Introduction
La sarcoïdose est une affection systémique d'étiologie inconnue, touchant avec prédilection l'appareil respiratoire et les voies lymphatiques, et caractérisée par la formation de granulomes immunitaires dans les organes atteints.1., 2., 3. La sarcoïdose est une maladie ubiquitaire non exceptionnelle, observée à un moment donné chez 0,85 à 2,4 % des individus, le plus souvent entre 25 et 45 ans.4., 5. Le phénotype clinique de la sarcoïdose est très divers, avec de nombreuses variantes concernant le mode de révélation, les organes atteints, la durée d'évolution et la sévérité.6., 7. La sphère thoracique est presque constamment atteinte, comme le démontre la radiographie de thorax qui révèle la présence d'adénopathies et/ou d'une infiltration pulmonaire diffuse dans 86 à 92 % des cas.1., 2., 6., 8. Les autres atteintes viscérales les plus fréquentes sont ganglionnaires superficielles, cutanées et ophtalmologiques, chacune avec une fréquence entre 15 et 25 %. Dans plus de la moitié des cas, l'évolution est spontanément favorable dans un délai de 12 à 36 mois.6., 8. Cependant, la sarcoïdose peut être sévère et ce par plusieurs mécanismes : localisation des lésions granulomateuses dans un site anatomique très vulnérable (faisceau de His, nerf optique, système nerveux central, larynx, etc.), intensité de l'atteinte granulomateuse dans certains organes aboutissant à une perte fonctionnelle (insuffisance respiratoire par exemple) et surtout fibrose pulmonaire, principale cause de morbidité et de mortalité en Europe et en Amérique du Nord.6., 9., 10. La sarcoïdose constitue aussi une cause d'hypercalcémie dans 5 % des cas en raison d'une anomalie du métabolisme de la vitamine D3 au sein des lésions granulomateuses.11
La sarcoïdose est caractérisée par une réaction immunitaire incontrôlée à des antigènes non encore identifiés, lentement biodégradables.3., 11. L'incidence et le phénotype clinique de la maladie dépendent de facteurs génétiques prédisposants.12., 13. Le profil immunitaire des lésions granulomateuses14 est orienté vers un profil Th1 et de nombreux éléments plaident pour un rôle déterminant de la production en leur sein d'interféron (IFN) γ, d'interleukine (IL) 2 et de tumor necrosis factor (TNF) α.3
Malgré l'absence d'individualisation d'une cause, plusieurs médicaments, au premier rang desquels la corticothérapie générale, ont démontré leur efficacité pour contrôler les lésions granulomateuses et leurs conséquences.6 On s'accorde à penser que l'impact d'action de la plupart de ces médicaments passe par un effet anti-TNFα.15 Les indications et les modalités du traitement dépendent du phénotype clinique et des enjeux pronostiques à long terme.