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Lettres perdues

Communautés épistolaires, guerres et liens familiaux dans le monde maritime atlantique du xviiie siècle

Published online by Cambridge University Press:  13 November 2023

Renaud Morieux*
Affiliation:
Faculty of History, University of Cambridgerm656@cam.ac.uk

Résumé

Cet article porte sur une source exceptionnelle – près de 80 lettres jamais lues, comme en attestent les enveloppes toujours scellées, envoyées à l’équipage d’un seul bateau français capturé pendant la guerre de Sept Ans (1756-1763). Les lettres aux marins, qui aident à entretenir des relations mises en danger par la distance et l’incertitude du retour, offrent des clefs d’analyse pour comprendre la résilience des liens familiaux en temps de guerre. Contre une approche qui verrait dans ces documents une trace de l’émergence de la famille nucléaire ou de l’intimité moderne, c’est bien comme vecteur d’une histoire sociale qu’ils sont ici saisis. Ces correspondances jouent un rôle essentiel dans la circulation de l’information et la survie de l’unité familiale. Il ne s’agit pas d’envisager celles-ci en tant que marqueur d’échanges personnels, privés et intimes. Au contraire, ces lettres doivent être appréhendées comme le tissu de relations sociales multiples et complexes, à la fois familiales et de voisinage. Leur écriture comme leur lecture engagent de multiples individus, bien au-delà des simples signataire et destinataire. Il s’agit, fondamentalement, de traquer les dynamiques sociales, dans leur matérialité même, qui formalisent l’expression des émotions.

Abstract

Abstract

This article focuses on an exceptional primary source—nearly eighty letters addressed to the crew of a single French ship captured during the Seven Years’ War (1756-1763) but never read, as their still-sealed envelopes attest. Letters to sailors, which helped maintain relations endangered by distance and uncertainty over whether they would return, offer clues to the resilience of familial links in wartime. Rather than interpreting these documents as a sign of the emergence of the nuclear family and modern intimacy, they are here approached as an object of social history. This correspondence played a key role in the circulation of information and the survival of familial unity. Letters were not markers of personal, private, and intimate exchanges, but rather part of the very fabric of complex social relations structured by both family ties and neighborliness. Both their writing and their reading engaged multiple individuals well beyond their signatory and their addressee. Ultimately, the article highlights, in their very materiality, the social dynamics that formalized the expression of emotions.

Type
Sociétés maritimes et mondes de la pêche
Copyright
© Éditions de l’EHESS

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Footnotes

*

Je souhaite remercier, pour leurs relectures attentives et leurs suggestions, Alain Cabantous, Sara Caputo, David Garrioch, Antoine Lilti et Alexandra Walsham. Merci aussi à Hélène Woisson pour la première transcription des lettres et aux archivistes du National Maritime Museum de Greenwich d’avoir photographié certains documents pour moi.

References

1 Alain Cabantous, Dix mille marins face à l’Océan. Les populations maritimes de Dunkerque au Havre aux xviie et xviiie siècles, vers 1660-1794, Paris, Publisud, 1991, p. 258-264.

2 Voir id., Les citoyens du large. Les identités maritimes en France ( xviie- xixe siècles), Paris, Aubier, 1995, p. 151-160 ; Emmanuelle Charpentier et Benoît Grenier (dir.), Femmes face à l’absence, Bretagne et Québec ( xviie- xviiie siècles), Québec, Centre interuniversitaire d’études québécoises, 2015, et notamment, dans ce même ouvrage, la contribution d’Emmanuelle Charpentier, « Femmes de ‘partis en voyage sur mer’ en Bretagne au xviiie siècle », p. 47-60.

3 Olwen Hufton, « Women without Men: Widows and Spinsters in Britain and France in the Eighteenth Century », Journal of Family History, 9-4, 1984, p. 355-376 ; Heather Dalton (dir.), Keeping Family in an Age of Long Distance Trade, Imperial Expansion, and Exile, 1550-1850, Amsterdam, Amsterdam University Press, 2020 ; Julie Hardwick, Sarah M. S. Pearsall et Karin Wulf, « Introduction: Centering Families in Atlantic Histories », William and Mary Quarterly, 70-2, 2013, p. 205-224 ; Manon van der Heijden, Ariadne Schmidt et Richard Wall, « Broken Families: Economic Resources and Social Networks of Women Who Head Families », The History of the Family, 12-4, 2007, p. 223-232.

4 Carol Acton, « Writing and Waiting: The First World War Correspondence between Vera Brittain and Roland Leighton », Gender & History, 11-1, 1999, p. 54-83 ; Michael Roper, « Slipping out of View: Subjectivity and Emotion in Gender History », History Workshop Journal, 59, 2005, p. 57-72.

5 André Magnan (éd.), Expériences limites de l’épistolaire. Lettres d’exil, d’enfermement, de folie, Paris, Honoré Champion, 1993.

6 Voir par exemple Michael Roper, The Secret Battle: Emotional Survival in the Great War, Manchester, Manchester University Press, 2010 ; Clémentine Vidal-Naquet, Couples dans la Grande Guerre. Le tragique et l’ordinaire du lien conjugal, Paris, Les Belles Lettres, 2014. Pour une présentation récente de cette historiographie, voir Anne Verjus, Caroline Muller et Thomas Dodman, « Dear Reader », French Historical Studies, 44-2, 2021, p. 177-189.

7 Susan E. Whyman, The Pen and the People: English Letter Writers, 1660-1800, Oxford, Oxford University Press, 2004, p. 104.

8 Sarah M. S. Pearsall, Atlantic Families: Lives and Letters in the Later Eighteenth Century, Oxford, Oxford University Press, 2008 ; Emma Rothschild, The Inner Life of Empires: An Eighteenth-Century History, Princeton, Princeton University Press, 2011.

9 Kew, The National Archives (ci-après TNA), ADM 97/131, « Lettres aux prisonniers de guerre principalement adressées à l’équipage de la Galatée à Rochefort et redirigées vers l’Angleterre (1757-1758) ». Le carton fait partie des 259 cartons contenant les correspondances reçues par le bureau des prisonniers de guerre (Office of the Commissioners of Sick and Wounded Seamen). Les lettres ne sont ni numérotées ni foliotées.

10 Roger Chartier et Jean Hébrard, « Entre public et privé : la correspondance, une écriture ordinaire », in R. Chartier (dir.), La correspondance. Les usages de la lettre au xixe siècle, Fayard, 1991, p. 451-458, ici p. 451.

11 Sur le travail de plis des lettres, voir James Daybell, The Material Letter in Early Modern England: Manuscript Letters and the Culture and Practices of Letter-Writing, 1512-1635, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2012, p. 6 et 98.

12 Voir Alexandra Walsham, « The Social History of the Archive: Record-Keeping in Early Modern Europe », Past & Present, 230, supplément 11, 2016, p. 9-48, ici p. 13.

13 Rebekah Ahrendt et David van der Linden, « The Postmasters’ Piggy Bank: Experiencing the Accidental Archive », French Historical Studies, 40-2, 2017, p. 189-213. Voir, sur le site des National Archives de Kew, https://discovery.nationalarchives.gov.uk/details/r/C8630.

14 Philippe Cadieux, « La correspondance transatlantique des Prize Papers (1744-1763) : familles, commerce et communications en temps de guerre », mémoire de maîtrise, université de Montréal, 2015, p. 26 et 40. La référence nous a été communiquée par Donald Fyson.

15 Les premiers résultats de cette recherche ont vu la publication, par des historiens et archivistes hollandais, d’environ 17 000 interrogatoires des équipages des bateaux capturés. Voir Prize Papers Online, http://prize-papers-atlas-online.brillonline.com, publiés par l’éditeur hollandais Brill. Sur l’étude des migrations à partir des Prize Papers de bateaux hollandais, voir la base de données constituée par l’équipe de Jelle van Lottum, https://www.huygens.knaw.nl/en/projecten/dutch-prize-papers-2/. Par ailleurs, depuis 2018, un projet hébergé par l’université de Oldenbourg, en Allemagne, en collaboration avec les National Archives, qui devrait s’étaler sur au moins deux décennies, a commencé à numériser les papiers de prise : https://www.prizepapers.de/the-project/the-prize-papers-collection. Voir aussi la remarquable édition critique des correspondances, principalement commerciales, entre des familles de marchands irlandais à Bordeaux et Dublin, saisies à bord d’un bateau irlandais en 1757 : L. M. Cullen, John Shovlin et Thomas M. Truxes (éd.), The Bordeaux-Dublin Letters, 1757: Correspondance of an Irish Community Abroad, Oxford/Londres, Oxford University Press/The British Academy, 2014. Pour une présentation récente de cette source, voir Margaret R. Hunt, How to Research Scandinavian Ships and Seamen in the Prize Papers of the British National Archives, Uppsala, Uppsala University, 2023.

16 Les biographies de bateaux sont devenues un sous-genre de l’histoire maritime dans les deux dernières décennies, en particulier dans la bibliographie de langue anglaise. Voir par exemple Greg Dening, Mr Bligh’s Bad Language: Passion, Power and Theater on the Bounty, Cambridge, Cambridge University Press, 1992 ; Marcus Rediker, Les révoltés de l’Amistad. Une odyssée atlantique, 1839-1842, trad. par A. Blanchard, Paris, Éd. du Seuil, 2015.

17 Pour une perspective proche de celle adoptée dans cet article, voir Margaret R. Hunt, « An English East India Company Ship’s Crew in a Connected Seventeenth-Century World », Itinerario, 46-3, 2022, p. 333-344.

18 J. Daybell, The Material Letter…, op. cit., p. 12. Voir aussi Rebecca Earle, « Introduction: Letters, Writers and the Historian », in R. Earle (dir.), Epistolary Selves: Letters and Letter-Writers, 1600-1945, Londres, Routledge, 1999, p. 1-12, ici p. 3-4 ; Cécile Dauphin, Pierrette Lebrun-Pézerat et Danièle Poublan, Ces bonnes lettres. Une correspondance familiale au xixe siècle, Paris, Albin Michel, 1995. Les lettres d’émigrants ibériques en Amérique à leurs familles, confisquées et utilisées comme pièces à conviction par le tribunal du Saint-Office, montrent que la distinction entre sphère « privée » et sphère « publique » est trop schématique pour analyser ce type de sources. Voir par exemple Enrique Otte, Cartas privadas de emigrantes a Indias, 1540-1616, Séville/Cadix, Consejería de Cultura/Junta de Andalucía/Escuela de estudios hispanoamericanos, 1988. Cette référence nous a été donnée par Natalia Muchnik.

19 Susan M. Fitzmaurice, The Familiar Letter in Early Modern English: A Pragmatic Approach, Amsterdam, John Benjamin Publishing Company, 2002, p. 234.

20 Voir la préface de Roger Chartier dans C. Dauphin, P. Lebrun-Pézerat et D. Poublan, Ces bonnes lettres, op. cit., p. 11-15, ici p. 11.

21 Daniel A. Baugh, « The Atlantic of the Rival Navies, 1714-1783 », in N. L. Rhoden (dir.), English Atlantic Revisited: Essays Honouring Ian K. Steele, Montréal, McGill-Queen’s University Press, 2007, p. 206-232, ici p. 208.

22 John Entick, The General History of the Late War, Containing Its Rise, Progress, and Event, in Europe, Asia, Africa, and America, vol. 3, London, printed for Edward Dilly and John Millan, 1763, p. 63.

23 John-Francis Bosher, Négociants et navires du commerce avec le Canada de 1660 à 1760. Dictionnaire biographique, Ottawa, Environnement Canada, 1992, p. 158.

24 TNA, HCA 32/196, Déposition devant notaire et interrogatoire de Jacques Dubois, capitaine de la Galatée, Plymouth, 20 avr. 1758, fol. 4r-4v.

25 Paris, Archives nationales, fonds Marine (ci-après AN, Mar.), C6 269, Rôle d’équipage de la « Galathée » (1758) : entre janvier et mars 1758, 59 marins sont débarqués à l’Île d’Aix, Rochefort et Blaye ; entre janvier et avril, 76 marins sont embarqués à Brest, Rochefort, Bordeaux et Blaye.

26 TNA, HCA 32/196, Déposition devant notaire et interrogatoire de Jacques Dubois, capitaine de la Galatée, Plymouth, 20 avr. 1758, fol. 3r-3v.

27 TNA, HCA 32/196, pièce no 2, François Peyrenc de Moras à Jacques Dubois, Paris, 7 mars 1758. Sur la détérioration rapide des vaisseaux de guerre, voir James Pritchard, Louis XV’s Navy, 1748-1762: A Study of Organization and Administration, Montréal, McGill-Queen’s University Press, 2009, p. 126-127.

28 J. Entick, The General History of the Late War…, op. cit., vol. 3, p. 61.

29 TNA, HCA 32/196, pièce no 3, François Peyrenc de Moras à Jacques Dubois, Versailles, 25 mars 1758.

30 Greenwich, National Maritime Museum (ci-après NMM), ADM/L/E/140, Journal de bord du second lieutenant de l’Essex, James Cranston, 8 avr. 1758, n. fol. ; Aix-en-Provence, Archives nationales d’outre-mer, COL D2C 2, « Lettre donnant un congé absolu à Dominique Schlin, de Turin », fol. 130r-130v.

31 NMM, ADM/L/E/140, Journal de bord du premier lieutenant de l’Essex, James Allan, 18 avr. 1758, n. fol. Pour l’instant, il ne m’a pas été possible de retrouver leur trace, ce qui supposerait d’éplucher les centaines de cartons des dépôts de prisonniers de guerre en Grande-Bretagne pour cette période. Sur ce sujet, voir A. Cabantous, Dix mille marins…, op. cit., p. 190-206 ; Renaud Morieux, The Society of Prisoners: Anglo-French Wars and Incarceration in the Eighteenth Century, Oxford, Oxford University Press, 2019.

32 D’après les calculs de Timothy J. A. Le Goff, « L’impact des prises effectuées par les Anglais sur la capacité en hommes de la marine française au xviiie siècle », in M. Acerra, J. Merino et J. Meyer (dir.), Les marines de guerre européennes, xviie- xviiie siècles, Paris, Presses de l’université de Paris-Sorbonne, 1985, p. 103-122.

33 A. Cabantous, Dix mille marins…, op. cit., p. 198-200.

34 D’après la base de données « Normandie-Esclavage » (https://www.normandie-esclavage.fr), qui porte sur 6 676 hommes d’équipage entre 1749 et 1793.

35 TNA, HCA 32/196, Déposition devant notaire et interrogatoire de Jacques Dubois, capitaine de la Galatée, Plymouth, 20 avr. 1758, fol. 7r-7v.

36 NMM, ADM/B/160, Board of Admiralty à John Clevland, Navy Office, 15 sept. 1758, n. fol.

37 « For sale by the candle », Public Advertiser, 18 sept. 1758.

38 Voir Renaud Morieux, Une mer pour deux royaumes. La Manche, frontière franco-anglaise ( xviie- xviiie siècles), Rennes, PUR, 2008, p. 276-287.

39 AN, Mar., C6 269, Rôle d’équipage de la « Galathée » (1758), fol. 79v.

40 Son père à Monsieur de Knosa de Rochereul, officier, Guérande, 26 mars 1758.

41 Voir l’article en deux parties de Jean-Claude Farcy, « ‘je désire quitté la france pour quitté les prisons.’ Les requêtes de prisonniers pour obtenir leur exil (années 1870) », Champ pénal, 2, 2005, https://doi.org/10.4000/champpenal.418 et https://doi.org/10.4000/champpenal.424.

42 Le système de la parole d’honneur accordait aux officiers le droit de résider dans certaines localités contre le serment de ne pas s’évader. Voir Renaud Morieux, « French Prisoners of War, Conflicts of Honour, and Social Inversions in England, 1744-1783 », The Historical Journal, 56-1, 2013, p. 55-88.

43 Sur cette prison, voir id., « Le dilemme de la sentinelle. Droit de la guerre et droits des prisonniers de guerre en Grande-Bretagne au xviiie siècle », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 64-2, 2017, p. 39-68.

44 TNA, ADM 97/122, pièce no 27, Cranbrook, 10 sept. 1756.

45 Guillaume le Bourgeois à son fils Jean le Bourgeois, Arromanches, 21 janv. 1758. Dans la mesure où les lettres adressées à l’équipage de la Galatée et regroupées dans TNA, ADM 97/131 ne sont ni numérotées ni classées, cet article ne les référence pas toujours en note infrapaginale par la suite, sauf quand des informations supplémentaires sont ajoutées par rapport au texte.

46 Jean Garnier, officier marinier, écrit à son épouse le 13 février ; celle-ci reçoit cette lettre le 16 février, et s’empresse de lui répondre deux jours plus tard : « quenette » [Quenette Cherost] à son mari Jean Garnier, Saint-Vincent (faubourg de Saint-Malo), 18 févr. 1758.

47 C. Dauphin, P. Lebrun-Pézerat et D. Poublan, Ces bonnes lettres, op. cit., p. 104.

48 Son épouse à Jean Varin, [Le Havre], 28 janv. 1758.

49 Dans la boîte d’archives, 19 d’entre eux sont les destinataires de plusieurs lettres. Le premier lieutenant Louis Joseph Chambrelan reçoit par exemple 6 lettres, et le matelot Nicolas Clément Quesnel 5.

50 AN, Mar., C6 269 ; TNA, HCA 32/196.

51 Ce nombre est supérieur au nombre de lettres, car quelques courriers ont plusieurs signataires.

52 Son oncle curé au pilotin Jean Baptiste Côte, 6 mars 1758 ; abbé Gigot à son frère, officier, Paris, 13 avr. 1758 ; son père marchand à Charles Delaly, lieutenant de frégate, Nantes, 6 mars 1758, lui envoyant ses lettres d’émancipation ; son père et son frère négociants à Heroult, « aide-pilote », Rouen, 17 févr. 1758 (un matelot nommé Antoine Louis Heroult, de Rouen, est mentionné dans le rôle, mais pas d’aide-pilote, qui est le terme utilisé dans les lettres) ; Augustin Drouet, pêcheur, à son fils, Saint-Martin-de-Varreville, 8 et 13 nov. 1757 ; son frère à Jean Julien, Bordeaux, 26 févr. 1758.

53 A. Cabantous, Dix mille marins…, op. cit., p. 290-292 ; id., Les citoyens du large, op. cit., p. 155-160.

54 Son épouse à Nicolas Godefroy, Rouen, 26 mars 1758. Voir aussi la lettre de l’épouse (« fille Bourbonnois ») de Nicolas Le Coreux, dont la fonction à bord n’est pas claire : la missive fait mention du frère de celui-ci, aubergiste à La Rochelle, ainsi que des dépenses engagées pour des travaux dans leur maison, et des dettes auprès de marchands (Le Havre, 17 mars 1758).

55 Le Havre, Archives départementales de Seine-Maritime (ci-après ADSM), 4 E 02697, Acte de mariage de Louis Joseph Chambrelan, « officier dans les navires marchands », âgé de 23 ans, et de Marie Jeanne Françoise Duboc, 24 ans, 7 avr. 1750, paroisse Notre-Dame, n. fol.

56 Au sein d’une bibliographie abondante, voir par exemple Barry Reay, « The Context and Meaning of Popular Literacy: Some Evidence from Nineteenth-Century Rural England », Past & Present, 131, 1991, p. 89-129 ; Dominique Julia, « Figures de l’illettré en France à l’époque moderne », in B. Fraenkel (dir.), Illettrismes. Variations historiques et anthropologiques, Paris, BPI-Centre Georges Pompidou, 1993, p. 51-79.

57 Voir Elizabeth Foyster, « Prisoners Writing Home: The Functions of Their Letters c. 1680-1800 », Journal of Social History, 47-4, 2014, p. 943-967 ; Peter D. Jones, « ‘I Cannot Keep My Place without Being Deascent’: Pauper Letters, Parish Clothing and Pragmatism in the South of England, 1750-1830 », Rural History, 20-1, 2009, p. 31-49 ; Steven King, Writing the Lives of the English Poor, 1750s-1830s, Montréal, McGill-Queen’s University Press, 2019.

58 Voir l’introduction de l’ouvrage de Anne Hawkins et Helen Watt (éd.), Letters of Seamen in the Wars with France, 1793-1815, Woodbridge, Boydell & Brewer, 2016, p. 20-28, ici p. 22.

59 A. Cabantous, Dix mille marins…, op. cit., p. 461-465.

60 Mark Hailwood, « Rethinking Literacy in Rural England, 1550-1700 », Past & Present, 260, 2023, p. 38-70.

61 A. Hawkins et H. Watt (éd.), Letters of Seamen…, op. cit., p. 27-28.

62 Abbé Gigot à son frère, officier, Paris, 3 et 13 avr. 1758.

63 Michelle Ba[h]ie à son mari Philibert Pallier, maître canonnier, Brest, 3 mars 1758.

64 Son épouse à [Jean Baptiste Emmanuel] Gilbert, maître calfat, Le Havre, 17 mars 1758.

65 J. Daybell, The Material Letter…, op. cit., p. 91-95. Sur les pilotins, voir A. Cabantous, Dix mille marins…, op. cit., p. 241.

66 Son oncle à François Maze, aide-pilote, Fécamp, 15 févr. et 5 mars 1758.

67 Sur les conseils comme caractéristique des lettres parentales, voir Clare Monagle et al. (dir.), European Women’s Letter-Writing from the Eleventh to the Twentieth Centuries, Amsterdam, Amsterdam University Press, 2023, p. 152. Je remercie Clare Monagle, Carolyn James, David Garrioch et Barbara Caine de m’avoir permis de lire les épreuves de cet ouvrage.

68 Jean Du Long à son frère Guillaume Du Long, Fécamp, 5 mars 1758.

69 Son père à Antoine Heroult, « aide-pilote », Rouen, 17 févr. 1758.

70 Voir par exemple Delaunay à Antoine Heroult, Sables [d’Olonne], 9 mars 1758, joignant une lettre du père au commissaire de la marine à Rochefort.

71 Voir par exemple les lettres de Françoise Hamelin à son mari Henry Artur, matelot, Saint-Malo, 30 janv. et 4 mars 1758. Sur l’endettement, voir A. Cabantous, Dix mille marins…, op. cit., p. 335-336.

72 S. E. Whyman, The Pen and the People, op. cit., p. 76.

73 Marguerite Tarade à son mari Jean Villard, matelot, Bordeaux, 27 avr. 1758. Voir aussi Anne Fontaine à son mari Duval, matelot, Saint-Malo, 7 mars 1758.

74 Louise Rozo à son mari Silvestre Lefranc, matelot, Vannes, 24 mars 1758 ; Jean Lefranc à son cousin Silvestre Lefranc, Séné, 12 janv. 1758.

75 Marie Chatterenne à son fiancé Jaque Nitre, Le Havre, 6 mars 1758 et s. l. n. d. ; ses parents à Pierre François Godebout, matelot, Le Havre, 31 janv. et 6 mars 1758.

76 Ariane Bruneton-Governatori et Bernard Moreux, « Un modèle épistolaire populaire. Les lettres d’émigrés béarnais », in D. Fabre (dir.), Par écrit. Ethnologie des écritures quotidiennes, Paris, Éd. de la MSH, 1997, p. 79-103 ; C. Dauphin, P. Lebrun-Pézerat et D. Poublan, Ces bonnes lettres, op. cit., p. 169 ; R. Earle, « Introduction: Letters, Writers and the Historian », op. cit., p. 7.

77 TNA, ADM 97/131, Marguerite Tarade à son mari Jean Villard, 27 avr. 1758, n. fol. Villard, originaire de Rions, en Gironde, apparaît dans le rôle d’équipage (1758) comme remplaçant de Jean Duval (AN, Mar., C6 269, fol. 77v).

78 J. Daybell, The Material Letter…, op. cit., p. 23-24, 27-28 et 86.

79 Sa mère à Nicolas Quesnel, matelot, Le Havre, 27 janv. 1757 [sic] ; son épouse à Jean Varin, Le Havre, 27 févr. 1758 ; Marie Tubeuf à son frère Pierre Bellenger, matelot, Le Havre, 10 mars 1758 ; sa sœur à « du boc pilotin » (Pierre Joseph Duboc), 31 janv. 1758.

80 Tandis que Pierre Emmanuel signe l’acte de mariage, Catherine signe d’une croix : ADSM, 4 E 2722, 11 avr. 1752, registres de la paroisse de Saint-François, Le Havre, n. fol. Voir aussi la lettre de son père à Charles Carron, Guilmercourt, 27 févr. 1758 : « vostre ecrivains vous fait bien des compliment. »

81 Sur les lettres écrites à plusieurs, voir C. Dauphin, P. Lebrun-Pézerat et D. Poublan, Ces bonnes lettres, op. cit., p. 161-164.

82 Gary Schneider, The Culture of Epistolarity: Vernacular Letters and Letter Writing in Early Modern England, 1500-1700, Newark, University of Delaware Press, 2005, p. 22.

83 J. Daybell, The Material Letter…, op. cit. ; Mark Greengrass, « An ‘Epistolary Reformation’: The Role and Significance of Letters in the First Century of the Protestant Reformation », in U. Rublack (dir.), The Oxford Handbook of the Protestant Reformations, Oxford, Oxford University Press, 2016, p. 431-456.

84 J. Daybell, The Material Letter…, op. cit., p. 9.

85 Voir par exemple Susan Broomhall, « Letters Make the Family: Nassau Family Correspondence at the Turn of the Seventeenth Century », in J. D. Campbell, A. R. Larsen (dir.), Early Modern Women and Transnational Communities of Letters, Aldershot, Ashgate, 2009, p. 25-44 ; Ruth Ahnert et Sebastian E. Ahnert, « Protestant Letter Networks in the Reign of Mary I: A Quantitative Approach », English Literary History, 82-1, 2015, p. 1-33 ; David S. Lux et Harold J. Cook, « Closed Circles or Open Networks? Communicating at a Distance during the Scientific Revolution », History of Science, 36-2, 1998, p. 179-211 ; Nieves Romero-Díaz, « On Female Political Alliances: Sor María de Ágreda’s Communities of Letters », Hispanic Review, 86-1, 2018, p. 91-111.

86 Ses lettres évoquent plusieurs envois d’argent, le trafic maritime et des chargements de blé et de bière : voir Guillaume le Bourgeois à son fils Jean le Bourgeois, matelot, Arromanches, 27 janv. 1758.

87 Guillaume le Bourgeois à son fils Jean le Bourgeois, matelot, Arromanches, 11 mars 1758.

88 Sur les compliments, voir C. Dauphin, P. Lebrun-Pézerat et D. Poublan, Ces bonnes lettres, op. cit., p. 174.

89 « Votre fidelle epouse fille Bourbonnois » à Nicolas Le Coreux, Le Havre, 17 mars 1758.

90 Il est aussi possible que « Gilbert » désigne le tonnelier Pierre Gilbert.

91 Guillaume le Bourgeois à son fils Jean le Bourgeois, matelot, Arromanches, 21 janv. 1758.

92 Anne Le Cerf à son mari Jean Topsent, « capitaine matelot », Quillebeuf, 28 févr. 1758.

93 « États ou professions des habitants du Havre, d’après le dénombrement de 1723 », cité dans Jean-Baptiste Gastinne, Le Havre 1517-1789. Histoire d’une identité urbaine, Mont-Saint-Aignan, PURH, 2016, p. 460.

94 A. Cabantous, Dix mille marins…, op. cit., p. 225-226.

95 Ibid., p. 325-328. Il ne faut pas pour autant exagérer l’homogamie sociale chez les matelots, comme le note aussi l’historien dans le même ouvrage, p. 370-376.

96 Sa mère à Julien Hequet, Granville, 1er mars 1758. Nous ne sommes pas parvenus à le retrouver dans le rôle d’équipage, mais il s’agit sans doute d’un matelot.

97 Voir Sara Caputo, « Countable ‘Foreigners’: Birthplace and Demographic Profiles », in Foreign Jack Tars: The British Navy and Transnational Seafarers during the Revolutionary and Napoleonic Wars, Cambridge, Cambridge University Press, 2022, p. 25-53. Sur le système des classes, voir A. Cabantous, Dix mille marins…, op. cit., p. 183-190.

98 Charles Gilbert à son frère Pierre Gilbert, tonnelier, Le Havre, 3 mars 1758.

99 AN, Mar., C6 242, Rôle d’équipage de la Galatée (1757), fol. 160v.

100 ADSM, 3 E 113/32, Acte de mariage de Nicolas Quesnel, 26 ans, et de Marguerite Lemoyne, 22 ans, 25 sept. 1719, registres de la paroisse Saint-Sauveur, Montivilliers, n. fol.

101 Sur cette manière de « perform motherhood », voir C. Monagle et al. (dir.), European Women’s Letter-Writing…, op. cit., p. 143-156.

102 G. Schneider, The Culture of Epistolarity…, op. cit., p. 56-58.

103 J’emprunte l’expression à C. Dauphin, P. Lebrun-Pézerat et D. Poublan, Ces bonnes lettres, op. cit., p. 131-160.

104 Elle signe cette lettre « femme de pierre frebourg », qui est son second mari, et non le père biologique [qui s’appelle lui aussi Nicolas Quesnel] de Nicolas Clément : Marguerite Lemoyne à son fils Nicolas Clément Quesnel, matelot, Le Havre, 3 mars 1758.

105 Marguerite Lemoyne à son fils Nicolas Clément Quesnel, matelot, Le Havre, 7 mars 1758.

106 Son épouse à Jean Varin, Le Havre, 27 févr. 1758.

107 Marguerite Lemoyne, la mère de Nicolas Clément Quesnel, n’est certainement pas capable d’écrire une lettre. Elle signe d’ailleurs l’acte de son premier mariage avec Nicolas Quesnel d’une croix : ADSM, 3 E 113/32, 25 sept. 1719, registres de la paroisse de Saint-Sauveur, Montivilliers, n. fol.

108 Mark Granovetter, « The Strength of Weak Ties », American Journal of Sociology, 78-6, 1973, p. 1360-1380.

109 Sa sœur, veuve Crevel, à Nicolas Godefroy, pilotin, Rouen, 4 févr. 1758.

110 Mère de Jean le Bourgeois à son fils, Arromanches, 11 mars 1758. Voir AN, Mar., C6 242, Rôle d’équipage de la Galatée (1757), fol. 162v.

111 AN, Mar., C6 269, Rôle d’équipage de la Galatée (1758), fol. 74v.

112 James Daybell, « Copying, Letter-Books and Scribal Circulation of Letters », in The Material Letter…, op. cit., p. 175-216.

113 Id., The Material Letter…, op. cit., p. 148.

114 « Janine » [Anne] Le Cerf à son mari Jean Topsent, « officier maritime », Quillebeuf, 22 mars 1758.

115 Sa sœur à « maistre Brosaud », « fait a saintes mary », 21 févr. 1758.

116 G. Schneider, The Culture of Epistolarity…, op. cit., p. 28.

117 Ibid., p. 55.

118 « Janine » Le Cerf à son mari Jean Topsent, « officier maritime », Quillebeuf, 22 mars 1758. Jacques Avril consacre ainsi le premier tiers de sa lettre à son frère Jean, un officier munitionnaire, à des éléments permettant de la replacer dans la bonne séquence : « a Saint germain jacques avril Ce Jourdhuy Cinq Iesme Jour de fevrier 1758 Mon frere Jean avril je prends la liberte de vous faire reponse de la lettre que nous avons re recu au commen Cement de fevrier 1758 mon frere vous en aves bien Ecrit Et Cest la premiere que nous avons receü Ceux que Vous adresez vous Lettre ne sen Sousie pas de les recevoir mais quand vous ferez reponse je vous prie de meles En voyer chez moy Jacques avril a Saint Germain de montivillers je seray Content » (Saint-Germain, 5 févr. 1758).

119 C. Monagle et al. (dir.), European Women’s Letter-Writing…, op. cit., p. 160.

120 C. Dauphin, P. Lebrun-Pézerat et D. Poublan, Ces bonnes lettres, op. cit., p. 156 ; S. M. Fitzmaurice, The Familiar Letter…, op. cit., p. 234-235 ; G. Schneider, The Culture of Epistolarity…, op. cit., p. 84-90.

121 Ainsi de la façon dont les parents du matelot Pierre François Godebout lui accusent réception de sa lettre, alors qu’il s’est embarqué depuis 3 mois : « nous ettions dent linquietue devoir tout les autre avoir des nouvelle et nous pas » (Le Havre, 31 janv. 1758).

122 Sur la référence à Erving Goffman par les spécialistes d’études épistolaires, voir par exemple C. Dauphin, P. Lebrun-Pézerat et D. Poublan, Ces bonnes lettres, op. cit., p. 146 ; S. M. Fitzmaurice, The Familiar Letter…, op. cit., p. 26-27 ; G. Schneider, The Culture of Epistolarity…, op. cit., p. 87-88.

123 Pierre Butel à son fils André Butel, matelot, s. l. n. d. D’après le rôle d’équipage, André vient de La Hougue et a été promu aide-canonnier en mars 1758.

124 Barbe Yvon à son mari François Foulon, matelot, Granville, 1er févr. 1758. Celle-ci rapporte les propos de son mari dans une précédente lettre.

125 Louise Rozo à son mari Silvestre Lefranc, matelot, Vannes, 24 mars 1758.

126 Marie Tubeuf à son frère Pierre Bellenger, matelot, Le Havre, 10 mars 1758.

127 Armande et Elisabeth Gigot à leur frère officier, Le Havre, 15 janv. 1758.

128 Voir aussi la lettre de son épouse à Jean-Nicolas Carel, maître charpentier, Le Havre, 3 mars 1758, à la (fausse) nouvelle que son bateau ne va pas se rendre à Louisbourg : « Ces cequil Macausé bien delapeine dans la Crainte quil ne vous usse arivé quelque Maleur vüe que votre fregatte est bien ancienne. »

129 Kenneth J. Banks, Chasing Empire across the Sea: Communications and the State in the French Atlantic, 1713-1763, Montréal, McGill-Queen’s University Press, 2002, p. 69-72.

130 Du même port, les parents du matelot havrais Pierre François Godebout expriment eux aussi un vœu pieux : « quel quun dise ici que vous nires pas a louissebour et que vous alie toujours convoyer les barques comme a lordinere » (Le Havre, 6 mars 1758). Jean du Long écrit à son frère Guillaume Du Long, premier pilote : « jay recu ce jour avec bien du plesir votre par laquelle je vois que votre voiage de Louis Bour est rompu alla bonne heure » (Fécamp, 5 mars 1758).

131 A. Cabantous, Dix mille marins…, op. cit., p. 274-275 ; John R. McNeill, Mosquito Empires: Ecology and War in the Greater Caribbean, 1620-1914, Cambridge, Cambridge University Press, 2010.

132 Son frère à Antoine Heroult, « aide-pilote », Rouen, 17 févr. 1758.

133 Voir notamment Dominique Margairaz et Philippe Minard (dir.), L’information économique, xvie- xixe siècles, Paris, Institut de la gestion publique et du développement économique, 2008.

134 Son père à Charles Carron, Guilmercourt, 27 févr. 1758. La course havraise est en déroute pendant la guerre de Sept Ans, nombre de matelots ayant été capturés par la marine britannique dès 1755, tandis que les chantiers navals sont interrompus. Sur cette crise, voir Pierre Dardel, Commerce, industrie et navigation à Rouen et au Havre au xviiie siècle, Rouen, Société libre d’émulation de la Seine-Maritime, 1966, p. 38-47.

135 Son épouse à Jean-Nicolas Carel, maître charpentier, Le Havre, 3 mars 1758 ; son épouse à Jean Varin, Le Havre, 27 févr. 1758 ; Augustin Drouet à son fils, Saint-Martin, 8 nov. 1757 ; son père à Heroult, « aide-pilote », Rouen, 17 févr. 1758.

136 Pour le cas britannique, voir Patricia Y. C. E. Lin, « Citizenship, Military Families, and the Creation of a New Definition of ‘Deserving Poor’ in Britain, 1793-1815 », Social Politics: International Studies in Gender, State & Society, 7-1, 2000, p. 5-46.

137 A. Cabantous, Dix mille marins…, op. cit., p. 269-277.

138 Jean-Pierre Goubert, « Environnement et épidémies : Brest au xviiie siècle », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest (ci-après ABPO), 81-4, 1974, p. 733-743 ; Isabelle Guégan, « Une épidémie de typhus à Brest en 1757-1758. Combattre la maladie et la mort », Bulletin de la société archéologique du Finistère, 140, 2012, p. 329-358 ; ead., « Typhus à bord ! L’escadre du comte Du Bois de La Motte confrontée à une épidémie (1757) », ABPO, 128-3, 2021, p. 123-155.

139 I. Guégan, « Une épidémie… », art. cit.

140 J.-P. Goubert, « Environnement et épidémies », art. cit., p. 736.

141 AN, Mar., C6 269, Rôle d’équipage de la Galatée (1758), fol. 66v.

142 Comme Antoine Des Etables, de Caen, débarqué sur l’Île d’Aix le 10 février et qui y meurt le 8 avr. 1758 (AN, Mar., C6 269, Rôle d’équipage de la Galatée [1758], fol. 72v).

143 Sa mère à Knosa de Rocherole, Guérande, 26 mars 1758. Voir aussi son épouse à Jean Varin, [Le Havre], 28 janv. 1758.

144 A. Cabantous, Dix mille marins…, op. cit., p. 268, 279, 282-285.

145 Id., Les citoyens du large, op. cit., p. 153. Voir aussi id., Le ciel dans la mer. Christianisme et civilisation maritime, xvie- xixe siècle, Paris, Fayard, 1990.

146 « Janine » Le Cerf à son mari Jean Topsent, « officier maritime », Quillebeuf, 22 mars 1758. Voir aussi, entre les mêmes interlocuteurs, la missive du 28 février 1758.

147 Voir A. Cabantous, Dix mille marins…, op. cit., p. 445-447 et 454-455.

148 Françoise Hamelin à son mari Henry Artur, matelot, Saint-Malo, 30 janv. 1758. Voir aussi Marianne Gerar à son fiancé Nicolas Clément Quesnel, Le Havre, 7 févr. 1758 : « il me reste quavous souhaiter un bonvoyage, dans lequel si Dieu veut et entens mes feble priere pour votre conservation, je ne doute pas de vous revoir en bonne santé » ; son épouse à Droumard, La Rochelle, 11 avr. 1758 : « que Dieu te garde et te conserve de tous mal et dacsidant saite toute la grace que je demande a Dieu soir et matin dans mes prieres. »

149 La formule canonique est « il n’y a rien de plus certain que la mort, ni de plus incertain que l’heure d’icelle ». Voir Philippe Ariès, L’homme devant la mort, vol. 1, Le temps des gisants, Paris, Éd. du Seuil, 1977, p. 189.

150 Julie Hardwick, Sex in an Old Regime City: Young Workers and Intimacy in France, 1660-1789, Oxford, Oxford University Press, 2020, p. 38-51.

151 Guillaume le Bourgeois à son fils Jean le Bourgeois, Arromanches, matelot, 11 mars 1758.

152 Son épouse à [Jean Baptiste Emmanuel] Gilbert, maître calfat, Le Havre, 5 févr. 1758. Sur ce procédé, voir A. Bruneton-Governatori et B. Moreux, « Un modèle épistolaire populaire », op. cit.

153 Marguerite Tarade à son mari Jean Villard, matelot, Bordeaux, 27 avr. 1758.

154 Marie-Claire Grassi, « La correspondance comme discours du privé au xviiie siècle », in M. Bossis (dir.). L’épistolarité à travers les siècles. Geste de communication et/ou d’écriture, Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 1990, p. 180-193, ici p. 180.

155 Ead., « Un révélateur de l’éducation au xviiie siècle : expressions de la vie affective et correspondances intimes », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 28-1, 1981, p. 174-184, ici p. 177.

156 Susan M. Fitzmaurice parle de « la fiction d’une présence affective d’un individu absent » : S. M. Fitzmaurice, The Familiar Letter…, op. cit., p. 35.

157 G. Schneider, The Culture of Epist olarity…, op. cit., p. 109 et 112.

158 [Marie Jeanne Françoise Dubosc] à son mari « Monsieur Chambrelan officier sur la fregate de Roy la galattee », s. l. n. d.

159 C. Dauphin, P. Lebrun-Pézerat et D. Poublan, Ces bonnes lettres, op. cit., p. 111.

160 ADSM, 4E2701, Registre de la paroisse Notre-Dame, Le Havre, 28 nov. 1761, n. fol. : le certificat de mariage de Louis Joseph Chambrelan avec Thérèse Macquerel précise qu’il est « veuf de Marie Jeanne Françoise Dubosc inhumée en la paroisse de fontaine le vingt huit d’aoust mil-sept cens cinquante neuf suivant son extrait mortuaire a nous remis ».

161 C. Dauphin, P. Lebrun-Pézerat et D. Poublan, Ces bonnes lettres, op. cit., p. 144.

162 Son épouse à Droumard, La Rochelle, 11 avr. 1758. Il ne m’a pas été possible d’identifier Droumard dans les rôles de la Galatée.

163 G. Schneider, The Culture of Epistolarity…, op. cit., p. 119.

164 Son épouse à [Jean Baptiste Emmanuel] Gilbert, maître calfat, Le Havre, 17 mars 1758.

165 Anne Le Cerf à son mari Jean Topsent, « capitaine matelot », Quillebeuf, 28 févr. 1758 (je souligne).

166 Cette pratique est avérée bien avant le xviiie siècle. À ce sujet, voir J. Daybell, The Material Letter…, op. cit., p. 165 sq.

167 Lors de son mariage, contrairement à son mari, Anne ne sait pas signer : Évreux, Archives départementales de l’Eure, BMS (1750-1772), 8 Mi 3325, 2 déc. 1752, registres paroissiaux de Quillebeuf-sur-Seine, n. fol. Le registre mentionne l’union d’Anne Le Cerf et de Jean Baptiste Topsent, « mattelot ».

168 « Janine » Le Cerf à son mari Jean Topsent, « officier maritime », Quillebeuf, 22 mars 1758. Les deux lettres ne montrent pas non plus le même niveau de literacy.

169 G. Schneider, The Culture of Epistolarity…, op. cit., p. 115.

170 Roland Barthes, Fragments d’un discours amoureux, Paris, Éd. du Seuil, 1977, p. 21-22, cité et discuté dans C. Dauphin, P. Lebrun-Pézerat et D. Poublan, Ces bonnes lettres, op. cit., p. 131-140.

171 Gillette Garnier à son mari Jean Garnier, Saint-Brieuc, 5 mars 1758.

172 G. Schneider, The Culture of Epist olarity…, op. cit., p. 123-124.

173 J. Hardwick, Sex in an Old Regime City, op. cit., p. 58.

174 Françoise Hamelin à son mari Henry Artur, matelot, Saint-Malo, 30 janv. 1758.

175 C. Dauphin, P. Lebrun-Pézerat et D. Poublan, Ces bonnes lettres, op. cit., p. 171-172.

176 Voir des exemples dans A. Hawkins et H. Watt (éd.), Letters of Seamen…, op. cit., p. 13, 16, 19 et 27.

177 C. Monagle et al. (dir.), European Women’s Letter-Writing…, op. cit., p. 198. Voir aussi Cécile Dauphin, « Écriture de l’intime dans une correspondance familiale du xixe siècle », Le divan familial, 11-2, 2003, p. 63-73.

178 Voir notamment William M. Reddy, The Navigation of Feeling: A Framework for the History of Emotions, Cambridge, Cambridge University Press, 2001, p. 141-172.

179 Janet L. Nelson, « The Problematic in the Private » [lecture critique de Paul Veyne (dir.), Histoire de la vie privée, vol. 1, De l’Empire romain à l’an mil, Paris, Éd. du Seuil, 1999], Social History, 15-3, 1990, p. 355-364, ici p. 355.

180 Sur les violences de guerre, voir notamment Sharon Block, Rape and Sexual Power in Early America, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 2006. En français, l’essentiel des travaux ne porte pas sur l’époque moderne, et encore moins sur le xviiie siècle. Voir par exemple Philippe Nivet et Marion Trévisi (dir.), Les femmes et la guerre de l’Antiquité à 1918, Paris, Economica, 2010. Merci à Sylvie Steinberg pour les échanges sur ce point.

181 Sur cette approche, voir Marisa J. Fuentes, Dispossessed Lives: Enslaved Women, Violence, and the Archive, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, 2016 ; Durba Ghosh, Sex and the Family in Colonial India: The Making of Empire, Cambridge, Cambridge University Press, 2006, p. 133-169.

182 Ces stratégies de survie ont été étudiées en détail pour le monde britannique : voir notamment Jennine Hurl-Eamon, « The Fiction of Female Dependence and the Makeshift Economy of Soldiers, Sailors, and their Wives in Eighteenth-Century London », Labor History, 49-4, 2008, p. 481-501 ; Kit Candlin et Cassandra Pybus, Enterprising Women: Gender, Race, and Power in the Revolutionary Atlantic, Athens, University of Georgia Press, 2015.

183 La sœur et la mère du pilotin Nicolas Godefroy refusent d’écrire « une lettre de Mentrie » à l’administration des classes, qui lui permettrait d’obtenir son congé, car « cela se serait peut être cause que vous y resterié plus longtemps » (Rouen, 26 mars 1758). Pour un exemple d’intercession d’une mère pour obtenir la libération de son fils prisonnier, voir R. Morieux, The Society of Prisoners, op. cit., p. 69 ; sur les stratégies utilisées par les femmes pour toucher la solde de leurs maris, voir Margaret R. Hunt, « Women and the Fiscal-Imperial State in the Late Seventeenth and early Eighteenth Centuries », in K. Wilson (dir.), A New Imperial History: Culture, Identity, and Modernity in Britain and the Empire, 1660-1840, Cambridge, Cambridge University Press, 2004, p. 29-47.