Une femme de 19 ans s’est présentée à notre clinique de chirurgie buccale et maxillo-faciale avec une enflure localisée de la muqueuse située du côté droit de la lèvre inférieure présente depuis plusieurs semaines. Il s’agissait d’une enflure solitaire et intermittente, indolore, mais gênante. Sa taille a augmenté après une morsure accidentelle. La patiente était par ailleurs en bonne santé et non fumeuse.
À l’examen, la lésion présentait 2 lobes translucides et bleutés. La muqueuse supérieure était intacte (figure 1). À la palpation, la lésion était remplie de liquide et non douloureuse. Nous n’avons pas décelé de lymphadénopathie. Nous avons diagnostiqué 2 mucocèles (kystes mucoïdes) adjacentes et avons procédé à une exérèse chirurgicale des lésions. L’histopathologie a révélé des mucocèles d’extravasation. La guérison s’est déroulée sans incident ni récidive.
Les mucocèles des glandes salivaires mineures sont des lésions buccales courantes, dont la prévalence est de 2,5 cas pour 1000 personnes, dues à l’obstruction d’un canal excréteur1. Environ deux tiers des mucocèles surviennent chez des personnes de moins de 30 ans1. Elles peuvent être dues à un traumatisme mécanique, comme une morsure des lèvres, parfois associée au bruxisme. Ce traumatisme peut provoquer une rétention de mucus dans le canal (kyste de rétention du mucus) ou, plus fréquemment, la formation d’un pseudo-kyste dans la sous-muqueuse (kyste d’extravasation du mucus). Divers diagnostics différentiels sont possibles : hémangiome, fibrome, abcès, lymphangiome, kyste épidermoïde et lipome.
Les mucocèles sont le plus souvent localisées sur la lèvre inférieure, mais elles peuvent également se former sur la muqueuse de la joue, le plancher de la bouche, la surface ventrale de la langue et le palais. Les mucocèles superficielles se résorbent parfois spontanément alors que les mucocèles plus profondes tendent à persister. Dans ce cas, l’exérèse du kyste et des glandes salivaires mineures adjacentes assure habituellement la guérison, limite le risque de récidive et permet une confirmation histopathologique. La cryothérapie ou l’utilisation d’un laser à CO2 peuvent également être efficaces, avec une cicatrisation minimale2. Il existe un léger risque de trouble sensoriel sur le vermillon de la lèvre. Le taux de récidive est faible, mais semble plus élevé chez les jeunes patients3.
Remerciements
Les auteurs remercient Ian Chambers, chirurgien maxillo-facial australien, pour sa relecture du manuscrit.
Footnotes
Intérêts concurrents: Aucun déclaré.
Cet article a été révisé par des pairs.
Les auteurs ont obtenu le consentement de la patiente.
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