Aspect thérapeutique
La prescription de psychotropes : une question posée à la parentalitéPsychotropic drugs prescription: a question for parenthood

https://doi.org/10.1016/S0222-9617(03)00055-2Get rights and content

Résumé

À partir de la présentation clinique d’un enfant de 10 ans pris en charge dans un centre thérapeutique de jour, les auteurs se proposent de tenter de rapporter ce qui s’est joué et rejoué dans les entretiens de famille autour de la prescription d’un traitement médicamenteux pour l’enfant. La mère s’interrogeait de longue date sur l’existence d’un lien entre sa prise de benzodiazépines pendant sa grossesse et les troubles du comportement et de la personnalité de son fils. Ayant été elle-même une enfant turbulente et difficile, elle a construit toute une théorie sur la transmission intergénérationnelle des tempéraments. Cette présentation clinique est l’occasion de réfléchir aux différentes significations que peuvent prendre pour l’enfant et ses parents la proposition d’une médication. À la condition de se montrer attentif au « polysémisme » possible de toute prescription, la médication se révèlera souvent bénéfique pour l’enfant (et pour sa famille) et loin de court-circuiter la réflexion psychodynamique telle que nous la concevons en centre thérapeutique de jour, elle pourra même l’enrichir.

Abstract

From a clinical presentation of a 10 years old child, with a follow up in a Therapeutic Day Center, the authors tried to clarify what has been “played out” around the drug prescription for this child during the family consultations. For a long time, the mother wondered if there were a link between the benzodiazepine treatment she took during her pregnancy and the conduct and personality disorders of her son. Having herself a turbulent and a difficult childhood, she built up a theory on the intergenerational transmission of temperaments. This clinical presentation is the occasion for thinking about the different significations a drug prescription could take for the child and his parents. If we keep an eye on the implications of every drug prescription, medication would often be a benefit to the child (and his family), enriching our reflexion without contradicting the psychodynamic work as defined in our Therapeutic Day Center.

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Présentation clinique

Jean est adressé à l’âge de 6 ans à la consultation du service universitaire de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent (Supea) par son pédiatre en raison de troubles du comportement et de l’attention rendant sa scolarisation problématique. C’est un enfant qui ne tient pas en place, il est malhabile et brusque dans ses activités manuelles, trébuchant à tout moment. Sur le plan relationnel, son contact s’avère extrêmement difficile et désordonné avec ses pairs, il ne tolère aucune limite

Histoire d’une prescription

La famille a saisi très favorablement la « perche médication » comme un moyen susceptible d’améliorer les résultats scolaires de l’enfant au cours de sa dernière année au CTJE. Afin de discuter de ce traitement (méthylphénidate), la psychologue institutionnelle qui suivait la famille a invité le médecin assistant à participer aux entretiens où cette question devait être abordée. Voici en guise de fil rouge, les phrases clés du discours parental et de celui de Jean, mêlées à la réflexion du «

Discussion

La prescription d’un psychotrope a été pour cette mère et dans une moindre mesure, ce père une réelle question posée à leur parentalité. La médication a mis en lumière, comme grossi à la loupe, les modalités d’interaction mère– (père)–fils et a interrogé directement les mythes étiologiques des parents quant aux troubles de Jean. À savoir, la prise de médicaments de la mère pendant la grossesse et l’hérédité : cette génétique qui s’est transmise du grand-père à la mère puis de la mère à son

Conclusion

R. Cahn [4] concluait sa réflexion sur la prescription médicamenteuse en hôpital de jour par ces mots : « Tout acte de prescription, comme ses effets, peut revêtir les significations les plus inattendues. Tout le problème est d’éviter autant le Charybde du soupçon systématique quant aux sens inconscients de tout acte médical et le risque alors d’une abstention dommageable au patient, et le Scylla du déni ou du refus de toute interrogation sur la signification d’un tel type de prescription, au

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Cited by (0)

Communication présentée lors du troisième congrès de l’Association européenne de psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent, 2 juin 2001, Lisbonne, Portugal.

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