Revue généraleAnorexie mentale, activité physique et nutrition : quelles potentialisations ?Anorexia nervosa, physical activity and nutrition: What potentiation?
Introduction
L’anorexie mentale (AM) est une entité clinique qui se manifeste sous la forme d’une combinaison de symptômes somatiques et psychiques. Selon l’angle sous lequel on la regarde, les modèles étiopathogéniques développés peuvent prendre un aspect très variable. La position actuellement la plus consensuelle voit dans ce trouble l’incarnation de difficultés psychologiques, pour des raisons restantes à ce jour hypothétiques [1], [2].
Si l’on base la description clinique sur les critères de recherche les plus utilisés en psychiatrie, ceux de l’American Psychiatric Association [3] (critères du DSM-IV-R puis du DSM 5), on adopte une position diagnostique transversale à un temps t, purement centrée sur un ensemble de symptômes physiques et psychologiques limités aux trois derniers mois. Ce tableau symptomatique associe, avec une intensité variable pour chaque type de symptômes, le refus de maintenir un poids normal, une peur intense de prendre du poids ou de devenir gros, des perturbations de la perception de soi (au niveau corporel et de l’estime de soi) et une aménorrhée (exclue dans la dernière version de ces critères). On décrit classiquement deux formes, l’une restrictive (pas de vomissements provoqués ou d’usage abusif de laxatifs, diurétiques, ou lavements) et l’autre associant des comportements boulimiques ou les comportements sus cités.
Par ailleurs, cette définition en quatre ou cinq points de l’AM, bien qu’elle soit utile à la recherche, est bien trop réductrice en clinique. Tout d’abord, elle n’intègre pas un cortège symptomatique associé et très fréquent comme l’anxiété, la dépression, les obsessions compulsions, les symptômes alimentaires, les symptômes somatiques et psychiques consécutifs à la dénutrition [2], [4] ou encore l’hyperactivité.
Enfin, cette définition n’intègre pas les notions développementales temporelles indispensables pour comprendre l’évolution des difficultés présentées par les personnes souffrantes de ce trouble. La présentation clinique de l’AM se modifie au cours du temps chez un même sujet. Par exemple, les deux versants, restrictifs et boulimiques, peuvent se succéder voire s’alterner dans le temps ou non chez un même individu ; des attitudes initialement volontaires et sous le contrôle du sujet (se restreindre sur le plan alimentaire, être actif pour perdre du poids) vont progressivement s’automatiser et ne plus être contrôlées par le sujet.
Au fil de l’évolution, l’état nutritionnel et l’activité physique (AP) vont interagir, et impacter l’évolution voire le pronostic. Ainsi, plus l’indice de masse corporelle minimal atteint au cours de l’évolution est bas, pire est le pronostic [5]. L’AP chez ces sujets dénutris peut être incroyablement importante, délétère et compromettre la renutrition et donc le pronostic [6].
On parle bien souvent d’hyperactivité dans l’AM, de compulsion, de dépendance à l’AP, d’« exercice poussé », d’« agitation motrice », de « sur-exercice », de « suractivité » [7]. Est-il légitime d’utiliser l’un ou l’autre de ces termes? Quels impacts ont-ils sur l’évolution ou notre compréhension des troubles ? Quelle place faire à l’AP en clinique ? Comment la prendre en compte dans les soins aux cours de l’évolution ?
Pour essayer de répondre à ces questions, nous allons faire un détour en population générale pour caractériser ce qu’est l’AP normale ou pathologique et définir les termes utilisés, puis nous envisagerons la question de l’AP chez les sujets souffrant d’AM et enfin, nous proposerons quelques pistes pour le traitement.
Section snippets
Activité physique en population générale
En population générale, la pratique régulière d’une AP est ordinairement envisagée dans la perspective des conséquences favorables qui peuvent en résulter. Ainsi le Programme national nutrition et santé (PNNS) recommande une demi-heure par jour d’AP (marche rapide par exemple), comme activité optimum pour la santé [8]. Ces conséquences comprennent à la fois des améliorations psychologiques et physiques [9], [10]. Selon Norman et al. [11], l’AP régulière est reconnue comme un élément clé d’un
Hyperactivité dans l’anorexie mentale
Il est décrit dans la littérature qu’il existe fréquemment une hyperactivité dans l’AM, classiquement entre 30 % et 75 % des cas [7]. Cette amplitude de fréquence s’explique par des définitions tout aussi variables que les critères et les méthodes d’évaluation. Sous le terme d’hyperactivité se cachent des notions multiples : l’AP des patients AM est excessive en quantité (durée), en intensité et en fréquence, surtout compte tenu de leur état de dénutrition [24]. Classiquement, une AP est
Gestion de l’hyperactivité chez des patients ayant des troubles alimentaires
À notre connaissance, la littérature sur des approches thérapeutiques claires et précises pour la gestion de l’hyperactivité chez les patients ayant un TCA est très limitée [49].
Selon les recommandations de prise en charge, les soins de l’hyperactivité au cours de l’AM doivent combiner initialement une aide à prendre conscience de ces symptômes (mouvements de gymnastique, station debout prolongée, déplacements incessants) et de leur caractère directement associé au TCA. Ceci permettrait de
Place de l’AP au cours des soins dans l’AM
Longtemps on a privilégié le sevrage total d’AP dans l’AM surtout en hospitalisation. Zschucke et al. [54], dans une revue sur l’effet de l’exercice et l’AP comme traitement d’appoint dans plusieurs troubles mentaux, y compris l’anxiété, le trouble obsessionnel compulsif, affectif, l’abus de substances et les troubles alimentaires, ont suggéré que l’exercice pourrait être une intervention prometteuse et rentable (notamment pour l’état dépressif majeur et l’anxiété). Or, anxiété et dépression
Conclusion
La question du lien entre AP, nutrition et AM est cruciale pour la prise en charge des patients avec AM, à la fois pour optimiser les soins et l’alliance des patients. Elle nécessite de plus amples investigations de recherche pour développer des programmes de soins complémentaires performants.
Déclaration d’intérêts
Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.
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Abstract - Muscle dysmorphia and problematic physical activity in a population of student athletes. The role of alexithymia and self-efficacy in eating and the body.
2024, Movement and Sports Sciences - Science et MotriciteHigh-intensity exercise is associated with a better nutritional status in anorexia nervosa
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