Mise au pointMise au point sur la leptospiroseUpdate on leptospirosis
Introduction
La leptospirose est une zoonose bactérienne de répartition mondiale. Elle a longtemps été désignée par plusieurs entités qui dessinent son spectre clinique : « fièvre des marécages », « fièvre d’automne », « fièvre des rats », « jaunisse hémorragique ». Sa première description clinique remonte à 1886 par Adolf Weil un médecin allemand qui a légué son nom à la forme sévère de la pathologie. Les travaux d’isolement de la bactérie responsable de la pathologie ont été publiés pour la première fois en 1915 au Japon par Inada et al. [1]. L’intérêt porté à la leptospirose est régulièrement stimulé par des épidémies survenant au cours d’événements sportifs [2], ou de catastrophes naturelles principalement inondations et cyclones [3], [4]. À l’échelon mondial ainsi qu’en France son incidence est en augmentation ces dernières années [5], [6]. Sa présentation est très variable en termes de signes cliniques et de gravité. Il existe de nombreux diagnostics différentiels qui peuvent, en l’absence d’exposition identifiée au risque de leptospirose, induire le clinicien en erreur et entraîner un retard thérapeutique potentiellement préjudiciable [7]. L’objectif de cette mise au point est de décrire brièvement l’épidémiologie, l’histoire naturelle, la physiopathologie, la présentation clinico-biologique, les méthodes diagnostiques, la prise en charge et les dernières avancées de la recherche dans le domaine.
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Taxonomie
La leptospirose est une infection liée à une bactérie du genre Leptospira spp. appartenant à l’ordre des spirochètes. L’identification de l’espèce et la classification repose désormais sur une analyse phylogénétique des séquences d’ADN ribosomal. Parmi ces espèces certaines sont saprophytes et sont retrouvées uniquement dans l’environnement sans infecter d’hôte animal (ex. L. biflexa). D’autres espèces sont considérées comme pathogènes (ou intermédiaires) et peuvent infecter des animaux y
Physiopathologie
Après avoir pénétré l’organisme par les muqueuses ou la peau lésée, les bactéries interagissent avec l’hôte via de nombreuses adhésines [19] pour entraîner rapidement une bactériémie. L’échappement au système immunitaire repose notamment sur la capacité des leptospires à résister à l’action des cellules phagocytaires [19] et à la neutralisation de l’action du complément [20]. Après pénétration de la paroi vasculaire les leptospires diffusent de façon hématogène à l’ensemble de l’organisme et
Mondiale
La leptospirose est présente dans toutes les régions du monde ce qui en fait la zoonose la plus répandue. Une publication récente rapporte des taux d’incidence annuelle de 1 million de cas (IC95 % : 434 000–1 750 000) avec une mortalité estimée autour de 60 000 patients (IC95 % : 23 800–95 900) par an dans le monde. En fonction des séries la mortalité est comprise entre 5 % et 20 % des cas. L’incidence est en augmentation partout au cours des dernières années et la maladie reste probablement
Présentation
L’une des particularités de la leptospirose est le caractère protéiforme de sa présentation clinique qui fait toute la difficulté de son diagnostic notamment en zone tropicale où coexistent souvent de nombreux diagnostics différentiels. Face à une fièvre aiguë avec douleurs diffuses évoquant un syndrome grippal sans signe focal évident, de nombreux diagnostics sont à évoquer principalement la dengue et le paludisme et dans une moindre mesure d’autres arboviroses, les rickettsioses, la
Évolution
L’évolution a classiquement été décrite comme biphasique comportant une phase pseudo-grippale anictérique d’une semaine (bactériémique) résolutive ou évoluant après 2–3 j sans symptômes vers une seconde phase symptomatique (immunologique) avec survenue de formes ictérique voire ictérohémorragique (10–15 % des patients) ou parfois marquée par une ré-ascension fébrile avec reprise des céphalées et des manifestations immunitaires comme les méningites aseptiques et les uvéites. Toutefois la
Direct
La mise en évidence des spirochètes dans le sang, le liquide céphalorachidien (LCR) ou l’urine du patient nécessite un examen direct au microscope à fond noir ou à contraste de phase, rarement effectué en pratique courante. Les leptospires sont des bactéries aérobies strictes de croissance lente dont la température de croissance idéale est de 30 °C. Il est nécessaire d’attendre plusieurs semaines pour obtenir une culture positive [9]. En pratique la culture n’est plus d’actualité en diagnostic
Traitement antibiotique
De façon surprenante, une méta-analyse précise que le traitement antibiotique n’a pas fait sa preuve dans la diminution de la mortalité au cours de la leptospirose [46]. Néanmoins certains auteurs ont retrouvé qu’un délai augmenté avant l’antibiothérapie était un facteur de risque de mortalité suggérant que l’antibiothérapie au cours de la leptospirose était d’autant plus bénéfique qu’elle était administrée précocement [47], [48].
Les études in vitro suggèrent une grande sensibilité de
Conclusion
La leptospirose est une zoonose ubiquitaire d’importance croissante dans le monde entier dont la France et est responsable d’une morbi-mortalité qui reste majeure dans certaines zones notamment tropicales. Il est donc primordial de savoir évoquer le diagnostic en cherchant les arguments d’exposition chez un patient présentant un syndrome fébrile aigu avec douleurs diffuses que ce soit en France métropolitaine ou au retour de voyage hors métropole (arguments résumés dans le Tableau 1). Les
Déclaration de liens d’intérêts
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
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