens et les commotions cérébrales qui sont les blessures les plus fréquentes (4,0 %), suivis des fractures (3,2 %) et des coupures ou perforations graves (2,5 %). Les traumatismes crâniens sont les plus fréquents chez les jeunes de 15 à 17 ans et plus courants chez les garçons. Les fractures sont les plus fréquentes chez les 10 à 14 ans et plus courantes chez les garçons que chez les filles. Les coupures ou les perforations graves sont les blessures les plus fréquentes dans le plus jeune groupe d’âge (de 1 à 4 ans) et sont plus courantes chez les garçons.

Tableau 1. Pourcentage d’enfants et de jeunes canadiens ayant subi une blessure et pourcentage de blessures ayant mené à la consultation d’un professionnel de la santé, par type de blessure, sur une période de 12 mois, en général et après stratification selon l’âge et le sexe
Sexe Âge
(ans)
Traumatisme crânien ou
commotion cérébrale
% (IC à 95 %)
Fracture ou fêlure
% (IC à 95 %)
Coupure ou
perforation grave
% (IC à 95 %)
Pourcentage de blessures
Ensemble 1 à 17 4,0 (3,7 à 4,2) 3,2 (2,9 à 3,4) 2,5 (2,3 à 2,8)
Filles 1 à 17 3,4 (3,0 à 3,8) 2,9 (2,6 à 3,2) 1,8 (1,6 à 2,1)
1 à 4 2,6 (2,0 à 3,2) 1,2 (0,7 à 1,6)Note de bas de page C 2,3 (1,8 à 2,8)
5 à 9 2,6 (2,1 à 3,2) 2,1 (1,6 à 2,5) 1,7 (1,2 à 2,2)
10 à 14 3,7 (3,0 à 4,5) 4,7 (3,9 à 5,5) 1,6 (1,1 à 2,0)Note de bas de page C
15 à 17 5,3 (4,3 à 6,3) 3,6 (2,7 à 4,6) 1,9 (1,0 à 2,8)Note de bas de page C
Garçons 1 à 17 4,5 (4,1 à 4,9) 3,4 (3,1 à 3,8) 3,2 (2,9 à 3,5)
1 à 4 3,3 (2,7 à 4,0) 1,1 (0,7 à 1,4)Note de bas de page C 4,3 (3,5 à 5,0)
5 à 9 3,9 (3,3 à 4,6) 2,3 (1,8 à 2,9) 3,3 (2,7 à 3,9)
10 à 14 5,4 (4,5 à 6,2) 5,6 (4,8 à 6,5) 2,4 (1,9 à 3,0)
15 à 17 5,8 (4,6 à 7,0) 4,8 (3,8 à 5,9) 2,8 (1,9 à 3,7)Note de bas de page C
Pourcentage de blessures ayant conduit à une consultation médicale
Ensemble 1 à 17 76,5 (73,6 à 79,5) 93,9 (91,5 à 96,4) 80,7 (77,2 à 84,3)
Filles 1 à 17 76,0 (71,2 à 80,8) 94,1 (91,0 à 97,2) 76,5 (69,7 à 83,2)
1 à 4 70,8 (61,0 à 80,7) 98,6 (95,9 à 100,0) 84,9 (76,8 à 93,0)
5 à 9 66,0 (55,5 à 76,5) 95,5 (90,8 à 100,0) 69,7 (55,3 à 84,1)
10 à 14 74,6 (64,7 à 84,4) 92,0 (86,2 à 97,7) 65,6 (50,1 à 81,0)
15 à 17 89,9 (84,3 à 95,5) 95,4 (89,5 à 100,0) 88,4 (75,0 à 100,0)
Garçons 1 à 17 77,0 (73,2 à 80,7) 93,8 (90,2 à 97,4) 83,1 (79,2 à 87,0)
1 à 4 64,8 (55,8 à 73,8) 98,4 (95,2 à 100,0) 83,1 (76,1 à 90,2)
5 à 9 67,5 (59,5 à 75,5) 95,2 (88,1 à 100,0) 86,4 (80,4 à 92,4)
10 à 14 78,9 (71,6 à 86,1) 92,1 (86,1 à 98,1) 77,5 (68,7 à 86,3)
15 à 17 94,6 (90,6 à 98,6) 94,7 (89,6 à 99,9) 84,7 (73,7 à 95,6)

Le tableau 1 présente également le pourcentage de blessures ayant mené à la consultation d’un professionnel de la santé. Une consultation a eu lieu pour la majorité des fractures (93,9 %), comparativement à 80,7 % pour les coupures ou perforations graves et à 76,5 % pour les traumatismes crâniens ou commotions cérébrales. Le groupe le plus âgé (15 à 17 ans) affiche le pourcentage le plus élevé de traumatismes crâniens ou de commotions cérébrales ayant mené à une consultation. Pour tous les types de blessure, les pourcentages de blessures ayant mené à une consultation d’un professionnel de la santé sont similaires entre garçons et filles.

Parmi les blessures recensées, les activités les plus fréquentes auxquelles s’adonnaient les enfants et les jeunes au moment de la blessure étaient le jeu, le sport ou l’activité physique, puis les autres activités (tableau 2). Les enfants de 1 à 9 ans étaient le plus souvent en train de jouer au moment de la blessure, tandis que les jeunes de 10 à 17 ans pratiquaient plus fréquemment un sport ou une activité physique (données non présentées). Le pourcentage de blessures ayant mené à la consultation d’un professionnel de la santé diffère selon le type d’activité et le type de blessure. Dans le cas des traumatismes crâniens et des coupures ou perforations graves, c’est la conduite d’un véhicule motorisé sur route ou hors route qui a constitué l’activité la plus susceptible de mener à une consultation médicale, tandis que dans le cas d’une fracture, c’est faire du vélo ou jouer qui ont constitué les activités conduisant à une consultation médicale.

Tableau 2. Pourcentage de blessures et de blessures ayant mené à la consultation d’un professionnel de la santé, survenues lors de différents types d’activité, par type de blessure, sur une période de 12 mois
Activité Traumatisme crânien ou
commotion cérébrale
% (IC à 95 %)
Fracture ou fêlure
% (IC à 95 %)
Coupure ou
perforation grave
% (IC à 95 %)
Pourcentage des activités
Faire du vélo 2,0 (0,9 à 3,0)Note de bas de page D 3,5 (2,1 à 4,8)Note de bas de page C 7,0 (4,8 à 9,3)Note de bas de page C
Sport ou activité physique 44,8 (41,2 à 48,3) 51,9 (47,9 à 55,8) 13,2 (9,9 à 16,4)
Véhicule motorisé 2,7 (1,7 à 3,7)Note de bas de page C 2,1 (1,0 à 3,2)Note de bas de page D Note de bas de page E
Jeu 31,3 (28,2 à 34,5) 26,8 (23,3 à 30,2) 45,3 (41,1 à 49,6)
Autre 19,3 (16,4 à 22,1) 15,8 (12,8 à 18,8) 31,6 (27,7 à 35,6)
Pourcentage des activités pour lesquelles la blessure a conduit à une consultation médicale
Faire du vélo 81,5 (59,9 à 100,0) 97,3 (93,6 à 100,0) 69,2 (53,3 à 85,0)
Sport ou activité physique 83,3 (79,2 à 87,5) 93,1 (89,3 à 96,9) 77,3 (66,0 à 88,6)
Véhicule motorisé 93,2 (84,1 à 100,0) 89,4 (69,9 à 100,0) 100,0 (100,0 à 100,0)
Jeu 65,4 (59,9 à 70,8) 97,3 (95,1 à 99,6) 83,1 (78,3 à 87,9)
Autre 76,9 (70,1 à 83,6) 92,8 (86,1 à 99,4) 80,5 (74,3 à 86,6)

Analyse

Cette étude offre un aperçu de la prévalence des blessures autodéclarées et des blessures ayant mené à une consultation médicale chez les enfants et les jeunes canadiens. Parmi les blessures étudiées, celles qui sont survenues le plus souvent sont les traumatismes crâniens et les commotions cérébrales, suivies des fractures et des coupures ou perforations graves. Les blessures semblent généralement plus fréquentes chez les garçons, indépendamment du type de blessure. Le pourcentage de traumatismes crâniens ou de commotions cérébrales et de fractures augmente avec l’âge, tandis que la proportion de coupures ou de perforations graves diminue avec l’âge. Ces résultats correspondent aux profils d’hospitalisations, qui indiquent que les hommes présentent des taux plus élevés d’hospitalisation liés à un traumatisme crânien et à une fractureNote de bas de page 10, et que les traumatismes crâniens et les commotions cérébrales sont plus fréquents chez les enfants plus âgésNote de bas de page 11.

Il convient de noter que nos résultats diffèrent de ceux de l’ESCC de 2009-2010, enquête dans laquelle les entorses et les foulures, les fractures et les coupures, les perforations ou les morsures d’animaux constituaient les blessures les plus fréquentes limitant les activités et déclarées par les jeunes (12 à 19 ans)Note de bas de page 12. L’ESCC de 2009-2010 a fait état d’un moins grand nombre de commotions cérébrales, de traumatismes crâniens et de blessures à la tête, alors que notre étude établit un taux relativement élevé de traumatismes crâniens/commotions cérébrales par rapport aux autres types de blessures évaluées (fêlures ou fractures et coupures ou perforations graves). Cette situation est prévisible en raison des différences entre les types de blessures évaluées par chacune des enquêtes. Dans notre étude, le taux de traumatismes crâniens/commotions cérébrales ayant conduit à une consultation médicale était relativement faible. D’autres études ont fait état de tendances à la hausse des traumatismes crâniens/commotions cérébrales au cours des dernières années, en particulier lors de blessures liées au sport, à l’activité physique et au jeuNote de bas de page 13Note de bas de page 14Note de bas de page 15Note de bas de page 16.

Les activités les plus fréquemment déclarées au moment d’une blessure à la tête ayant mené à une consultation médicale étaient liées aux sports ou aux véhicules motorisés. De même, des résultats antérieurs ont révélé que les traumatismes crâniens se produisent le plus souvent pendant la pratique d’un sport, ce qui représente plus de 80 % des traumatismes cérébraux chez les jeunes au CanadaNote de bas de page 17. Les collisions automobiles sont également une cause fréquente d’hospitalisation pour traumatisme crânien au Canada et aux États-UnisNote de bas de page 11Note de bas de page 18Note de bas de page 19. Dans notre étude, le sport, l’activité physique et le jeu étaient les activités les plus courantes menant à des fractures. D’autres études ont également montré que les fractures sont le type le plus courant de blessure liée au sport chez les enfants et les jeunes canadiensNote de bas de page 20, et qu’elles représentent également la majorité (> 80 %) des blessures subies sur un terrain de jeuNote de bas de page 21. L’activité la plus fréquente menant à des coupures ou à des perforations graves est le jeu, probablement parce que ces types de blessure surviennent majoritairement chez les enfants de 1 à 4 ans.

La plupart des répondants avaient obtenu une consultation médicale pour leur blessure. Les fractures étaient les blessures les plus susceptibles d’exiger une consultation médicale (94 % des blessures), probablement parce qu’il faut recourir à l’imagerie médicale ou à des soins de réduction des fractures. Quant aux traumatismes crâniens/commotions cérébrales, seuls 77 % des cas avaient été examinés par un professionnel de la santé, un pourcentage plus faible s’expliquant peut-être par le fait que la victime présentait moins de symptômes physiques ou qu’elle portait un casque au moment de la blessureNote de bas de page 22. Des recherches américaines ont indiqué que seulement 25 % des blessures étaient suffisamment graves pour avoir mené à une consultation médicale, alors que les études canadiennes concordent avec nos travaux, qui indiquent que la majorité des blessures exigent une consultation médicaleNote de bas de page 23Note de bas de page 24Note de bas de page 25. L’écart observé dans l’obtention de soins médicaux pour les différents types de blessures peut être attribuable à des facteurs tels que la gravité de la blessure, la sensibilisation générale, le revenu ou le niveau d’instruction du ménage et l’accès aux soins de santéNote de bas de page 13Note de bas de page 23Note de bas de page 26Note de bas de page 27.

Points forts et limites

L’ECSEJ de 2019 est une enquête nationale qui a été menée auprès de Canadiens âgés de 1 à 17 ans vivant dans toutes les provinces et tous les territoires, et les estimations relatives aux blessures ont été pondérées de façon à ce qu’elles soient représentatives de cette population à l’échelle nationale. Cette enquête comporte toutefois plusieurs limites. La taille de l’échantillon est insuffisante pour fournir des données sociodémographiques supplémentaires (comme la province ou le territoire ou encore le statut socioéconomique) qui auraient permis de mieux comprendre les profils de blessure, étant donné que relativement peu (< 5 %) d’enfants de notre échantillon ont déclaré avoir subi une blessure. En raison de la conception de l’enquête, seuls quelques types de blessure ont été inclus, ce qui réduit la comparaison avec d’autres recherches. De plus, les données n’ont été recueillies qu’à un seul moment, ce qui empêche l’examen des blessures autodéclarées au fil du temps. En outre, comme les blessures ont été déclarées par les personnes les mieux renseignées, il est possible que ces blessures n’aient pas fait l’objet d’un diagnostic clinique. Par ailleurs, le questionnaire ne comportait aucune définition de coupure ou de perforation « grave », ce qui a probablement mené à une déclaration subjective. Les données étaient également recueillies de manière rétrospective et peuvent donc avoir été soumises à des biais de réponse et de rappel.

Conclusion

Les blessures chez les enfants et les jeunes continuent à être un sujet de préoccupation en santé publique au Canada. D’après notre étude, les blessures surviennent le plus souvent lors d’un jeu ou lors de la pratique d’un sport ou d’une activité physique, et elles sont plus fréquentes chez les garçons. Grâce à une recension des blessures moins graves, qui sont souvent absentes des bases de données administratives, nos résultats comblent une lacune en matière de surveillance des blessures au Canada. La compréhension de la variation des blessures entre groupes d’âge et en fonction des activités qui se déroulent au moment où la blessure a lieu peut aider à orienter les efforts de prévention.

Conflits d’intérêts

Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêts.

Contributions des auteurs et avis

CW, ST, SZ, SRM et WT ont conçu le projet et la méthodologie. CW et ST ont réalisé l’analyse et dirigé la rédaction du manuscrit. Tous les auteurs ont donné leur avis sur la version préliminaire et ont revu et approuvé la version définitive du manuscrit.

Le contenu de l’article et les points de vue qui y sont exprimés n’engagent que les auteurs; ils ne correspondent pas à ceux du gouvernement du Canada.

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