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Désobéissance civile et libéralisme

Published online by Cambridge University Press:  24 June 2013

Manuel Cervera-Marzal*
Affiliation:
Université libre de Bruxelles/Université Paris Diderot
*
Manuel Cervera-Marzal, 19 rue de Montyon, 75009 Paris, France. Email : manuelcerveramarzal@gmail.com

Abstract

Résumé. Des citoyens peuvent-ils désobéir à la loi, pourtant issue de la volonté majoritaire et de la décision du Parlement légitimement élu, au seul motif qu'elle leur semble injuste ? Face à la pensée conservatrice, tenante de l'ordre établi et réfractaire à la moindre transgression (« mieux vaut une injustice qu'un désordre »), la philosophie libérale contemporaine a fourni une défense de la légitimité démocratique de la désobéissance civile. Cependant, les justifications rawlsienne et habermassienne de la désobéissance civile semblent bien timorées dès qu'on accepte de les comparer à la pensée politique des activistes désobéissants eux-mêmes, à savoir Gandhi, Martin Luther King et Howard Zinn. Cette « pensée désobéissante » méconnue, voire occultée, vient révéler les insuffisances et les présupposés de la conception libérale de la désobéissance civile.

Abstract. Can citizens disobey the law, which comes from the will of the majority and the decision of the legitimately elected Parliament, merely because it seems to them unjust? Opposing conservative thought, which defends the established order and condemns any transgression, contemporary liberal thought has provided a defense of the democratic legitimacy of civil disobedience. However, the Rawlsian and Habermasian justifications of civil disobedience seem rather weak when compared to the political thought of disobedient activists themselves, namely Gandhi, Martin Luther King Jr. and Howard Zinn. This overlooked “disobedient thought” reveals the shortcomings and assumptions of the liberal concept of civil disobedience.

Type
Research Article
Copyright
Copyright © Canadian Political Science Association 2013 

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