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À l’épreuve de la peste

Médecins et savoirs médicaux face à la pandémie (xive-xve siècles)

Published online by Cambridge University Press:  14 February 2024

Marilyn Nicoud*
Affiliation:
Avignon Université, CIHAM – UMR 5648 marilyn.nicoud@univ-avignon.fr

Résumé

Longtemps dénigrée pour son incapacité à guérir et à comprendre les mécanismes de diffusion de la maladie, la littérature de temps de peste, rédigée en grand nombre à partir du milieu du xive siècle, mérite d’être réexaminée pour ce qu’elle représente : une tentative de réponse à un défi intellectuel et social majeur qui met en péril la survie des sociétés européennes. L’effort d’objectivation des médecins médiévaux, majoritairement formés dans les universités, s’y conjugue à un souci de prévention et à des conseils thérapeutiques, fruits de l’expérience répétée de crises épidémiques. Rédigés à la demande d’autorités publiques ou d’individus soucieux de bénéficier de conseils, ces traités contre la peste témoignent de la place qu’occupe, aux derniers siècles du Moyen Âge, le métier médical dans les questions de santé et des efforts de la profession pour se construire une image d’expert.

Abstract

Abstract

The plague literature produced in abundance from the mid-fourteenth century onwards has long been disparaged for its inability to propose a cure or comprehend the mechanisms by which the disease spread. It nevertheless merits reconsideration as an attempt to address a major intellectual and social challenge that jeopardized the survival of European societies. In these texts, the efforts of medieval physicians, principally trained in the universities, to produce an objective analysis were combined with an interest in prevention and therapeutic guidance derived from the repeated experience of epidemics and the crises they induced. Written at the request of public authorities or individuals seeking advice, these treatises against the plague bear witness to the role of the medical profession in health-related matters during the late Middle Ages, and to its endeavors to construct an identity based on expertise.

Type
Histoire des savoirs Nouvelles approches
Copyright
© Éditions de l’EHESS

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References

1 Pour un résumé des débats et des recherches, voir Lester K. Little, « Plague Historians in Lab Coats », Past & Present, 213-1, 2011, p. 267-290.

2 Voir Lester Little (dir.), Plague and the End of Antiquity: The Pandemic of 541-750, Cambridge, Cambridge University Press, 2007. Aujourd’hui, le poids de cette pandémie fait l’objet de controverses, entre ceux qui considèrent qu’elle a joué un rôle majeur dans la disparition de l’Empire, et qui réévaluent le choc démographique qu’elle aurait causé, et les tenants d’une vision plus minimaliste, dans la lignée d’un article de Jean Durliat, « La peste du vie siècle : pour un nouvel examen des sources byzantines », in C. Abadie-Reynal et al. (dir.), Hommes et richesses dans l’Empire byzantin, t. 1, ive- viie siècle, Paris, Éd. P. Lethielleux, 1989, p. 107-119. Sur ces aspects, voir Kyle Harper, Comment l’Empire romain s’est effondré. Le climat, les maladies et la chute de Rome, trad. par P. Pignarre, Paris, La Découverte, [2017] 2019 ; et la polémique entre Lee Mordechai et Merle Eisenberg (« Rejecting Catastrophe: The Case of the Justinianic Plague », Past & Present, 244-1, 2019, p. 3-50) et Mischa Meier (« The ‘Justinianic Plague’: An ‘Inconsequential Pandemic’? A Reply », Medizinhistorisches Journal, 55-2, 2020, p. 172-199).

3 Sur l’épidémisation de la peste, voir Frédérique Audouin-Rouzeau, Les chemins de la peste. Le rat, la puce et l’homme, Rennes, PUR, 2003.

4 Selon eux, les pestilences du passé n’ont rien à voir avec la peste. Voir Graham Twigg, The Black Death: A Biological Reappraisal, Londres, Batsford, 1984 ; David Herlihy, « La peste bubonique : épidémiologie historique et problèmes médicaux », in La peste noire et la mutation de l’Occident, trad. par A. Paulian, Paris, G. Monfort, [1997] 2000, p. 1-50 ; Samuel K. Cohn, The Black Death Transformed: Disease and Culture in Early Renaissance Europe, Londres, Arnold, 2002 ; Susan Scott et Christopher J. Duncan, Biology of Plagues: Evidence from Historical Populations, Cambridge, Cambridge University Press, 2011. Pour un résumé des débats et des recherches, voir L. K. Little, « Plague Historians in Lab Coats », art. cit.

5 Yuhun Cui et al., « Historical Variations in Mutation Rate in an Epidemic Pathogen, Yersinia pestis », Proceedings of the National Academy of Sciences, 110-2, 2013, p. 577-582 ; Monica H. Green, « The Four Black Deaths », American Historical Review, 125-5, 2020, p. 1601-1631.

6 Pour une approche interdisciplinaire de la peste, voir les articles de Monica H. Green (dir.), The Medieval Globe: Pandemic Disease in the Medieval World; Rethinking the Black Death, Kalamazoo, Arc Medieval Press, 2015. Sur sa chronologie et ses origines, voir M. H. Green, « The Four Black Deaths », art. cit. ; sur les variations temporelles et spatiales de l’épidémie médiévale au cours du temps, voir Ann G. Carmichael, « Universal and Particular: The Language of Plague, 1348-1500 », in V. Nutton (dir.), no spécial « Pestilential Complexities: Understanding Medieval Plague », Medical History, 52-27, 2008, p. 17-52. Sur son expansion possible dans l’Afrique subsaharienne et orientale, voir le programme ANR « Globafrica » et Gérard Chouin (dir.), no spécial « Sillages de la peste noire en Afrique subsaharienne : une exploration critique du silence », Afriques, 9, 2018, https://doi.org/10.4000/afriques.2084.

7 Sur les dangers et les limites de cette approche, voir Guillaume Lachenal et Gaëtan Thomas, « Vivre au temps du Covid-19 : l’histoire peut-elle nous aider ? », Cogito. Le magazine de la recherche, 27 févr. 2021, https://www.sciencespo.fr/research/cogito/home/vivre-au-temps-du-covid-19-lhistoire-peut-elle-nous-aider/.

8 Pour une approche diachronique et comparée des réactions aux épidémies sur la longue durée, voir Samuel K. Cohn, Epidemics: Hate and Compassion from the Plague of Athens to Aids, Oxford, Oxford University Press, 2018.

9 Ces discours émanent autant de textes narratifs ou littéraires que de la communauté médicale, où la critique des confrères est répandue.

10 Parmi d’autres, voir l’article collectif « La peste nera (1347-1350) », in O. Capitani (éd.), Morire di peste. Testimonianze antiche e interpretazioni moderne della « peste nera » del 1348, Bologne, Pàtron Editore, 1995, p. 120-132 ; Giorgio Cosmacini, L’arte lunga. Storia della medicina dall’antichità a oggi, Rome, Laterza, 2001, p. 208-222 ; ou encore Joseph P. Byrne, Daily Life during the Black Death, Londres, Greenwood, 2006.

11 Typhus, rougeole, malaria, tuberculose, dysenterie, grippe, variole et lèpre sont des maladies alors communes.

12 Pour une hypothèse allant jusqu’à 60 % de morts, voir Ole J. Benedictow, The Black Death, 1346-1353: The Complete History, Woodbridge, Boydell Press, 2004.

13 On ne sait toujours pas qu’elle fut la maladie qui ravagea Athènes en 430-426 av. n. è, rapportée avec précision par l’historien Thucydide dans La guerre du Péloponnèse. Deux autres pestilences, celle des années 165-180 et celle dite de Cyprien en 251-260, ont frappé l’Empire romain, mais là non plus il ne s’agit pas de la peste. Voir K. Harper, Comment l’Empire romain s’est effondré, op. cit.

14 Carlo Maria Cipolla, Public Health and the Medical Profession in the Renaissance, Cambridge, Cambridge University Press, 1976.

15 À l’exception toutefois de John Henderson, « Epidemics and Renaissance Florence: Medical Theory and Government Response », in N. Bulst et R. Delort (dir.), Maladies et société, xiie- xviiie siècles. Actes du colloque de Bielefeld, novembre 1986, Paris, Éd. du CNRS, 1989, p. 165-186 ; id., « La peste nera a Firenze : teorie mediche e la politica governativa », in M. L. Betri et A. Pastore (dir.), L’arte di Guarire : aspetti della professione medica tra medioevo ed età contemporanea, Bologne, CLUEB, 1993, p. 11-29 ; et de S. K. Cohn, The Black Death Transformed, op. cit.

16 Émile Rébouis, Études historiques et critiques sur la peste, Paris, Alphonse Picard, 1888 ; Joseph Michon, Documents inédits sur la grande peste de 1348 (Consultation de la Faculté de Paris, Consultation d’un praticien de Montpellier, Description de Guillaume de Machaut), Paris, J.-B. Baillière et Fils, 1860.

17 Dorothea Waley Singer, « Some Plague Tractates (Fourteenth and Fifteenth Centuries) », Journal of the Royal Society of Medicine, 9-2, 1916, p. 159-218 ; Dorothea Waley Singer et Annie Anderson, Catalogue of Latin and Vernacular Plague Texts in Great Britain and Eire in Manuscripts Written before the Sixteenth Century, Paris/Londres, Académie internationale d’Histoire des Sciences/William Heinemann Medical Books, 1950 ; Anna Montgomery Campbell, The Black Death and Men of Learning, New York, Columbia University Press, 1931 ; Lynn Thorndike, A History of Magic and Experimental Science, vol. 3 et 4, Fourteenth and Fifteenth Centuries, New York, Columbia University Press, 1934.

18 Melissa P. Chase, « Fevers, Poisons, and Apostemes: Authority and Experience in Montpellier Plague Treatises », Annals of the New York Academy of Sciences, 441-1, 1985, p. 153-170 ; Jon Arrizabalaga, « La Peste Negra de 1348 : los orígenes de la construcción como enfermedad de una calamidad social », Acta Hispanica ad Medicinae Scientiarumque Historiam Illustrandam, 11, 1991, p. 73-117 ; id., « Facing the Black Death: Perceptions and Reactions of University Medical Practitioners », in L. García Ballester et al. (dir.), Practical Medicine from Salerno to the Black Death, Cambridge, Cambridge University Press, 1994, p. 237-288 ; Joël Coste, Représentations et comportements en temps d’épidémie dans la littérature imprimée de peste, 1490-1725. Contribution à l’histoire culturelle de la peste en France à l’époque moderne, Paris, Honoré Champion, 2007 ; Marilyn Nicoud, « Les médecins face à la peste au milieu du xive siècle », in M. Rio-Sarcey (dir.), De la catastrophe. L’homme en question du Déluge à Fukushima, Paris, Éd. du Détour, 2018, p. 43-61 ; John Aberth, Doctoring the Black Death: Medieval Europe’s Medical Response to Plague, Lanha, Rowman & Littlefield Publishers, 2021.

19 Par « choses non naturelles », la médecine antique et médiévale entend des facteurs physiologiques, psychologiques et environnementaux qui influent sur la santé des individus. Principalement l’air, l’alimentation et la boisson, le sommeil et la veille, l’exercice et le repos, l’inanition et la replétion, les émotions, ainsi que le bain, la saignée préventive et l’activité sexuelle.

20 Marilyn Nicoud, Les régimes de santé au Moyen Âge. Naissance et diffusion d’une écriture médicale en Italie et en France ( xiiie- xve siècle), Rome, École française de Rome, 2 vol., 2007.

21 Jole Agrimi et Chiara Crisciani, Les consilia médicaux, Turnhout, Brepols, 1994.

22 À l’exception de S. K. Cohn (The Black Death Transformed, op. cit.) et de J. Aberth.

23 Par exemple, Lori Jones, « Exploring Concepts of Contagion and the Authority of Medical Treatises in 14th-16th Century England », mémoire de maîtrise d’histoire, université d’Ottawa, 2012.

24 S. K. Cohn (The Black Death Transformed, op. cit.) s’est appuyé sur ces comparaisons pour nier la peste médiévale. Sur les difficultés du diagnostic rétrospectif, voir Andrew Cunningham, « Transforming Plague: The Laboratory and the Identity of Infectious Disease », in A. Cunningham et P. Williams (dir.), The Laboratory Revolution in Medicine, Cambridge, Cambridge University Press, 1992, p. 209-244 ; Jon Arrizabalaga, « Problematizing Retrospective Diagnosis in the History of Disease », Asclepio, 54, 2002, p. 51-70.

25 La version initiale de l’article a été rédigée en 2021, avant d’avoir pu prendre connaissance de l’ouvrage de J. Aberth. Elle a été reprise en tenant compte des apports de cette publication récente.

26 Sur cette interconnexion nécessaire entre histoire de la médecine et de la santé et histoire générale, voir Monica H. Green, « Integrative Medicine: Incorporating Medicine and Health into the Canon of Medieval European History », History Compass, 7-4, 2009, p. 1218-1245 ; Marilyn Nicoud, « Pour une histoire globale de la médecine médiévale », in D. Jacquart et A. Paravicini Bagliani (dir.), Le Moyen Âge et les sciences, Florence, SISMEL-Edizioni del Galluzzo, 2021, p. 451-466 ; Marilyn Nicoud (dir.), Souffrir, soigner, guérir. Les patients et leurs médecins du Moyen Âge à l’époque contemporaine, Paris, Vendémiaire, 2023.

27 Sur l’usage de cette notion pour des périodes anciennes, voir Marilyn Nicoud, « Faut-il historiciser l’expertise ? L’autorité de l’expert en médecine dans les sociétés antiques et médiévales », Histoire, médecine et santé, 18, 2020, p. 9-25.

28 Danielle Jacquart, « La perception par les contemporains de la peste de 1348 », in J. Jouanna, J. Leclant et M. Zink (dir.), L’homme face aux calamités naturelles dans l’Antiquité et au Moyen Âge. Actes du 16 e colloque de la Villa Kérylos à Beaulieu-sur-Mer les 14 et 15 octobre 2005, Paris, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 2006, p. 237-247.

29 J. Coste, Représentations et comportements en temps d’épidémie…, op. cit.

30 Chiara Crisciani, « Consilia, responsi, consulti. I pareri del medico tra insegnamento e professione », in C. Casagrande, C. Crisciani et S. Vecchio (dir.), « Consilium ». Teorie e pratiche del consigliare nella cultura medievale, Florence, SISMEL-Edizioni del Galluzzo, 2004, p. 259-279.

31 Luis García Ballester, « The Construction of a New Form of Learning and Practicing Medicine in Medieval Latin Europe », Science in Context, 8, 1995, p. 75-102.

32 Laetitia Loviconi, « Les Practicae : un révélateur de la structuration et de l’élaboration des savoirs théoriques et pratiques médicaux », in L. Moulinier-Brogi et M. Nicoud (dir.), Écritures médicales. Discours et genres, de la tradition antique à l’époque moderne, Lyon, CIHAM-Éditions, 2019, p. 73-100.

33 Laurence Moulinier-Brogi, « La science des urines au Moyen Âge, une matière plastique » et Franck Collard, « Un genre médical incertain. Les écrits sur les poisons du Moyen Âge latin », in L. Moulinier-Brogi et M. Nicoud (dir.), Écritures médicales, op. cit., respectivement p. 179-228 et 155-177 ; Franck Collard, Les écrits sur les poisons, Turnhout, Brepols, 2016.

34 Gentile da Foligno, Consilia, Venise, Baptista de Tortis, 1494, fol. 76ra.

35 Ibid., fol. 76va. Je reprends la traduction de Joël Chandelier, « Définition et terminologie des épidémies dans la médecine latine de la fin du Moyen Âge », in F. Clément (dir.), Épidémies, épizooties. Des représentations anciennes aux approches actuelles, Rennes, PUR, 2017, p. 29-42, ici p. 38.

36 Karl Sudhoff, « Pestschriften aus den ersten 150 Jahren nach der Epidemie des ‘schwarzen Todes’ 1348. III. Aus Niederdeutschland, Frankreich und England », Archiv für Geschichte der Medizin (ci-après AGM), 5, 1911, p. 36-87, ici p. 68. Sauf mention contraire, les traductions sont miennes.

37 Guy de Chauliac, Inventarium sive chirurgia magna, éd. par M. R. McVaugh, vol. 1, Leyde, Brill, 1997, p. 118.

38 Karl Sudhoff, « Pestschriften aus den ersten 150 Jahren nach der Epidemie des ‘schwarzen Todes’ 1348. XVIII. Pestschriften aus Frankreich, Spanien und England », AGM, 17, 1925, p. 12-139, ici p. 23.

39 Ibid., p. 39.

40 Karl Sudhoff, « Pestschriften aus den ersten 150 Jahren nach der Epidemie des ‘schwarzen Todes’ 1348. XII. Ausarbeitung über die Pest vor der Mitte des 15. Jahrhunderts, entstanden in niederen Deutschland », AGM, 11, 1919, p. 121-176, ici p. 145.

41 De tels termes se retrouvent aussi sous la plume des chroniqueurs.

42 Sur les conceptions médiévales et modernes, voir Iain M. Lonie, « Fever Pathology in the Sixteenth Century: Tradition and Innovation », Medical History, 25, 1981, p. 19-44.

43 Avicenne, Canon, Livre IV, fen I, tract. 1, cap. 1, Lyon, 1522, fol. 329r. Voir Joël Chandelier, Avicenne et la médecine en Italie. Le Canon dans les universités (1200-1350), Paris, Honoré Champion, 2017, p. 476-518.

44 Galien, Commentaire au « Régime des maladies aiguës d’Hippocrate », trad. et éd. par A. Pietrobelli, Paris, Les Belles Lettres, 2019, I, 8. Dans la pensée hippocratique, l’épidémie, se distingue des maladies dues à un régime individuel ; elle naît d’une cause générale, l’air ou le climat, qui affecte les populations d’un même lieu (Hippocrate, Œuvres complètes. Épidémies V et VII, éd. et trad. par J. Jouanna et M. D. Grmek, Paris, Les Belles Lettres, 2000, p. viii ; id., La nature de l’homme, 9, éd. et trad. par J. Jouanna, Berlin, Akademie verlag, 1975).

45 J. Chandelier, « Définition et terminologie des épidémies… », art. cit.

46 Voir Gentile da Foligno, Consilia, op. cit., fol. 76ra : « […] cette pestilence ou épidémie ou quel que soit le nom par lequel on la désigne […] » (haec pestilentia sive epidimia sive quo nomine nominetur). Son contemporain, Giovanni della Penna, peu après, utilise l’expression « cette peste » ou « cette pestilence » pour la distinguer, en l’absence d’un vocable précis (Karl Sudhoff, « Pestschriften aus den ersten 150 Jahren nach der Epidemie des ‘schwarzen Todes’ 1348. IV. Italienische des 14. Jahrhunderts », AGM, 5, 1911, p. 341-348).

47 Karl Sudhoff, « Pestschriften aus den ersten 150 Jahren nach der Epidemie des ‘schwarzen Todes’ 1348. V. Aus Italien (Fortsetzung) und Wien », AGM, 6, 1913, p. 313-379, ici p. 373.

48 Id., « Pestschriften aus den ersten 150 Jahren nach der Epidemie des ‘schwarzen Todes’ 1348. X. Pesttraktate aus Böhmen, Schlesien und Nachbarbezirken bis zur Mitte des 15. Jahrhunderts », AGM, 9, 1916, p. 117-167, ici p. 119-137 et 138-156.

49 Id., « Pestschriften aus den ersten 150 Jahren… », III, art. cit., p. 48.

50 Sur ces textes montpelliérains, voir M. P. Chase, « Fevers, Poisons, and Apostemes », art. cit.

51 Frederick W. Gibbs, Poison, Medicine and Disease in Late Medieval and Early Modern Europe, New York, Routledge, 2019, chap. 4 ; J. Aberth, Doctoring the Black Death, op. cit., p. 17-52 ; Danielle Jacquart, « Les multiples facettes des relations entre empoisonnement et peste dans les explications médicales de la fin du Moyen Âge », in C. Mordeglia et A. Paravicini Bagliani (dir.), Poison: Knowledge, Uses, Practices, Florence, SISMEL-Edizioni del Galluzzo, 2022, p. 223-247.

52 L’accusation contre les Juifs se retrouve différemment formulée par un auteur de Varsovie plus tardif, Heinrich Rybinitz (voir Karl Sudhoff, « Pestschriften aus den ersten 150 Jahren nach der Epidemie des ‘schwarzen Todes’ 1348. I », AGM, 4, 1910, p. 191-222, ici p. 215).

53 Voir note 33.

54 K. Sudhoff, « Pestschriften aus den ersten 150… », XVIII, art. cit., p. 55 : « Unde pestis in proposito est humor corruptus vel venenosus inclusus in corpore humano et recollectus in certis glandulis vel constituens certas glandulas. »

55 Cité d’après J. Chandelier, « Définition et terminologie des épidémies… », art. cit., p. 39. Girolamo Manfredi, Tractato de la pestilentia/Tractatus de peste, éd. par T. Duranti, Bologne, CLUEB, 2008.

56 À l’exception de Guy de Chauliac, qui consacre de longs passages aux divers apostumes et pustules dans son deuxième traité (Inventarium…, op. cit., p. 57-133).

57 Voir Pietro da Tossignano, Consilium pro peste evitanda, Venise, Gregoriis fratres, 1495, dans différents chapitres sur les soins.

58 Michael R. McVaugh, « Surface Meanings: The Identification of Apostemes in Medieval Surgery », in W. Bracke et H. Deumens (dir.), Medical Latin: From the Late Middle Ages to the Eighteenth Century: Proceedings of the European Science Foundation Exploratory Workshop in the Humanities, Organized under the Supervision of Albert Derolez in Brussels on 3 and 4 September 1999, Bruxelles, Koninklijke academie voor geneeskunde van België, 2000, p. 13-29 ; id., The Rational Surgery of the Middle Ages, Florence, SISMEL-Edizioni del Galluzzo, 2006, p. 136-143.

59 Michael R. Mcvaugh, The Rational Surgery of the Middle Ages, op. cit., p. 143.

60 K. Sudhoff, « Pestschriften aus den ersten 150 Jahren… », I, art. cit., p. 209.

61 Id., « Pestschriften aus den ersten 150 Jahren… », XII, art. cit., p. 147-148.

62 Id., « Pestschriften aus den ersten 150 Jahren… », XVIII, art. cit., p. 14.

63 Id., « Pestschriften aus den ersten 150 Jahren… », XII, art. cit., p. 53.

64 Id., « Pestschriften aus den ersten 150 Jahren… », IV, art. cit., p. 348.

65 Id., « Pestschriften aus den ersten 150 Jahren… », XVIII, art. cit., p. 25.

66 Quelques auteurs les discriminent par leur couleur. Un Montpelliérain, dans les premières années du xve siècle, distingue différentes pestilences en fonction de la diversité de ces excroissances (« glandula, squinancia, antrax, bocio, glanda, heresipela, variolis, morbillis ») (ibid., p. 49-50).

67 Sur ce texte, voir Danielle Jacquart, La médecine médiévale dans le cadre parisien, xive- xve siècle, Paris, Fayard, 1998, p. 232-245.

68 Guy de Chauliac, Inventarium…, p. 117-118.

69 Voir Avicenne, Liber canonis (Livre IV, fen I, tract. 4, cap. 13, fol. 331r), à propos de la présence d’excroissances corporelles en cas de fièvres pestilentielles. Fen est une translittération de l’arabe et désigne certaines des subdivisions du Canon d’Avicenne.

70 Commentaire copié dans Cité du Vatican, Biblioteca Apostolica Vaticana (ci-après BAV), Pal. lat. 1331, fol. 130v-139v. La rédaction de ce commentaire est antérieure à la peste ; elle est située une dizaine d’années après les débuts de son auteur dans l’enseignement, datés de 1338-1339 (voir Danielle Jacquart [éd.], Supplément à Ernest Wickersheimer, Dictionnaire biographique des médecins en France au Moyen Âge, éd. dir. par G. Beaujouan, Genève, Droz, 1979, p. 41).

71 K. Sudhoff, « Pestschriften aus den ersten 150 Jahren… », X, art. cit., p. 138.

72 Id., « Pestschriften aus den ersten 150 Jahren… », XII, art. cit., p. 152.

73 Antonio Guaineri, Opus preclarum ad praxim non mediocriter necessarium: De peste, Lyon, Bibliotheca Scipionis de Gabiano, 1534, fol. 216ra-rb.

74 Michele Savonarola, I trattati in volgare Della Peste e dell’Acqua ardente, éd. par L. Belloni, Milan, Tip. di Stucchi, 1953, p. 23.

75 Luke Demaitre, Leprosy in Premodern Medicine: A Malady of the Whole Body, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 2007, p. 34-74.

76 Pour Venise, voir Salvatore Carbone, « Provveditori e Sopraprovveditori alla Sanità della Repubblica di Venezia », Quaderni della Rassegna degli Archivi di Stato, 21, 1962, p. 15 ; Richard J. Palmer, « L’azione della Repubblica di Venezia nel controllo della peste. Lo sviluppo della politica governativa », in Venezia e la peste, 1348-1797, Venise, Comune di Venezia/Assessorato alla cultura e belle arti, 1979, p. 103-110. Sur la quarantaine, attestée une première fois à Raguse/Dubrovnik en 1377, voir Mirko D. Grmek, « Le concept d’infection dans l’Antiquité et au Moyen Âge. Les anciennes mesures sociales contre les maladies contagieuses et la fondation de la première quarantaine à Dubrovnik », Rad Jugoslavenske Akademije znanosti i umjetnosti, 384, 1980, p. 9-55 ; Zlata Blažina-Tomić et Vesna Blažina, Expelling the Plague: The Health Office and the Implementation of Quarantine in Dubrovnik, 1377-1533, Montréal/Kingston, McGill-Queen’s University Press, 2015.

77 Point de vue soutenu par Andreina Zitelli et Richard J. Palmer, « Le teorie mediche sulla peste e il contesto veneziano », in Venezia e la peste…, op. cit., p. 21-70 ; Irma Naso, « Individuazione diagnostica della ‘peste nera’. Cultura medica e aspetti clinici », in La peste nera. Dati di una realtà ed elementi di una interpretazione : atti del XXX Convegno storico internazionale, Todi, 10-13 ottobre 1993, Spolète, Centro italiano di studi sull’alto medioevo, 1994, p. 349-381 ; Ann G. Carmichael, « Plague Legislation in the Italian Renaissance », Bulletin of the History of Medicine, 57, 1983, p. 508-525 ; ead., « Contagion Theory and Contagion Practice in Fifteenth-Century Milan », Renaissance Quarterly, 44, 1991, p. 213-256 ; ead., « Epidemics and State Medicine in Fifteenth-Century Milan », in R. French et. al. (dir.), Medicine from the Black Death to the French Disease, Aldershot, Ashgate, 1998, p. 221-247.

78 Florence, Archivio di Stato di Firenze, Provv. Reg. 55, fol. 133v, cité par J. Henderson, « La peste nera a Firenze… », art. cit., p. 28, n. 46.

79 J. Henderson, « La peste nera a Firenze… », art. cit., p. 20-21.

80 Au sein d’une bibliographie foisonnante, voir Guy Geltner, « Public Health and the Pre-Modern City: A Research Agenda », History Compass, 10-3, 2012, p. 231-245 ; id., « The Path to Pistoia: Urban Hygiene before the Black Death », Past & Present, 246-1, 2020, p. 3-33 ; Carole Rawcliffe et Claire Weeda (dir.), Policing the Urban Environment in Premodern Europe, Amsterdam, Amsterdam University Press, 2019.

81 iuliana Albini, Guerra, fame, peste. Crisi di mortalità e sistema sanitario nella Lombardia tardomedioevale, Bologne, Cappelli, 1982.

82 Voir J. Henderson, « La peste nera a Firenze… », art. cit. ; pour Lérida, voir Guillem Roca Cabau, « Medidas municipales contra la peste en la Lleida del siglo xiv e inicios del xv », Dynamis, 38-1, 2018, p. 15-39. À Valence, il faut attendre les années 1440 pour que ces mesures de fermeture soient prises (Abigail Agresta, « From Purification to Protection: Plague Response in Late Medieval Valencia », Speculum, 95-2, 2020, p. 371-395). Pour des espaces septentrionaux, voir Neil Murphy, « Plague Ordinances and the Management of Infectious Diseases in Northern French Towns, c. 1450-c. 1560 », The Fifteenth Century, 12, 2013, p. 139-160. Plus largement, voir aussi le travail toujours utile de Jean-Noël Biraben, Les hommes et la peste en France et dans les pays européens et méditerranéens, vol. 2, Paris/La Haye, Éd. de l'EHESS/Mouton, 2. vol., 1975-1976, p. 167-175.

83 Le conseil de huit membres (« Otto di Guardia e di Custodia »), chargés à Florence de la « garde et sauvegarde de la ville » a pour mission de « préserver la santé des gens et prévenir la pestilence et empêcher la contagion ». Sur les mesures gouvernementales, voir Francesco Carabellese, La peste nera del 1348 e le condizioni della sanità pubblica in Toscana, Rocca San Casciano, Cappelli, 1897.

84 À la suite de Galien, d’autres auteurs de langue arabe, Rhazès et Avicenne notamment, évoquent les maladies transmises d’homme à homme.

85 Gentile da Foligno, Consilia, op. cit., fol. 76va. Dans son commentaire au Canon d’Avicenne, il s’interrogeait déjà sur la possibilité pour une maladie d’être contagieuse (voir J. Chandelier, « Définition et terminologie des épidémies… », art. cit., p. 37-38).

86 Domenico Panebianco, « De preservatione a pestilencia di Cardone de Spanzotis de Mediolano, del 1360 », Archivio storico lombardo, 2-102, 1976, p. 347-354.

87 Galien, Méthode thérapeutique (II, 2) ; De differentiis febrium (I, 3). Voir M. D. Grmek, « Le concept d’infection… », art. cit. ; id., « Les vicissitudes des notions d’infection, de contagion et de germe dans la médecine antique », in Textes médicaux latins antiques, éd. par G. Sabbah, Saint-Étienne, Publications de l’Université, 1984, p. 53-70 ; Vivian Nutton, « The Seeds of Disease: An Explanation of Contagion and Infection from the Greeks to the Renaissance », Medical History, 27, 1983, p. 1-34.

88 Sur cette puissance de l’imagination, voir Aurélien Robert, « Contagion morale et transmission des maladies : histoire d’un chiasme (xiiie-xixe siècle) », Tracés. Revue de sciences humaines, 21, 2011, p. 41-60.

89 Patrice Bourdelais et Jean-Yves Raulot, Histoire du choléra en France. Une peur bleue, 1832-1854, Paris, Payot, 1987, p. 66-75 ; François Delaporte, Le savoir de la maladie. Essai sur le choléra de 1832 à Paris, Paris, PUF, 1990, p. 91-176.

90 L’infection, notion d’abord issue de la médecine religieuse grecque, implique l’idée d’imprégnation, de pénétration dans le corps d’une souillure ou d’une corruption matérielle. L’air, cause principale des épidémies, peut aussi, selon Galien, être putréfié par des exhalaisons provenant de cadavres ou d’eaux stagnantes (Galien, « Sur la différence des fièvres », I, c. 6, in Galeni Opera Omnia, vol. VII, éd. par K. G. Kühn, Leipzig, 1824, p. 289-290). Voir Jacques Jouanna, « Air, miasme et contagion à l’époque d’Hippocrate et survivance des miasmes dans la médecine posthippocratique (Rufus d’Éphèse, Galien et Palladios) », in S. Bazin-Tacchella, D. Quéruel et É. Samama (dir.), Air, miasmes et contagion. Les épidémies dans l’Antiquité et au Moyen Âge, Langres, Dominique Guéniot, 2001, p. 9-28. Pour les définitions médiévales et modernes, voir J. Coste, Représentations et comportements en temps d’épidémie…, op. cit., p. 134-146.

91 Karl Sudhoff, « Pestschriften aus den ersten 150 Jahren nach der Epidemie des ‘schwarzen Todes’ 1348. VI. Prager Pesttraktate aus dem 14. und dem Anfange des 15. Jahrhunderts », AGM, 7, 1913, p. 57-114, ici p. 85. À la même époque, un régime anonyme évoque les moyens « de se préserver de l’infection d’une maladie pestilentielle contagieuse » (id., « Pestschriften aus den ersten 150 Jahren nach der Epidemie des ‘schwarzen Todes’ 1348. II », AGM, 4, 1911, p. 389-424, ici p. 408). En 1406, on retrouve une définition similaire dans le Collectorium minor de Sigismond Albicus adressé à la faculté de médecine de Prague : « la maladie épidémique est contagieuse et infectieuse » (id., « Pestschriften aus den ersten 150 Jahren… », X, art. cit., p. 125).

92 C’est notamment la position, largement reprise, des maîtres parisiens, qui font de la conjonction de Saturne, Mars et Jupiter dans le signe du Verseau le 20 mars 1345 l’origine de la corruption de l’air. D’autres causes, de types environnemental ou climatique, peuvent également envenimer l’air, de même que des calamités naturelles.

93 Sur cette hiérarchie de causes, voir J. Arrizabalaga, « Facing the Black Death », art. cit. ; D. Jacquart, La médecine médiévale…, op. cit., p. 245-258.

94 Pietro da Tossignano, Consilium pro peste evitanda, op. cit., chap. « Quare moniales et incarcerati non moriuntur ». D’autres auteurs font les mêmes constats : Jean de Tournemire, qui observe que lorsqu’une personne tombe malade dans une maison, beaucoup le sont aussi, ou encore Sigismond Albicus, qui déclare que si parmi des moniales et des prisonniers une personne est infectée, toutes le deviennent (voir K. Sudhoff, « Pestschriften aus den ersten 150 Jahren… », X, art. cit., p. 130).

95 Paris, Bibliothèque nationale de France (ci-après BNF), lat. 7106, fol. 71v.

96 K. Sudhoff, « Pestschriften aus den ersten 150 Jahren… », X, art. cit., p. 159.

97 Id., « Pestschriften aus den ersten 150 Jahren… », IV, art. cit., p. 343.

98 Tommaso del Garbo, « Consiglio contro a pistolenza per maestro Tommaso del Garbo », in Scelta di curiosità letterarie inedite o rare dal secolo xiii al xvii, éd. par P. Ferrato, Bologne, G. Romagnoli, 1866, p. 21.

99 K. Sudhoff, « Pestschriften aus den ersten 150 Jahren… », II, art. cit., p. 399 et 423.

100 Id., « Pestschriften aus den ersten 150 Jahren… », III, art. cit., p. 82. Peut-être l’auteur anonyme s’inspire-t-il ici du Collectorium maius de Sigismond Albicus qui explique le phénomène dans des termes très proches (ibid., 9, 1916, p. 153).

101 Pour Peter Slack (« Introduction », in T. Ranger et P. Slack [dir.], Epidemics and Ideas: Essays on the Historical Perception of Pestilence, Cambridge, Cambridge University Press, 1992, p. 1-21, ici p. 18), « [i]l est toutefois important de souligner que les médecins et les docteurs n’ont joué qu’un rôle limité, voire nul, dans les développements de la santé jusqu’au xvie siècle, et même alors, ils n’étaient que des serviteurs de l’État, donnant des conseils sur son ordre. Leur présence n’était pas un facteur vital : après tout, les médecins avaient servi dans certaines villes de la période antique et du monde byzantin sans inspirer de règlements contre les épidémies. C’est l’administration civique séculière qui en a pris l’initiative, et notre sujet nous conduit donc à la nature de l’activisme corporatiste unique de la ville-État européenne du début de l’époque moderne ». Voir aussi C. M. Cipolla, Public Health…, op. cit. et A. G. Carmichael, « Contagion Theory and Contagion Practice… », art. cit.

102 Voir Vivian Nutton, « Continuity or Rediscovery? The City Physician in Classical Antiquity and Medieval Italy », in A. W. Russel (dir.), The Town and State Physician in Europe from the Middle Ages to the Enlightenment, Wolfenbüttel, Herzog August Bibliothek, 1981, p. 9-46.

103 Giovanni Monticolo (éd.), I capitolari delle Arti Veneziane sottoposte alla giustizia e poi alla giustizia vecchia, dalle origini al mcccxxx, vol. 1, Rome, Forzani, 1896, p. 283.

104 Cité par D. Jacquart, La médecine médiévale…, op. cit., p. 232-233.

105 K. Sudhoff, « Pestschriften aus den ersten 150 Jahren… », IV, art. cit., p. 352-354.

106 Id., « Pestschriften aus den ersten 150 Jahren… », XVIII, art. cit., p. 105.

107 Jacme d’Agramont, Regimen de perservaciò de pestilencia : (Lleida, 1348) (Biblioteca virtual Miguel Cervantes, http://www.cervantesvirtual.com/obra-visor/regiment-de-preservacio-de-pestilencia-lleida-1348--0/html/fefbefdc-82b1-11df-acc7-002185ce6064_22.html).

108 K. Sudhoff, « Pestschriften aus den ersten 150 Jahren… », I, art. cit., p. 209.

109 Id., « Pestschriften aus den ersten 150 Jahren… », IV, art. cit., p. 384.

110 Id., « Pestschriften aus den ersten 150 Jahren… », XI, art. cit., 11, 1918, p. 44-92, ici p. 75.

111 Sur le poids du latin, voir W. Bracke et H. Deumens (dir.), Medical Latin, op. cit. Sur l’emploi des langues vulgaires dans les sciences médiévales, voir William Crossgrove, « The Vernacularization of Science, Medicine, and Technology in Late Medieval Europe: Broadening Our Perspectives », Early Science and Medicine, 5-1, 2000, p. 47-63 ; Riccardo Gualdo (dir.), Le parole della Scienza. Scritture tecniche e scientifiche in volgare, secc. xiii- xv : atti del convegno, Lecce, 16-18 aprile 1999, Galatina, Congedo, 2001 ; D. Jacquart, La médecine médiévale…, op. cit., p. 265-301.

112 Ernest Wickersheimer, La peste noire à Strasbourg et le « régime » des cinq médecins strasbourgeois, Anvers, impr. de De Vlijt, 1923, p. 54-60.

113 Albert Pagart d’Hermansart, Une ordonnance médicale contre la peste, vers 1400, Saint-Omer, impr. de H. d’Homont, 1901.

114 La version en vulgaire fut éditée en 1478 et la traduction latine vers 1480.

115 Sur la tradition manuscrite complexe, voir Lister M. Matheson, « Médecin sans Frontières? The European Dissemination of John of Burgundy’s Plague Treatise », ANQ: A Quarterly Journal of Short Articles, Notes and Reviews, 18-1, 2005, p. 19-30.

116 Riccardo Simonini, « Il codice di Mariano di Ser Jacopo sopra rimedi abili nel tempo di pestilenza », Bollettino dell’Istituto storico italiano dell’arte sanitaria, 9, 1929, p. 162-164.

117 Michele Savonarola, I trattati in volgare…, op. cit., p. 15.

118 Karl Sudhoff, « Pestschriften aus den ersten 150 Jahren… », III, AGM, 5, 1911, p. 36-87, ici p. 62.

119 Diverses copies du régime de Jean de Bourgogne, qui eut un grand succès outre-Manche, étaient propriété d’institutions religieuses (L. M. Matheson, « Médecin sans Frontières? », art. cit., p. 27-28).

120 Outre des régimes anonymes et sa propre production, il possède les conseils de Bartolomeo Santasofia et Stefano Dottori, les traités d’Antonio Guaineri et Thibaut Loneti en deux exemplaires (Richard Stauber, Die Schedelsche Bibliothek : ein Beitrag zur Geschichte der Ausbreitung der italienischen Renaissance, des deutschen Humanismus und der medizinischen Literatur, Fribourg-en-Brisgau, Herder, 1908).

121 Paris, BNF, nafr. 4515, copié en 1371.

122 Par exemple, Cité du Vatican, BAV, Pal. lat. 1205, Pal. lat. 1231 ; Florence, Bib. Riccardiana, mss. 1246 et 2175 ; Londres, Wellcome Institute of the History of Medicine, ms. 549 ; Montpellier, BU Médecine, H 490 ; Munich, Bayerische Staatsbibliothek, Cgm 490, Clm 353 et 7744 ; Naples, Bibl. Nazionale Vittorio Emanuelle III, ms. VIII D35 ; Paris, BNF, nal. 687, etc.

123 Le premier contient notamment un De epidemia (fol. 69r-71r), des Receptae contra pestem (fol. 75v-77r), le texte de Jean Le Lièvre (fol. 71v-72v) et une Pulvis contra pestem de Martial d’Auvergne (fol. 77v) ; le second, le Tractatus de pestilentia de Jean Jacme (fol. 63v-67r), le De pestilentia de Jean de Tournemire (fol. 66v-67r), un Tractatus de febri pestilentiali (fol. 69v-80v), le De epidemia de Jean de Bourgogne (fol. 128r-129v) et le Compendium de epidemia de Johannes Weslariensis (fol. 216r-[235v]).

124 Sylvie Bazin-Tacchella, « Rupture et continuité du discours médical à travers les écrits sur la peste de 1348 », in S. Bazin-Tacchella, D. Quéruel et É. Samama (dir.), Air, miasmes et contagion, op. cit., p. 105-156 ; D. Jacquart, La médecine médiévale…, op. cit., p. 258-260.

125 Marilyn Nicoud, Le prince et les médecins. Pensée et pratiques médicales à Milan, 1402-1476, Rome, École française de Rome, 2014, p. 568-572 et 581-582.

126 Lluís Alcanyís, Regiment preservatiu e curatiu de la pestilència, éd. par J. Arrizabalaga, Barcelone, Editorial Barcino, 2008.

127 Giovanni di Pagolo Morelli, Ricordi, éd. par V. Branca, Florence, Le Monnier, 1956, p. 296-300.

128 Voir note 15.

129 Alberto Chiappelli, « Gli Ordinamenti sanitari del Comune di Pistoia contro la pestilenza del 1348 », Archivio storico italiano, 20-160, 1887, p. 3-24.

130 Un texte anonyme, dans un manuscrit du début du xve siècle, recommande d’attendre un ou deux ans avant de vendre les affaires des morts de la peste (et de le faire hors de la ville) après avoir vu en Allemagne deux enfants morts après avoir touché les effets d’une défunte (K. Sudhoff, « Pestschriften aus den ersten 150 Jahren… », II, art. cit., p. 422).

131 Mariano di ser Iacopo déclare bon et utile de murer ou d’enfermer les pestiférés dans leurs maisons afin d’éviter que le venin ne corrompe la ville.

132 Sur les liens entre le Décaméron et la littérature médicale en temps de peste, voir Marga Cottino-Jones, « Boccaccio e la scienza », in Letteratura e scienza nella storia della cultura italiana : Atti del IX congresso dell’Associazione internazionale per gli studi di lingua e letteratura italiana, Palerme, Manfredi, 1978, p. 356-370 ; Glending Olson, Literature as Recreation in the Later Middle Ages, Ithaca/Londres, Cornell University Press, 1982, chap. 5 ; Shona Kelly Wray, « Boccaccio and the Doctors: Medicine and Compassion in the Face of Plague », Journal of Medieval History, 30-3, 2004, p. 301-322 ; Anne Robin, « Boccace et les médecins du Décaméron », Chroniques italiennes, 19-1, 2011, p. 1-19.

133 A. Chiappelli, « Gli ordinamenti sanitari… », art. cit., p. 11 ; Difesa della sanità a Venezia, secoli xiii- xix : catalogo dell’esposizione 23 giugno-30 sett. 1979, Venise, Ministero per i beni culturali e ambientali e dell’Archivio di Stato di Venezia, 1979, p. 26 n. 32, 7 août 1348.

134 Carol Lansing, Passion and Order: Restraint of Grief in the Medieval Italian Communes, Ithaca, Cornell University Press, 2008.

135 Gentile da Foligno, Consilia, op. cit., fol. 76vb.

136 On citera, pour le xive siècle, les œuvres de Maino de Maineri, Cardo Spanzoti, Giovanni Dondi, Pietro da Tossignano et, pour le xve siècle, celles de Giovanni Vesalia, Antonio Guaineri, Benedetto Reguardati et Giovanni Matteo Ferrari.

137 Sur les incitations à fuir, voir J. Aberth, Doctoring the Black Death, op. cit., p. 207-221.

138 Michele Savonarola, I trattati in volgare…, op. cit., p. 4.

139 Pour Orvieto, voir Élisabeth Carpentier, Une ville devant la peste. Orvieto et la peste noire de 1348, Bruxelles, De Boeck Université, [1962] 1993, p. 248 ; Carlo Maria Cipolla, « A Plague Doctor », in H. A. Miskimin, D. Herlihy et A. L. Udovitch (dir.), The Medieval City, New Haven, Yale University Press, 1977, p. 65-72.

140 K. Sudhoff, « Pestschriften aus den ersten 150 Jahren… », III, art. cit., p. 87.

141 Le contrat que Saladin d’Ascoli, auteur d’un régime de peste, passe avec la ville de Bitonto en 1456 lui interdit de partir en cas d’épidémie. Ces clauses sont généralement toujours présentes.

142 Cité par Katharine Park, Doctors and Medicine in Early Renaissance Florence, Princeton, Princeton University Press, 1985, p. 83.

143 Shona Kelly Wray, Communities and Crisis: Bologna during the Black Death, Leyde, Brill, 2009, p. 171-176.

144 Joseph Shatzmiller, Médecine et justice en Provence médiévale. Documents de Manosque, 1262-1348, Aix-en-Provence, Presses de l’Université de Provence, 1989 ; Joël Chandelier et Marilyn Nicoud, « Entre droit et médecine : les origines de la médecine légale en Italie (xiiie-xive siècles) », in J. Chandelier et A. Robert (dir.), Les frontières des savoirs en Italie à l’époque des premières universités, xiiie- xve siècles, Rome, École française de Rome, 2015, p. 233-293.

145 K. Park, Doctors and Medicine…, op. cit., p. 4 et 97.

146 G. Albini, Guerra, fame et peste, op. cit. ; A. G. Carmichael, « Epidemics and State Medicine… », art. cit. ; M. Nicoud, Le prince et les médecins, op. cit., p. 383-471.

147 Voir note 75 ; Johan Picot, « La Purge : une expertise juridico-médicale de la lèpre en Auvergne au Moyen Âge », Revue historique, 314-2, 2012, p. 291-321.

148 À Florence, ce sont les fossoyeurs qui indiquent d’un « P » la présence de la peste (voir Ann G. Carmichael, Plague and the Poor in Renaissance Florence, Cambridge, Cambridge University Press, 1986).

149 Expression utilisée par Andrew Wear, Knowledge and Practice in English Medicine, 1550-1680, Cambridge, Cambridge University Press, 2000, p. 155. Sur cette perception d’une littérature où rien ne change et qui ne sert à rien, voir Philip Ziegler, The Black Death, New York, Harper & Row, 1971, p. 68 et 75 ; Giorgio Cosmacini, Storia della medicina e della sanità in Italia. Dalla peste europea alla guerra mondiale, 1348-1918, Rome, Laterza, 1987, p. 94 ; Irma Naso, « Les hommes et les épidémies dans l’Italie de la fin du Moyen Âge : les réactions et les moyens de défense entre peur et méfiance », in N. Bulst et R. Delort (dir.), Maladies et société…, op. cit., p. 307-326 ; Laurence Brockliss et Colin Jones, The Medical World of Early Modern France, Oxford, Clarendon Press, 1997, p. 67 ; Ann G. Carmichael, « The Last Past Plague: The Uses of Memory in Renaissance Epidemics », Journal of the History of Medicine and Allied Sciences, 53-2, 1998, p. 132-160.

150 Pour un examen sur la longue durée de cette littérature, voir J. Coste, Représentations et comportements en temps d’épidémie…, op. cit. ; sur ces évolutions, voir Gianna Pomata, « Observation Rising: Birth of an Epistemic Genre, ca. 1500-1650 », in L. Daston et E. Lunbeck (dir.), Histories of Scientific Observation, Chicago, The University of Chicago Press, 2011, p. 45-80 ; ead., « Sharing Cases: The Observationes in Early Modern Medicine », Early Science and Medicine, 15-3, 2010, p. 193-236.

151 Samuel K. Cohn, Cultures of Plague: Medical Thinking at the End of the Renaissance, Oxford, Oxford University Press, 2010, p. 5.

152 Voir Chiara Crisciani, « History, Novelty, and Progress in Scholastic Medicine » et Danielle Jacquart, « Theory, Everyday Practice, and Three Fifteenth-Century Physicians », Osiris, 6, 1990, respectivement p. 118-139 et 140-160.

153 K. Sudhoff, « Pestschriften aus den ersten 150 Jahren… », III, art. cit., p. 69.

154 Cité du Vatican, BAV, Pal. lat. 1147, fol. 121v.

155 Danielle Jacquart, « Le difficile pronostic de mort (xive-xve siècles) », Médiévales, 46, 2004, p. 11-22 ; Laetitia Loviconi, Le diagnostic différentiel au Moyen Âge. Distinguer les maladies d’apparence voisine, Paris, Classiques Garnier, 2020.

156 K. Sudhoff, « Pestschriften aus den ersten 150 Jahren… », III, art. cit., p. 48.

157 L. Demaitre, Leprosy in Premodern Medicine, op. cit., p. 240-277 ; Darrel W. Amundsen, « Medical Deontology and Pestilential Disease in the Late Middle Ages », Journal of the History of Medicine and Allied Sciences, 32-4, 1977, p. 403-421.

158 En 1399, le studium, sur décision ducale, s’installe à Plaisance. Voir Dean Putnam Lockwood, Ugo Benzi: Medical Philosopher and Physician, 1376-1439, Chicago, The University of Chicago Press, 1951.

159 Gentile da Foligno, Consilia, op. cit., fol. 76rb.

160 Tommaso del Garbo, « Consiglio contro a pistolenza… », op. cit., p. 22.

161 K. Sudhoff, « Pestschriften aus den ersten 150 Jahren… », XVIII, art. cit., p. 25 et 31.

162 Florence, Bibl. Riccardiana, ms. 854, fol. 130r-v, « Observandum ubi contingerit visitare pestilencium ».

163 Karl Sudhoff, « Pestschriften aus den ersten 150 Jahren nach der Epidemie des ‘schwarzen Todes’ 1348. XVII. Weitere Pesttraktate aus Italien bis zum Ende des 15. Jahrhunderts », AGM, 16, 1925, p. 77-188, ici p. 104.

164 Vendôme, Bibl. municipale, ms. 245, fol. 133rb-135ra ; Ugo Benzi, Consilia ad diversas aegritudinibus, Pavie, Franciscus de Nebiis, [1499], no 94. Par « choses non naturelles », la médecine antique et médiévale entend des facteurs physiologiques, psychologiques et environnementaux qui influent sur la santé des individus.

165 Si un seul exemplaire du régime de Jacme d’Agramont a été conservé, le Compendium des maîtres parisiens figure parmi les plus copiés et fut traduit en français.

166 Guy de Chauliac, Inventarium…, op. cit., p. 118.

167 Dans son étude sur Florence, K. Park (Doctors and Medicine…, op. cit., p. 47-84) a montré que le manque de médecins a conduit à des autorisations à pratiquer pour des femmes et des empiriques.

168 Pour un examen détaillé des procédés préventifs et thérapeutiques, voir J. Aberth, Doctoring the Black Death, op. cit., chap. 3 et 4. Certains auteurs notent aussi un usage, toutefois encadré par la théorie médicale, de procédés alchimiques et empiriques. Voir Chiara Crisciani et Monica Pereira, « Black Death and Golden Remedies: Some Remarks on Alchemy and the Plague », in A. Paravicini Bagliani et F. Santi (dir.), The Regulation of Evil: Social and Cultural Attitudes to Epidemics in the Late Middle Ages, Florence, SISMEL-Edizioni del Galluzzo, 1998, p. 7-39 ; Nicolas Weill-Parot, « La rationalité médicale à l’épreuve de la peste : médecine, astrologie et magie (1348-1500) », Médiévales, 46, 2004, p. 73-88.

169 K. Sudhoff, « Pestschriften aus den ersten 150 Jahren… », IV, art. cit., p. 363.

170 Id., « Pestschriften aus den ersten 150 Jahren… », III, art. cit., p. 67 et 69.

171 Id., « Pestschriften aus den ersten 150 Jahren… », XVIII, art. cit., p. 58-59.

172 Id., « Pestschriften aus den ersten 150 Jahren nach der Epidemie des ‘schwarzen Todes’ 1348. XVI. Pestraktate aus Südwestdeutschland und der Schweiz », AGM, 16, 1924, p. 1-69, ici p. 45.

173 Id., « Pestschriften aus den ersten 150 Jahren… », XVIII, art. cit., p. 112-113.

174 Id., « Pestschriften aus den ersten150 Jahren… », XII, art. cit., p. 155.

175 Antonio Guaineri, Opus preclarum ad praxim non mediocriter necessarium : De peste, op. cit., fol. 232ra.

176 Munich, Bayerische Staatsbibliothek, Clm 13, fol. 214va. Le manuscrit est daté des années 1464-1472.

177 K. Sudhoff, « Pestschriften aus den ersten 150 Jahren… », XVIII, art. cit., p. 54-55 et 63-64.

178 G. Geltner, « The Path to Pistoia… », art. cit.

179 Janna Coomans et Guy Geltner, « On the Street and in the Bathhouse: Medieval Galenism in Action? », Anuario de estudios medievales, 43-1, 2013, p. 53-82.

180 Sur cette notion, voir Michel Foucault, Histoire de la sexualité, vol. 3, Le souci de soi, Paris, Gallimard, 1984.

181 Au sein d’une bibliographie pléthorique sur la santé publique, pour une approche historique, outre C. M. Cipolla, Public Health…, op. cit., voir Michel Foucault, « La politique de santé au xviiie siècle » [1976], in Dits et écrits, 1954-1979, vol. 3, 1976-1979, éd. par D. Defert et F. Ewald, Paris, Gallimard, 1994, p. 13-27 ; Dorothy Porter, Health, Civilization and the State: A History of Public Health from Ancient to Modern Times, Londres, Routledge, 1999 ; sur l’usage du concept d’expertise, voir M. Nicoud, « Faut-il historiciser l’expertise ? », art. cit.